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Elections locales test au Royaume-Uni, en pleine tension sur le Brexit

5 mai 2017, 07:24

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Elections locales test au Royaume-Uni, en pleine tension sur le Brexit

En pleine tension avec Bruxelles sur le Brexit, la Première ministre britannique Theresa May passait jeudi son premier grand test électoral avec le renouvellement d'instances locales, dont le résultat sera scruté à la loupe en vue des législatives anticipées.

De l'Angleterre à l'Ecosse en passant par le Pays de Galles, les Britanniques étaient appelés à renouveler près de 5 000 sièges de conseils locaux. Les bureaux de vote, ouverts de 07h00 locales (06h00 GMT), ont fermé à 22h00, le résultat étant attendu pour vendredi dans la journée.

Traditionnellement organisées à mi-mandat, ces élections locales ont lieu cette année, Brexit oblige, dans un contexte particulier, moins d'un an après le référendum historique du 23 juin 2016 sur la sortie de l'Union européenne, dont le résultat divise toujours profondément les Britanniques.

Le scrutin se déroule en outre à seulement cinq semaines des législatives anticipées convoquées par Theresa May, qui espère renforcer sa majorité au Parlement de Westminster avant de se lancer dans des négociations sur le Brexit avec Bruxelles qui s'annoncent d'ores et déjà difficiles.

La dirigeante conservatrice a accusé elle des responsables européens de vouloir «influencer» l'issue des législatives du 8 juin.

«Certains à Bruxelles ne veulent pas le succès des négociations, ne veulent pas que le Royaume-Uni réussisse», a-t-elle lancé. Le quotidien britannique The Guardian a jugé que Theresa May avait, avec cette «attaque extraordinaire», «déclaré la guerre à Bruxelles».

"Personne ne veut influencer la campagne électorale au Royaume-Uni, a répondu jeudi le président du Parlement européen, Antonio Tajani, depuis Bruxelles. Nous avons seulement dit que nous allons défendre nos intérêts".

Moins consensuel, le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble a déclaré jeudi à Durban, en marge du Forum économique mondial, que «les négociations vont devenir terriblement difficiles pour le Royaume-Uni, ils vont s'en rendre compte. Il n'est pas facile de quitter l'Union européenne.»

Le président du conseil européen Donald Tusk a tenté de calmer le jeu: «Ces négociations sont assez difficiles comme ça. Si nous commençons à nous disputer avant qu'elles ne débutent, elles deviendront impossibles», a-t-il souligné devant la presse à Bruxelles. Il a appelé chacune des parties à faire preuve "d'un maximum de bonne volonté" afin que les négociations puissent aboutir.

Sur le front intérieur, la Première ministre a été accusée par ses adversaires politiques d'instrumentaliser le Brexit à des fins électorales.

«Transformer l'UE en épouvantail n'est qu'une manoeuvre de diversion pour cacher le bilan des conservateurs», a réagi la Première ministre d'Ecosse Nicola Sturgeon.

«Il s'agit de négociations vitales pour tout un chacun au Royaume-Uni et pour l'avenir de notre pays. Mais Theresa May place les intérêts de parti avant les intérêts nationaux», a dénoncé le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn.

Alors que les sondages promettent aux conservateurs une large victoire aux législatives, les résultats des élections de jeudi pourraient donner un élément d'information sur la dynamique des Tories avant le 8 juin.

Un test aussi pour le Labour 

Le renouvellement des instances locales devrait par exemple donner une petite idée de l'état de santé des travaillistes, que les sondages placent une vingtaine de points derrière les conservateurs aux législatives.

«Attendons de voir ce qui va se passer», a glissé à des journalistes un haut responsable du Labour. «Cela pourrait donner une indication intéressante pour savoir où on en est».

Du côté des autres forces politiques, les centristes pro-UE du Parti libéral démocrate, balayés lors des législatives de 2015, espèrent se refaire une santé jeudi pour affronter le scrutin de juin dans de bonnes conditions.

Le parti europhobe et anti-immigration Ukip, en perte de vitesse maintenant que la sortie de l'Union européenne - sa raison d'être - est sur les rails, risque lui de perdre gros.

Les regards seront aussi tournés vers l'Ecosse, où Mme Sturgeon espère conforter l'assise de son parti, le SNP, pour faire progresser l'idée d'un deuxième référendum d'indépendance.