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Homicide d’un Noir par la police: le gouvernement Trump ordonne un non-lieu

4 mai 2017, 15:50

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Homicide d’un Noir par la police: le gouvernement Trump ordonne un non-lieu

 

Le gouvernement de Donald Trump a ordonné mercredi un non-lieu dans une enquête fédérale emblématique sur l’homicide en 2016 en Louisiane d’un vendeur ambulant noir, maintenu au sol par des policiers.

C’est la première fois que le nouveau ministre américain de la Justice, Jeff Sessions, choisit de renoncer publiquement à poursuivre des policiers pour un éventuel abus de force dans une affaire qui avait beaucoup agité les Etats-Unis l’été dernier.

Ce non-lieu, qui reflète selon certains un changement d’état d’esprit de l’administration vis-à-vis des forces de l’ordre, a été immédiatement dénoncé par des associations de défense des droits civiques et la famille de la victime.

La mort à 37 ans d’Alton Sterling, dans la ville de Baton Rouge, avait réveillé le spectre du racisme dans la police américaine, trop souvent accusée de brutalités gratuites contre les Noirs.

Sa mort avait déclenché des réactions indignées émanant des quatre coins des Etats-Unis et toute une série de manifestations sous haute tension. Face à l’émotion, le ministère américain de la Justice avait très rapidement annoncé lancer une enquête fédérale.

Mais, les investigations conduites pendant dix mois «n’ont pas permis de rassembler des preuves suffisantes pour poursuivre pénalement» les deux agents de la police de Baton Rouge impliqués dans les faits remontant au 5 juillet 2016, a indiqué mercredi le ministère.

Alton Sterling, un père de cinq enfants surnommé «CD man», vendait des CD sur le parking d’un centre commercial. Son apparence physique correspondant à la description d’une personne recherchée, les policiers avaient décidé de l’interpeller.

M. Sterling avait résisté à son arrestation, selon une vidéo amateur qui a contribué à donner une ampleur nationale à cette affaire.

La question de l’arme 

Dans cette séquence filmée, le vendeur à la sauvette semble refuser d’obtempérer aux deux agents blancs, qui lui ordonnent de se mettre au sol. L’un des policiers le plaque alors, son collègue l’aidant à tenter de le maîtriser par terre.

«Il est armé!», entend-on crier. Les deux policiers dégainent alors leur arme et plusieurs détonations retentissent.

Selon le compte-rendu d’enquête dévoilé mercredi, Alton Sterling était bien porteur d’un calibre .38, chargé de six balles. Aucun témoin indépendant n’a toutefois confirmé les affirmations des policiers selon lesquelles il aurait tenté d’empoigner son arme à feu.

Pour clore leur enquête sans poursuites, les enquêteurs ont dit considérer plusieurs points en faveur des policiers: le fait qu’il y ait une rixe avec M. Sterling, le fait qu’ils aient d’abord tenté de le neutraliser avec un pistolet à décharges électriques Taser, le fait que M. Sterling était plus grand et plus fort que chacun de deux agents et, enfin, la connaissance par les deux policiers que leur suspect portait une arme.

Tout cela pour rien

Reste que le non-lieu a plongé dans le désespoir les proches de la victime. «Nous avons attendu tout ce temps pour rien», a déploré Sandra Sterling, la tante d’Alton. «Cela fait tellement mal».

Le président de l’organisation Southern Poverty Law Center, une organisation qui combat le racisme, s’est dit lui «profondément préoccupé».

«La population américaine a besoin d’une réponse sur les derniers moments de vie de Sterling: pourquoi cela ressemble moins à un contrôle policier qu’à une exécution publique», a dit Richard Cohen.

Le lendemain de la mort d’Alton Sterling, un autre Noir, Philando Castile, avait été abattu dans sa voiture par un policier, sous les yeux de sa compagne et de la fillette de cette dernière dans l’Etat du Minnesota, lors d’un contrôle pour un phare cassé.

«Nous avons assisté à trop de tragédies comme celles-là», avait déclaré ensuite le président démocrate Barack Obama.

Le jour d’après la mort de M. Castile, à l’issue d’une manifestation antiraciste, un ancien soldat noir ivre de vengeance avait mené une équipée sanglante à Dallas, fauchant sous ses balles 12 agents de police, tuant cinq d’entre eux.

Samedi soir dernier, toujours à Dallas au Texas, un adolescent noir de 15 ans, Jordan Edwards, a été mortellement blessé d’une balle tirée par un policier, alors qu’il se trouvait dans une voiture.

Après avoir affirmé que le véhicule reculait de façon menaçante vers les fonctionnaires des forces de l’ordre, le chef de la police locale a finalement admis que la voiture roulait en fait en s’éloignant des agents.