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Post-inondation : les larmes de Lutchmama Chattiyerama

3 mai 2017, 23:30

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Post-inondation : les larmes de Lutchmama Chattiyerama

C’est la première fois en 57 ans que Lutchmama Chattiyerama voit une telle inondation à Plaine-des-Gersiny. Comme elle, plusieurs familles de ce petit village à la sortie de Flacq se sont retrouvées sous les eaux suivant les averses de ces derniers jours.

Le mur effondré, à l’arrière de son domicile, témoigne de l’étendue des dommages. Sans celui-ci, insiste Lutchmama Chattiyerama, les dégâts auraient été moins conséquents. «L’eau descend de la montagne et coule jusqu’à la rivière. Ce mur l’a empêchée de partir.» Avec la pression, le mur, érigé par un voisin dont la maison est actuellement en construction, a cédé.

La demeure des Chattiyerama fait partie de ces maisons qui ont évolué au fil du temps pour accommoder une famille grandissante. Les murs, repeints en bleu, portent encore la trace des inondations récentes. L’eau boueuse a commencé à s’infiltrer dans la maison vers 19 heures, lundi. La famille venait tout juste de finir de dîner. Le niveau est monté très vite. Colmater les interstices des portes avec des chiffons n’a servi à rien. Il n’a fallu que quelques minutes pour qu’ils soient complètement imbibés.

«Je n’ai pas eu le temps de faire quoi que ce soit. C’est à peine si j’ai pu sauver quelques appareils.» En dix minutes, la totalité de la surface de la maison s’est remplie de plus de 30 centimètres d’eau. C’était la panique.

Lutchmama vit dans cette maison avec son mari Adnarain et leur petit-fils. À trois, ils ont essayé tant bien que mal d’évacuer l’eau des pièces, mais ils se sont vite rendu compte que leurs efforts ne servaient à rien. «Nous avons été inondés à deux reprises dans le passé. Mé kouma sa fwa-la, pann trouvé sa. Sa kantité ek sa vites dilo monté-la», lâche-t-elle, toujours sous le choc.

«Nous n'avions pas le choix»

L’aide des voisins et amis a été sollicitée. Sauf que beaucoup se trouvaient dans la même situation que les Chattiyerama. Face au niveau de l’eau qui ne cessait de monter, Lutchmama, son époux et leur petit-fils se sont résignés à recourir aux moyens extrêmes pour sauver ce qui pouvait l’être. Ils ont ainsi fait plusieurs trous dans les murs pour faire partir l’eau de la maison.

«Nous n’avions pas le choix. Je vais les reboucher lorsque le beau temps revient», soupire Lutchmama. Si l’eau s’en est éventuellement allée, la boue s’est, elle, déposée un peu partout. Il lui a fallu toute une matinée à la vieille dame pour en venir à bout. Mais le traumatisme est toujours là, surtout que l’accalmie a été de courte durée. «On ne sait pas ce qui va se passer si jamais la pluie continue. Pa fasil pou viv sa ankor enn kout», dit-elle, le regard inquiet fixé sur le ciel gris.

Avinash, 23 ans: «J’ai peur que cela se reproduise»

<p>Dans la même rue habite Avinash Parasamudu. Ce jeune homme de 23 ans vit seul depuis qu&rsquo;il a perdu ses parents. Sa maison est construite de feuilles de tôle et de rondins. À l&rsquo;intérieur, il fait sombre. Des dekti jonchent le sol pour récupérer l&rsquo;eau qui fuit du toit. Le sol n&rsquo;est pas recouvert.&nbsp;</p>

<p>Comme ses voisins, il a dû retirer son linoléum après l&rsquo;inondation. <em>&laquo;Mo larmwar inn gaté net.&raquo; </em>Le bois a pris l&rsquo;eau et est boursouflé de partout. <em>&laquo;Je ne peux même pas le bouger. Si j&rsquo;essaie, il va s&rsquo;effondrer. J&rsquo;attends de l&rsquo;aide.&raquo;</em> Quant à ses vêtements, il doit encore faire le tri.&nbsp;</p>

<p>Lorsque l&rsquo;eau a commencé à s&rsquo;infiltrer chez lui, il s&rsquo;est retrouvé sans aide. Il a dû trouver refuge chez de la famille qui habite dans les parages. Ce n&rsquo;est que hier matin qu&rsquo;il a pu rentrer chez lui pour constater les dégâts. <em>&laquo;Je n&rsquo;ai jamais vu cela auparavant. Maintenant, je vis dans la peur que cela se reproduise.&raquo;</em><br />
	&nbsp;<br />
	Les familles affectées par les inondations n&rsquo;ont pas perdu de temps. Elles se sont rendues au conseil de district, hier matin. Les officiers se sont déplacés sur le champ pour constater les dégâts. Il se trouve que l&rsquo;endroit n&rsquo;est pas doté de drains. Du coup, ils vont devoir identifier le passage de l&rsquo;eau pour planifier la construction de drains d&rsquo;évacuation.</p>

Séquelles de l’inondation

<p>Dans la maison, les séquelles de l&rsquo;inondation sont toujours là. Les portes en bois et les meubles sont témoins du passage de l&rsquo;eau. Par endroits, le sol est à nu. Lutchmama a dû enlever le linoléum qui a pris l&rsquo;eau. Des vêtements sont entassés sur des chaises pour les protéger de l&rsquo;humidité. Lorsque le soleil fera son retour, Lutchmama ne chômera pas. Mais ce qui chagrine le plus Lutchmama, c&rsquo;est la destruction d&rsquo;un petit abri en tôle qui était à côté de sa maison. <em>&laquo;Ti saldébin bann gran dimunn sa. Ti éna ros lavé ladan.&raquo; </em>La petite cabane avait résisté aux précédentes averses. Aujourd&rsquo;hui, un amas de feuilles de tôle et de bois est le seul vestige de cette cabane ayant servi aux anciens. La ros lavé a été emportée une dizaine de mètres plus loin.</p>