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Apiculture: nouvelle menace sur la production de miel

23 mai 2017, 00:26

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Apiculture: nouvelle menace sur la production de miel

Après des infestations en août 2014 et 2015, le varroa, parasite s’attaquant aux abeilles, a de nouveau décimé des colonies d’abeilles du centre du pays. Les insecticides et le développement urbain sont d’autres facteurs aggravants.

Des populations d’abeilles retrouvées mortes, surtout sur les hauts plateaux… C’est le constat que font des apiculteurs du pays depuis quelques semaines. Si certains des coupables – développement urbain et pesticides – sont connus, cette fois, le responsable est le varroa, un parasite qui a fait son apparition à Maurice il y a environ trois ans et qui s’attaque aussi bien aux larves et aux nymphes qu’aux abeilles adultes, avec un effet dévastateur.

Le varroa se nourrit d’hémolymphe – l’équivalent du sang – de l’abeille. Cet acarien peut très rapidement entraîner la destruction de toute une ruche. Les premières infestations ont été notées à Maurice en août 2014 et 2015. Durant les pics d’infestation, le service d’entomologie du ministère de l’Agro-industrie a dû détruire entre 240 et 260 ruches dans un rayon de 5 km autour de Pointe-aux-Sables.

«Cet acarien a probablement été introduit à Maurice après qu’une personne a importé une ou plusieurs abeilles contaminées, avance le Dr Pritam Sookar du département d’entomologie du ministère de l’Agro-industrie. Beaucoup de nos abeilles jaunes, qui sont celles qui produisent le miel en plus grande quantité, sont mortes à cause du varroa. Ce qui a créé un déséquilibre entre cette population et celle de l’abeille noire (NdlR, dite mous zako), un peu plus résistante.»

Effets secondaires

Le spécialiste poursuit en expliquant que des mesures d’urgence avaient été prises pour faire barrage à l’infestation au varroa, soit l’utilisation de produits chimiques. «Ces mesures comportaient des risques, soit des effets secondaires sur les abeilles et le miel.» Il précise que les méthodes de lutte contre le parasite ont été adaptées : «Nous profitons de l’habitude qu’ont les abeilles de se nettoyer avant d’entrer dans leur ruche. Nous avons installé des ruches spéciales pour piéger les acariens.»

À ce jour, aucun pays affecté n’a pu complète- ment se débarrasser de l’espèce invasive originaire d’Asie. Depuis un peu plus d’une année, tout le pays est affecté en raison de l’essaimage des abeilles sauvages et celles des ruches à miel, qui cherchent à fuir les ruches infectées.

Les colonies d’abeilles sont aussi mises en danger par la surutilisation de produits chimiques et d’insecticides, surtout dans les cultures qui attirent les abeilles. Ces produits, qui ne ciblent pas un insecte unique, tuent aussi bien les pestes que les abeilles et autres insectes «utiles», comme les coccinelles.

Le développement urbain est aussi à mettre en cause, car il a rapidement réduit le nombre d’arbres et de plantes mellifères (NdlR productrices de nectar), privant ainsi les abeilles de leurs sources de nourriture. Certaines abeilles doivent ainsi parcourir de très grandes distances, ce qui peut leur être fatal. Il faut ajouter à cela la pollution de l’air, de l’eau et du sol. Ce qui non seulement décime les populations d’abeilles mais aussi rend leur miel impropre à la consommation.

Selon le Dr Pritam Sookar, toutes ces raisons, ajoutées au mauvais temps, expliquent la destruction de colonies d’abeilles sur les hauts plateaux ces dernières semaines.

Protéger les ruches

Formations proposées par des experts étrangers, nouveaux équipements et espaces dédiés uniquement aux abeilles. Ce sont quelques-unes des méthodes utilisées par le ministère de l’Agro-industrie pour la relance du secteur de l’apiculture. «Nous sommes dans une politique de relance de l’apiculture à Maurice après l’infestation au varroa», indique le ministre de l’Agroindustrie, Mahen Seeruttun. «Le ministère a décidé de créer des zones où seront plantées des plantes mellifères pour les abeilles.» Plusieurs de ces zones sont prévues à travers le pays : 18 000 plantes mellifères devraient être mises en terre. En plus des zones protégées pour les abeilles, le ministre a rappelé que deux projets de loi sont en préparation – le «Pesticide Bill» et l’«Animal Protection Bill» – pour aider à protéger les abeilles.

Une épée de damoclès…

Notre sort est lié à celui des abeilles. La disparition de ces insectes serait dévastatrice pour l’économie et pour la biodiversité. Leur rôle de pollinisateur principal permet à une grande partie des plantes de se reproduire et à donner des fruits. Ainsi, elles assurent aussi bien la pérennité des plantes que celle du secteur de l’Agro-industrie. Leur disparition serait une catastrophe pour l’homme et son environnement. Elle provoquerait en effet une réaction en chaîne dont les effets se feraient vite sentir sur toute la chaîne alimentaire.

Objectif : plus de 250 tonnes par an contre 35 actuellement

L’objectif du ministère de l’Agro-industrie est de parvenir à produire plus de 250 tonnes de miel par an dans les années à venir. Actuellement, après l’infestation par le varroa, seulement 35 tonnes ont été produites. Le ministère cherche aussi à améliorer la qualité de la production des quelque 450 apiculteurs enregistrés (soit environ 2 000 ruches à miel). Outre les mesures de protection, les apiculteurs mauriciens et rodriguais se sont vus offrir du matériel visant à les aider dans leur production. Il souhaite aussi que tout le miel produit soit 100 % bio.