Publicité

Hong Kong: rien n’est trop beau pour célébrer la rétrocession à Pékin

30 avril 2017, 14:49

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Hong Kong: rien n’est trop beau pour célébrer la rétrocession à Pékin

Hong Kong célébrera en grande pompe et avec force millions le 20e anniversaire de sa rétrocession à la Chine par le colonisateur britannique, dans un faste totalement déphasé aux yeux de certains habitants du fait des tensions politiques.

Les célébrations du 1er juillet se préparent déjà au moment où une frange de la population hongkongaise s’inquiète de l’ingérence croissante de Pékin dans les affaires de l’ex-colonie. Le territoire semi-autonome est en effet profondément divisé entre camp démocrate et camp pro-Pékin.

Le président Xi Jinping est attendu dans la ville pour marquer cet anniversaire et des exercices de sécurité sont en cours.

Des centaines d’événements, de l’exposition artistique au tournoi sportif, seront organisés jusqu’au mois de juillet dans le cadre de ces festivités qui coûteront au gouvernement 640 millions de dollars de Hong Kong (75 millions d’euros).

Des affiches ont déjà été collées à travers la ville, ornées du slogan «Ensemble, Progrès, Opportunités», et le 20e anniversaire est annoncé ici et là par des néons colorés.

Aux yeux du chef du gouvernement sortant, l’impopulaire Leung Chun-ying, il s’agit d’illustrer «la vision de demain» pour Hong Kong et ses sept millions d’habitants, et de rassembler ces derniers.

«La rétrocession a une importance historique et elle vaut d’être célébrée parce qu’à l’origine, Hong Kong appartenait à la Chine», explique à l’AFP Michael, un habitant de 51 ans.

Ah Yu, retraité de 76 ans, est d’accord. L’anniversaire «est important car nous sommes tous Chinois», dit-il.

«Un coup»

D’autres sont sceptiques.

«Célébrons-nous le fait que nous n’avons pas de liberté ou de démocratie?», demande Ales Li, retraité 67 ans. «Pourquoi n’utilisent-ils pas toutes ces ressources pour réduire les divisions?»

Des jeunes jugent qu’il s’agit juste d’un «coup» du gouvernement.

«Cela n’aide personne», dit à l’AFP Miranda Yeung, étudiante de 20 ans. «C’est une grande campagne de publicité, c’est très chouette pour les touristes, mais ça ne veut pas dire grand chose».

En 2014, le mouvement dit des parapluies avait échoué à obtenir de Pékin la moindre réforme politique et une nouvelle génération de militants qui réclament l’autonomie voire l’indépendance totale vis-à-vis de Pékin est née sur les cendres de la révolte.

La Chine n’est pas restée les bras ballants face à ces appels. A l’automne 2016, elle est intervenue pour empêcher deux indépendantistes fraîchement élus de siéger au Parlement local.

Beaucoup accusent Pékin d’accroître son influence dans de nombreux secteurs, comme les médias ou l’éducation. La disparition en 2015 de cinq libraires connus pour publier des titres salaces sur les dirigeants chinois avait semé l’effroi. Tous avaient refait surface sur le continent.

Londres avait dénoncé une atteinte «grave» à l’accord ayant présidé à la rétrocession de 1997, qui avait scellé le statut semi-autonome, les libertés et le mode de vie de Hong Kong pour 50 ans.

Allumer la mèche 

Certains craignent qu’une visite du président Xi, sa première à Hong Kong, n’allume la mèche du mécontentement.

«Les gens en colère seront encore plus en colère», assure Miranda Yeung.

Quand l’ex-président chinois Hu Jintao était venu à l’occasion du 15e anniversaire de la rétrocession, en 2012, des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue.

La nouvelle chef du gouvernement, Carrie Lam, détestée par les militants démocrates, prendra officiellement ses fonctions le 1er juillet. Elle a promis de panser les plaies de la société, mais les opposants jugent que les célébrations ne favoriseront pas cette cause.

A l’affiche, des oeuvres d’art prêtées par le musée du Louvres, des momies égyptienne du British Museum et une exposition du Musée du Palais de la cité impériale de Pékin. Au programme également, un tournoi de shuttlecock (sport où les joueurs s’efforcent de garder en l’air un espèce de volant), pour avoir une «société en bonne santé et harmonieuse», ainsi qu’un concert du pianiste chinois réputé Lang lang.

Des ministres rendront visite aux habitants les plus âgés et vulnérables pour «témoigner de leur préoccupation». Des cadeaux et packages d’aide seront distribués.

Le politologue Willy Lam qualifie tout cela de spectacle à l’intention de Pékin. M. Yeung comme Mme Lam veulent donner l’impression que «les gens sont dans l’extase à cause du soutien de la Chine à Hong Kong» pour contrebalancer les turbulences politiques, dit-il.