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Prison avec sursis et exclusion de la diplomatie requises contre l'ex-ambassadeur Boillon

23 mai 2017, 19:44

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Prison avec sursis et exclusion de la diplomatie requises contre l'ex-ambassadeur Boillon

 

La justice française a requis mardi 18 mois de prison avec sursis et l'interdiction pour cinq ans de toute activité dans la fonction publique contre l'ancien ambassadeur Boris Boillon, jugé pour avoir transporté clandestinement 400 000 euros d'argent liquide.

Le parquet du tribunal correctionnel de Paris a aussi demandé la confiscation de la totalité de l'agent saisi sur l'ancien conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy lors d'un contrôle douanier à la gare du Nord à Paris le 31 juillet 2013.

Le procureur Nicolas Baïetto a fustigé "l'arrogance" de l'ancien ambassadeur de France en Irak et en Tunisie, un pays où il s'était fait remarquer pour des maladresses, et qui a vu dans l'action des douaniers et des enquêteurs un "acharnement" ou un "complot" contre lui, n'exprimant à l'audience que des «

«Où est le scandale d'Etat quand on découvre des sommes transportées de manière illicite? Le scandale est dans le fait que M. Boillon, aujourd'hui encore, a beaucoup de peine à intégrer la notion de conflit d'intérêt», a martelé le procureur.

«Je vous demande de lui interdire de reprendre des activités diplomatiques», a demandé le procureur, soulignant «l'incompatibilité totale» entre les faits reprochés et la nécessaire   «probité des représentants de l'Etat».

A 47 ans, le muscle saillant sous le costume ajusté, M. Boillon comparaît pour défaut de déclaration - la loi impose de déclarer tout transport d'espèces de plus de 10 000 euros dans l'Union européenne -, faux et usage de faux, blanchiment de fraude fiscale et abus de biens sociaux. 

Celui qui avait posé dans un magazine people sous le titre «James Bond de la diplomatie», encourait jusqu'à cinq ans de prison.

Le parquet a aussi demandé au tribunal de faire droit aux demandes de l'administration fiscale, qui a réclamé une amende équivalente à un quart de la somme saisie, soit 95 036 euros, et 50 000 euros au titre de l'impôt sur le revenu. Il a également requis une interdiction de gérer une société pendant cinq ans.

Combatif, l'ancien ambassadeur, arabisant confirmé, a expliqué à l'audience qu'il se trouvait alors en "apesanteur" entre l'Irak, où il avait lancé une activité de conseil, et la France.

Il a dit avoir gagné cette somme en jouant les intermédiaires pour une société irakienne, en particulier dans un grand projet de travaux publics - autour duquel flotte un «lancinant parfum de corruption», selon le président du tribunal, Peimane Ghaleh-Marzban.

Crânement, l'ex-diplomate a estimé avoir mérité son «salaire de la peur» et justifié des transactions en liquide par les défaillances du système bancaire irakien et les coutumes orientales: «A Rome, on fait comme les Romains», a-t-il dit avec aplomb.

L'argent lui est remis en mai 2013 par un homme d'affaires irakien sous forme de quatre "pains" plastifiés de billets neufs. Billets qui tomberont dans le filet des douanes.

L'avocat Jean Reinhart a dénoncé un acharnement contre son client, qui «paye le fait d'avoir été ambassadeur» et de faire depuis des affaires, même si tout est "légal": «toucher une commission» pour avoir facilité un contrat, comme «un agent immobilier prend 5%» d'une vente, «c'est toujours très choquant».

L'avocat de M. Boillon a demandé la relaxe pour l'ensemble des poursuites, à l'exception de l'amende douanière. L'ex-ambassadeur devenu homme d'affaires sera fixé sur son sort le 7 juillet.