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Travailleurs étrangers: six Bangladais disent avoir été bernés sur leur salaire

27 avril 2017, 09:00

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Travailleurs étrangers: six Bangladais disent avoir été bernés sur leur salaire

En prenant de l’emploi comme machine operators à Maurice, ils pensaient mener la belle vie et avoir un bon salaire. Or, six Bangladais ont vite déchanté depuis leur arrivée au pays, il y a un mois. 

Prada Shoes, une entreprisesise à Terre-Rouge, les a embauchés pour travailler du lundi au vendredi, de 7 h 30 à 17 heures. «On nous a fait croire qu’on allait avoir un salaire de base de Rs 12 000 par mois. Mais nous ne touchons que Rs 6 000, ainsi qu’une allocation de repas», lance l’un des ouvriers bangladais.

Nayan Hossen, âgé de 24 ans, a eu le courage de dire «non». Ce père d’une fillette d’un an et demi a entamé des démarches pour rentrer dans son pays natal. Il explique qu’il a versé Rs 150 000 à un agent recruteur pour pouvoir venir travailler à Maurice. Une somme qu’il considère «énorme». Il refuse, aujourd’hui, de continuer dans de telles conditions, d’autant plus que son salaire est moins élevé que celui de ses compatriotes. «J’ai vendu un terrain pour venir ici. Je reçois un salaire de Rs 4 001 alors qu’on m’en avait promis davantage.»

Shariff, lui, a contracté un emprunt qu’il doit rembourser avec intérêts. Après avoir travaillé en Malaisie, il juge les conditions d’emploi meilleures dans ce pays. «C’est différent. Éna boukou travay, boukou kas.» Et les employeurs peuvent renouvelerles contrats, si nécessaire. «Ti pé gagn ziska Rs 22 000 la pey.»

Deux Bangladais affirment avoir déjà fait un dépôt de plainte auprès du ministère du Travail. Abdul Cassim et Ashraf sont à Maurice depuis dix ans. Ils attendent toujours leurs billets de retour. «Le propriétaire de l’usine nous demande d’attendre trois mois.» Interrogé par l’express, ce dernier nous a demandé de lui adresser toute question par écrit et par mail, lundi 24 avril. Ce qui a été fait. Mais, à dans la soirée du mercredi 26 avril, il ne nous avait toujours pas répondu.

Les travailleurs déplorent en outre les conditions d’hébergement, affirmant que leur «dortoir» n’est en fait qu’un petit garage transformé en chambre rudimentaire, sans fenêtre. À l’intérieur, deux lits superposés accueillent… Les six travailleurs étrangers. Un ventilateur, qu’ils ont récupéré au bord de la route tourne à plein régime pour rafraîchir la pièce.

Faute d’armoire, les vêtements sont entassés sur les lits. Dans un coin du garage, une petite cuisine pour préparer le repas. Dans la même pièce, une salle d’eau et la cuvette des toilettes. «C’est aberrant de voir tout cela dans une seule pièce, s’insurge le syndicaliste Fayzal Ally Beegun. Zot vinn pas mizer isi. Azan propoz zot boukou kas pourtan.»

Mais le pire est à venir, expliquant les locataires : un autre lit sera bientôt installé pour accueillir deux Bangladais de plus. «Nous serons au nombre de huit dans ce garage», affirme l’un d’eux, en précisant que c’est le «Health & Safety» qui en pâtit.