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Brésil: limogeage du président d’une fondation de défense des indiens

5 mai 2017, 22:12

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Brésil: limogeage du président d’une fondation de défense des indiens

 

Le gouvernement brésilien a démis de ses fonctions le président de l’organisme chargé de délimiter les territoires réservés aux peuples autochtones, une semaine après une attaque menée par des propriétaires terriens contre la tribu Gamela.

Dentiste de formation et spécialiste de la santé des indiens, Antônio Fernandes Toninho Costa, 66 ans, avait pris en janvier la tête de Fondation Nationale de l’Indien (Funai), qui dépend du ministère de la Justice. Sa mise à l’écart a été publiée vendredi dans le Journal officiel.

Mardi, il avait rappelé qu’une réduction budgétaire de 44% empêchait la Funai de mener à bien la démarcation des territoires à cause du «manque de moyens humains» et du grand nombre de procédures.

Les terres censées être réservées aux indiens sont de plus en plus souvent grignotées par l’expansion agricole, donnant lieu parfois à de violents affrontements.

M. Costa affirmé au site d’informations G1 que sa mise à l’écart a été motivée par des divergences politiques avec le chef de la majorité à la chambre des députés, André Moura, lié aux églises néo-pentecôtistes et au puissant lobby de l’agro-business du Parlement brésilien.

«J’ai été démis de mes fonctions parce que je n’ai pas accepté la demande d’André Moura de faire travailler dans la Funai une vingtaine de personnes qui n’ont jamais vu d’indiens de leur vie. Parce que je suis honnête et que je défends la cause indienne devant le lobby de l’agro-business», a-t-il déclaré.

Sollicité par l’AFP, le ministère de la Justice n’a pas fourni de détails sur les raisons qui ont motivé ce limogeage.

«C’est une décision politique, parce qu’il rejetait l’instrumentalisation et la subordination de la Funai aux intérêts de l’agro-business et des fondamentalistes religieux», a affirmé à l’AFP Cleber Buzzatto, responsable Congrès missionnaire indien (Cimi), organisation liée à l’Église catholique.

«Je crains que la situation ne cesse de s’aggraver», dénonce-t-il.

Dimanche dernier, une attaque menée par un groupe de 200 hommes liés à des fermiers locaux munis de machettes et d’armes à feu a fait treize blessés parmi des indiens de la tribu Gamela, qui occupait des terres dans l’État de Maranhao (nord-est).

Jeudi, l’ONU s’est déclarée «inquiète» et a «exigé» que les autorités «mènent l’enquête avec rigueur et fassent preuve d’une tolérance zéro face (...) à la gravité des violences contre les indiens et à l’impunité de leurs agresseurs».

En 2015, au moins 137 indiens ont été assassinés au Brésil, et 891 depuis 2003, selon le Cimi.