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20 noyades en quatre mois contre 35 en 2016

16 avril 2017, 21:05

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20 noyades en quatre mois contre 35 en 2016

Comment expliquer cette hausse dans le nombre de noyades ? Deux jeunes ont péri noyé la semaine dernière, à Eau-Bleue et à Blue-Bay. Et ce dimanche 16 avril, un infirmier a fait une chute au pont Naturel et n’a pu s’en sortir. N’est-il pas temps de revoir la sécurité autour de ces plans d’eau ?

«Dans la plupart des cas, ce type de drame se produit lorsque les nageurs s’aventurent en dehors de la zone de baignade, et donc dans la partie dangereuse du lieu qui est pourtant interdite», explique un responsable de la force policière. Les Police Caporal Soureindra Seebaluck, Percy Janeerbocus et le caporal Laval Seblin, de la Special Mobile Force (SMF), soulignent qu’au niveau des plages, les zones à risque sont déterminées lorsque celles-ci présentent plusieurs cas de noyades répertoriés auprès de la police. Une enquête est alors menée par les autorités concernées, indiquent nos interlocuteurs.

Cette responsabilité incombe donc à la Beach Authority, en collaboration avec plusieurs acteurs tels que les ministères de l’Environnement, du Tourisme, de la Pêche, la National Coast Guard, entre autres. «A titre d’exemple, à la plage de Flic-en-Flac, il existe un trou dans la mer muni désormais d’un barrage rouge. Cette source d’eau fait que les gens pourraient perdre l’appui plantaire et s’y noyer. Il y a quinze ans, celui-ci faisait 5 m 50 de profondeur à marée basse et 6 mètres à marée haute. Aujourd’hui, cela fait environ 3 mètres mais c’est tout de même risqué», déclarent les officiers de la SMF. Une enseigne de bain dangereux a donc été apposée en sus du barrage.

62 sites considérés comme des zones de bains dangereuses

Dans d’autres cas, comme à Blue-Bay, une délimitation pour la zone de baignade a été placée. De plus, un panneau d’interdiction de baignade au-delà de 50 mètres a également été fixé. «Cela est dû au fait que l’eau descend drastiquement après cette distance», précisent nos interlocuteurs. Les panneaux ont été ainsi fixés par la Beach Authority. Cette instance en assure également la maintenance. Selon le responsable de l’organisme, 62 sites sont considérés comme des zones de bains dangereuses.

Malheureusement, ces interdictions ne semblent pas pour autant décourager les nageurs. «On demande toujours aux baigneurs de ne pas aller vers le large mais plutôt de nager en parallèle avec la plage. Et même si en faisant une patrouille, nous les repérons et les avertissons, ils peuvent ne pas suivre les consignes», affirment les officiers.

Pas de sanctions

D’ailleurs, rajoutent-ils, il n’existe pas de sanction contre les contrevenants qui nagent dans ces sites classifiés de bains dangereux. Les forces de l’ordre ne peuvent donc ni émettre des contraventions ni contraindre les nageurs à quitter ces zones risquées.

Qu’en est-il de la catégorisation de zones risquées pour les autres plans d’eau comme les bassins, rivières et réservoirs? D’emblée, les officiers de la SMF soulignent que les baignades sont interdites dans tous les réservoirs de l’île d’après la loi. De même, des sorties en bateau ainsi que des parties de pêche sont proscrites. Néanmoins, dans la pratique, les Mauriciens s’y adonnent. Du côté des bassins et les rivières, la baignade n’est pas interdite. Cependant, elle est déconseillée, estiment nos interlocuteurs. En effet, ces plans d’eau douce peuvent entraîner plus de risques pour les nageurs. Par exemple, la température de l’eau est plus froide comparativement à celle de la mer. Puis, il y a une accumulation d’impuretés au fond qui crée une opacité et réduit la visibilité du nageur, ce qui peut hélas entraîner la noyade.

En chiffres

  • 20 cas de noyades ont été répertoriés par la police de janvier à hier
  • 35 noyades avaient été recensées en 2016 contre 19 en 2015
  • 3 personnes ont été secourues de la noyade de janvier à février 2017.
  • 21 personnes ont été secourues de la noyade en 2016 alors que 15 étaient rescapées en 2015

Cinq plages sous surveillance

Depuis janvier 2015, les autorités ont institué un système de surveillance sur cinq plages, notamment à Mont- Choisy, Flic-en-Flac, Tamarin, Blue-Bay et Belle-Mare. Ainsi, du lundi au samedi, deux sauveteurs assurent la surveillance. Le dimanche et les jours fériés, ce nombre passe à trois. Et pour les occasions spéciales comme la Pâques où il y a affluence du public, il y a plus de sauveteurs pour une vigilance plus accrue.

«Ainsi, sur Belle-Mare et Mont-Choisy, nous avons sept effectifs qui seront de service», déclare le Police Caporal Soureindra Seebaluck. Ces derniers effectuent des rondes de surveillance sur les zones de baignade dès 7 heures. Un système de balayage visuel est préconisé pour observer la mer en cas de problème. Et le cas échéant, le sauveteur intervient en lançant une corde, une bouée ou un autre objet susceptible de ramener la personne en difficulté ou entrant dans l’eau pour le sauver. Dans de telle situation, l’intervention doit se faire en trois minutes. Au-delà de cette durée, il y a moins de 10 % de chance de ramener le nageur en vie, selon nos interlocuteurs.

Du blanc au bleu : les deux types de noyade

Les officiers de la SMF distinguent deux catégories de noyade. La première – le blanc- survient lorsqu’une personne décède subitement avant d’être en contact avec l’eau. Par exemple, elle peut avoir une crise cardiaque ou un choc thermo différentiel, c’est-à-dire qu’elle subit une différence de température par exemple en prenant un bain de soleil avant d’entrer en mer qui serait plus froide. Dans ce présent cas, les extrémités des doigts, les ailes nasales et les lèvres sont blanches. En revanche, le bleu - la deuxième classification se manifeste lorsqu’un individu a des difficultés dans l’eau. Cela implique un situation où le nageur est fatigué, peu ou pas expérimenté ou qu’il retrouve en difficulté sur le site en question. Suivant l’inhalation d’eau et le décès par noyade, les zones corporelles susmentionnées vireront alors au bleu.