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Tessa Prosper: «Mon père ne voulait pas que je devienne tatoueuse»

4 mai 2017, 21:46

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Tessa Prosper: «Mon père ne voulait pas que je devienne tatoueuse»

Non, elle n’est pas qu’une fille de. D’ailleurs, bien que Lindsay Prosper soit son père, les débuts de Tessa dans le milieu du tatouage ont été durs.

Son père, Lindsay, lui a fait un beau compliment récemment. L’élève est en train de dépasser le maître, lui a-t-il lancé, en voyant ses réalisations. De quoi rendre fière Tessa Prosper Joomun. Et, surtout, lui donner raison dans son choix de carrière. Elle est la première femme tatoueuse professionnelle de Maurice. 

Les débuts de Tessa dans le milieu du tatouage ont été durs.

 

«Contrairement à ce que l’on pense, mon père n’était pas du tout en faveur de l’idée que je devienne tatoueuse», raconte la jeune femme souriante, que nous avons rencontrée dans son studio, au Caudan, à Port-Louis. «Pour lui, une fille devait faire un métier de femme.» 

Mais Tessa s’entête. «J’ai tellement baigné dans ce milieu que pour moi, c’était évident qu’il fallait que je fasse ce métier.» Mais les débuts sont difficiles. Surtout que la jeune femme est catégorique: «Je n’ai jamais voulu que les gens me voient comme la fille de Prosper le tatoueur.» Sauf que, reconnaît-elle, «ayant grandi entourée d’un père et de frères tatoueurs, cela a été très dur pour moi de me faire une place.»

«Au début, je passais le balai»

Tessa pourra néanmoins compter sur le soutien de ses frères et de sa mère. «Au début, je passais le balai dans le salon à Sainte-Croix afin de pouvoir avoir une chance d’apprendre quelque chose du métier ou qu’on me laisse réaliser un tatouage.» Afin d’être sûre que c’est bel et bien ce qu’elle veut faire, elle a suivi plusieurs formations. Allant de la pâtisserie au graphisme. Tessa rigole. «Je préfère dessiner sur une peau que sur un logiciel.» 

Reste que le tatouage n’est pas qu’une histoire de dessin. Il faut beaucoup de concentration, d’hygiène et de créativité. «J’ai suivi une formation agréée à l’île de La Réunion afin d’obtenir un diplôme concernant la prévention et les risques infectieux, tatoueurs et pierceurs.» Qui plus est, chaque année, elle subit un contrôle médical afin de savoir si elle a les conditions requises pour pouvoir pratiquer.

La jalousie des maris

S’il y a bien quelque chose qui l’a marquée dans ce métier, c’est le nombre de femmes qui voudraient se faire tatouer mais qui ne peuvent pas à cause de la jalousie de leurs époux. Tessa raconte qu’un jour, une cliente était venue accompagnée de son époux. Ce dernier était d’accord pour qu’elle se fasse un tatouage. Mais à condition que ce soit une femme qui le fasse ! «J’ai halluciné en constatant que des gens continuent à penser ainsi…» Tessa poursuit que l’homme avait exigé que ses collègues masculins sortent du studio. De tels épisodes, confie-t-elle, ne font que la motiver davantage. «Si parce que je suis une femme, d’autres femmes peuvent se faire tatouer, je ne pourrais être plus comblée.»

Shaad, son soutien

En parlant de jalousie, Shaad Joomun, son époux, n’est-il pas jaloux ? «Au début, c’était dur pour lui. Imaginer que je touche des hommes à longueur de journée le rendait un peu jaloux. Mais au fil du temps, en voyant comment cela se passait, il m’a encouragée.» D’ailleurs, il est son plus grand soutien. «Il m’aide à affronter les mauvais jours et me pousse toujours à aller plus loin. C’est grâce à son soutien que j’ai pu, cette année, réaliser mon premier gros tatouage.»

Son rêve

Elle s’est donné cinq ans. D’ici là, dit Tessa Prosper Joomun, elle espère pouvoir ouvrir un magasin de prêt-à-porter. Mais pas n’importe lequel. Il faudra, insiste la jeune femme, que celui-ci soit en rapport avec son métier de tatoueuse.