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Parole citoyenne - Ivor Tan Yan: «L’hypocrisie empêche l’unité syndicale»

3 mai 2017, 21:11

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Parole citoyenne - Ivor Tan Yan: «L’hypocrisie empêche l’unité syndicale»

 

Il a la dent dure envers certains syndicalistes. Ivor Tan Yan, négociateur de la Federation of Progressive Union (FPU), leur reproche d’être opportunistes et pouvoiristes, car selon lui l’action politique est un devoir pour le citoyen engagé.

Vous avez dit dans un entretien que «le syndicalisme est un monde d’égo rassis» et vous me recevez dans les locaux d’une fédération syndicale, n’est-ce pas contradictoire ?

Absolument pas. Quand j’ai fait cette déclaration, j’étais déjà dans le monde syndical. Mais, je récuse l’appellation syndicaliste. Je préfère qu’on m’appelle négociateur. Je mets ma formation de juriste au service des syndicats pour rechercher un équilibre dans des situations conflictuelles. Il faut parvenir à un cadre social dans lequel employés et employeurs se sentent respectés.

Qui est syndicaliste, alors ?

Il y a trois types de syndicalistes. Il y a d’abord le syndicaliste pouvoiriste. C’est celui qui fera tout pour ne pas froisser le pouvoir, même au détriment de l’intérêt de ses membres. Ensuite, on a le syndicaliste opportuniste. Lui, entreprendra des actions pour attirer sur lui le regard de l’opinion publique. Et enfin vous avez le syndicaliste progressiste. Il pratique le syndicalisme global. Son action dépasse les questions industrielles.

Votre catégorisation des syndicalistes n’encouragera pas l’unité syndicale…

L’honnêteté me pousse à décrire la réalité. C’est l’hypocrisie qui empêche l’unité syndicale. À la FPU, nous travaillons en partenariat avec la Confédération des travailleurs du secteur privé et la Fédération des travailleurs unis. Cependant, il y a d’autres qui n’agissent que pour être à la une des journaux. C’est cela l’égo rassi. Un syndicaliste doit savoir faire profil bas pour le bien-être de la relation industrielle entre l’employeur et l’employé. Pour préserver un cadre de discussion où les partenaires se retrouveront en confiance.

Le paysage que vous décrivez n’est pas rassurant…

C’est la réalité. Pourquoi vous dites que ce n’est pas rassurant ? La FPU représente 11 500 travailleurs qui sont sûrs que leur syndicat est progressiste et ne les trahira pas. Nous prônons l’unité syndicale.

Quelle est votre définition du syndicalisme ?

L’action syndicale porte sur trois axes : industriel, social et culturel. Dans l’axe industriel, on agit pour que les travailleurs obtiennent ce que la loi du travail leur octroie. L’axe social requiert des prises de position quand une décision politique influence la vie des travailleurs, par exemple la réduction des subsides sur des denrées de base. Avec l’axe culturel, on répond au besoin de développer les capacités artistiques du travailleur en lui permettant d’avoir des loisirs enrichissants. Cela peut prendre la forme de la musique, du théâtre et de la littérature, entre autres.

Comment expliquez-vous le faible taux de syndicalisation ?

Il est difficile pour un travailleur de se syndiquer quand il a un emploi précaire. Actuellement, les employeurs peuvent licencier un travailleur. La compensation maximale est de trois mois par année de service. Mais si dans les cas de licenciement injustifié, on imposait l’obligation de réembaucher ou d’indemniser l’employé jusqu’à ce qu’il retrouve un emploi, cela réduirait les licenciements. Les travailleurs auront alors moins peur de se syndiquer. Contrairement aux années 70, aujourd’hui il y a un surendettement généralisé. Les travailleurs sont pris à la gorge. Un seul emploi n’est plus suffisant.

Avez-vous d’autres combats à part la négociation syndicale ?

Je suis engagé aux côtés de ceux qui contestent la carte biométrique, même si actuellement je suis en retrait. Je me trouve en première ligne pour la refonte du Seafarers Welfare Fund. Je suis avec ceux qui protestent contre le Petroleum Hub. Je dois mentionner le combat contre la corruption au sein de l’organisation Youth against Corruption. Je suis aussi membre de la plateforme Trade Union Against Corruption. J’accorde également du temps à la lutte contre la violence sexuelle faite aux enfants.

Vous n’avez pas un engagement politique ?

Ma première action citoyenne, quand je suis rentré après mes études, a été de me porter candidat aux élections. J’étais le colistier de Jack Bizlall. Je milite au sein du Mouvement Premier Mai (MPM). Nous avons des réunions les samedis dans notre centre à Rose-Hill. Il y a une dynamique en faveur du MPM. Le mouvement se dirige vers un élargissement. Notre défi sera de nous organiser en une structure nationale. Il faut un renouvellement du personnel politique. On ne peut reprocher aux gens de faire le même choix sans leur offrir une alternative.

Dans le passé vous avez fait l’éloge de Roshi Bhadain.

Il vient de lancer un nouveau parti… Je croyais qu’il allait apporter un changement. Hélas, Roshi Bhadain n’est qu’un pouvoiriste qui fait de la politique avec des arguments racistes. Son parti est nouveau, mais il charrie de vieilles idées. C’est le cas aussi pour le Mouvement patriotique et quelques autres partis émergents.

Bio Express

<p>Ivor Tan Yan, 37 ans, fréquentait le Saint Mary&rsquo;s College à Rose-Hill. En 2001, direction Lyon en France et Newcastle en Angleterre pour des études de droit. Il détient une maîtrise en droit avec spécialisation en arbitrage et sécurité bancaire. Le 30 mars 2013, il suit les inondations à Port-Louis via Internet. Touché par ce drame, il décide de rentrer à Maurice. Quelques jours après son arrivée au pays, il décroche un emploi dans une institution financière. Mais, Ivor Tan quitte le secteur privé pour se joindre à la FPU comme négociateur.</p>

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