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Montagne Jacquot: la beauté menaçante

24 avril 2017, 23:30

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Montagne Jacquot: la beauté menaçante

On aurait tendance à réduire Maurice aux clichés de carte postale, à ses plages de sable blanc et la clarté des eaux de son lagon. Pourtant, l’île étonne par la diversité de ses paysages. La Montagne Jacquot montre un autre visage, une beauté plus brute. Plus dangereuse aussi. Le mois dernier, quatre jeunes se faisaient surprendre par la puissance des vagues. Deux d’entre eux n’ont jamais été retrouvés, disparus dans les abysses. Il faut dire qu’ici, l’océan se montre sous un jour plus hostile. En l’absence de la barrière de corail pour le dompter, il prend la côte d’assaut, envoyant inlassablement ses vagues se fracasser sur les roches. Le souvenir sordide des disparus de la Montagne Jacquot semble flotter dans l’air.

 

Une vieille paire de chaussures et un sac abandonnés gisent dans l’herbe sèche. Même s’ils sont sans doute là par hasard, ils ne manquent pas de nous rappeler ces tristes événements. Tout comme les panneaux d’avertissement. Malgré tout, difficile de ne pas se laisser séduire par la beauté farouche des lieux. Loin de la rumeur agitée de la capitale, il règne ici le silence, interrompu seulement par le vent et la houle agitée. La Montagne Jacquot semble affronter l’océan. Sa falaise, abrupte, lui fait face fièrement. Quelques pas pour se rapprocher du bord et l’on domine le paysage. Face à nous, l’horizon. Sur notre gauche, le phare d’Albion ; sur notre droite, une prison. Et sous nos pieds, quelques mètres de vide.

 

Comme pour profiter eux aussi de la vue, les martins tristes viennent se percher sur les rochers. Tantôt percée de petits trous, tantôt polie par les vagues, cette roche volcanique à la noirceur profonde est la signature même des charmes de la Montagne Jacquot. Des roches si noires que les rares herbes qui y poussent semblent fluorescentes. Des roches si noires que le turquoise de l’eau apparaît d’autant plus intense. À tel point que l’on comprend pourquoi certains ont eu envie d’y plonger, comme des marins se laisseraient envoûter par le chant des sirènes…

Si aujourd’hui les lieux sont déserts, on ne doute pas que la recherche d’adrénaline poussera à nouveaux les plus téméraires à sauter de la falaise dans l’océan. En espérant qu’ils ne contribuent pas à la triste célébrité de la montagne.

 

Une publication du quotidien BonZour!