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Roudy Seeboruth: le Bob Marley du balai

20 mai 2017, 14:00

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Roudy Seeboruth: le Bob Marley du balai

Cet après-midi-là, il marchait d’un pas décidé du côté de la gare de Rose-Hill. À ses côtés, de fidèles amis : poubelle et balai. Sur son visage barbu, des poils, certains rebelles, d’autres bien «rangés». Ses dreadlocks, elles, se sont abritées sous un T-shirt jaune, relooké en foulard. Sur son dos, son bleu de travail, qui va de pair avec ses bottes. Roudy Seeboruth est balayeur de rue et de préjugés.

«Mo enn zenes 24 an é mo pa onté mo travay mwa», lâche-t-il avec un sourire aussi énigmatique que celui de Bob Marley. Il y a un an, il devenait éboueur, sillonnant les routes sur les camions-bennes. Mais depuis un an, il a été muté. «Mo zis balié lari aster. Mo pran dépi labank ziska kot Kentucky mo rémonté.»

Des va-et-vient, il en fait des dizaines par jour, de 6 h 30 à 15 h 30, et 18 heures les samedis. «Nou res pli tar akoz bann bookmaker, bann papié anvolé tousala.» Les dimanches, il est en stand-by. Il lui arrive de recevoir un coup de fil du patron. La fatigue, cet habitant de Trèfles l’essuie d’un revers de la main. Son salaire de base : Rs 8 235. Mais en comptant les heures supplémentaires, il peut monter jusqu’à Rs 12 000.

Des ordures, il en voit tous les jours. Ceux qui n’hésitent pas à balancer leurs saletés dans la rue, sans penser aux conséquences. Et il n’y a pas eu d’amélioration au fil du temps. «Mantalité dimounn difisil pou sanzé. Parfwa ou fek balié ou tourn lédo ou trouv enn lot papié anba.» Des emballages, des canettes, des bouteilles en plastique «0.5», des «korné dipin», Roudy en voit des centaines au quotidien. Il ne s’en plaint pas, loin de là, tout content d’avoir au moins un gagne-pain.

Ravi, également, de pouvoir concrétiser son rêve le plus cher. Celui de construire une maison pour sa petite, qui a cinq ans. «So mama pa la, li res ek mwa. Mo anvi li gagn enn landrwa pou li, samem mo pli gran bi dan lavi.» Pour l’atteindre, Roudy a contracté son premier emprunt auprès de la banque, il y a quelque temps. 

Quand il n’est pas en train de balayer ou de bâtir des projets, il écoute de la musique ; son passe-temps et sa deuxième passion, après sa fille. Dans sa tête résonnent alors des airs comme Lively Up Yourself. De ce jeune homme déterminé, se dégage décidément une Positive vibration.