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Navin Reega: le travailleur de l’ombre

11 mai 2017, 12:10

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Navin Reega: le travailleur de l’ombre

L’écurie R.Gujadhur a connu un parcours exceptionnel en 2016, avec à la clé, 55 victoires, soit la meilleure moisson réalisée par les douze formations en lice. Derrière ce succès se cache bien évidemment la coaching team et le jockey titulaire mais aussi des hommes et des femmes qui font profil bas mais dont la contribution a été tout aussi importante. Navin Reega fait partie de ceux-là.

Avec un père palefrenier, il était quelque part écrit que le cheval occuperait une place spéciale dans la vie de Navin Reega. «Entre le cheval et moi, c’est une longue histoire. Déjà tout petit, j’avais une fascination pour cet animal. Mon papa était d’ailleurs palefrenier et je me souviens qu’il s’occupait notamment de Golden Rambo du temps où il travaillait pour Rameshwar Gujadhur. Au cours de sa carrière, il a aussi été associé à M.«Kiki» Henry et M.Gujadhur». Ce n’est toutefois qu’à l’âge de 18 ans qu’il chaussera pour la première fois les étriers, sur Masterfax au centre de Poste-Lafayette en 1999. Depuis, cette «fièvre équine» ne l’a plus quitté.

Afin de parfaire son apprentissage, Navin Reega n’hésite pas à mettre le cap sur le Royaume-Uni à ses propres frais en 2000. Là-bas, il a l’occasion de travailler avec des yearlings pour le débourrage (ndlr: procédé consistant à amener le cheval à accepter la selle pour la première fois). «Mo ti bizin break bann souval la», se remémore-t-il. Une année plus tard, il rentre au pays et passe le plus claire de son temps à Poste-Lafayette. «Mo ti bien kontan mo travay. Mo ti p okip bann souval la full day ek fer zot naze». Quand Rameshwar Gujadhur obtient sa licence d’entraîneur en 2005, c’est un nouveau rôle au sein de l’écurie qui l’attend, à savoir celui de track rider.

Le cheval occupe un place importante dans la vie de Navin Reega.
Il est ici en compagnie de son épouse Tinansha, son fils Keeyan et Five Star Rock
de l’écurie Rameshwar Gujadhur.

«Sa pa finn decouraze mwa»

Navin Reega fera très vite ses preuves et deviendra un membre important de l’équipe. «Ma journée de travail débute à 4h30 avec le training à Port-Louis où je m’occupe de It’s My Party, mon cheval attitré à l’écurie. Je donne aussi un coup de main pour les autres coursiers avant de prendre la direction de Floréal où je veille au bon fonctionnement de l’entraînement de nos pensionnaires. L’entraîneur me donne ses instructions et je m’assure qu’elles sont respectées car tout le travail de base commence à Floréal.» Men Of Rheims, Silverware, Polar Bound, Captain Magpie et Blow Me Away sont autant de coursiers qui l’ont marqué depuis qu’il travaille pour Rameshwar Gujadhur tandis que Fausto Durso, Donavan Mansour, Vinay Naiko et Rakesh Bhaugeerothee sont les cavaliers qui l’ont aidé à s’améliorer à travers les différents conseils prodigués.

Et le métier de jockey dans tout ça? Après un moment de reflexion, notre interlocuteur nous avoue qu’il a accepté depuis bien longtemps qu’il ne pilotera pas un coursier en compétition au Champ-de-Mars. Agé maintenant de 38 ans et après trois demandes de licence refusés, Navin Reega est conscient qu’il ne satisfait pas les critères de sélection pour l’allocation de nouvelles licences mais cela ne l’empêchera pas de continuer à vivre sa passion. «Il e vre ki mo pa finn gagn mo sans pou monte dan lekours me sa pa finn decouraze mwa. Mo kontan kouma mo lavi ete aster. Mo pena aukenn pression ek mo travay en cooperasion avec tou dimounn dan lekiri.»

Avec le manque d’opportunités à Maurice, l’aventure étrangère ne l’a-t-il pas tenté? «Pour être franc, j’ai considérer l’option de la Nouvelle-Calédonie à un moment mais elle cela n’a pas duré. J’ai épousé Tinansha et nous avons eu un fils, Keeyan, qui est maintenant âgé de 4 ans. Depuis qu’il est tout petit, nous avons un lien très fort qui nous uni et je ne pouvais pas laisser ma famille derrière,» nous a-t-il confié sans regrets.