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Salaire minimum: vivre avec Rs 3 500 par mois

16 avril 2017, 18:06

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Salaire minimum: vivre avec Rs 3 500 par mois

Cindy Ross habite Tranquebar. Elle est mère célibataire, a deux enfants. Et cela fait quatre ans qu’elle est squatteuse. Sa maison ? Elle ressemble à celle des voisins. Quelques feuilles de tôle qui tiennent grâce à des rondins. Au milieu, le feu brûle. «Bizin fer sa pou pouss moustik. Parfwa kwi lor lamem tou», explique-t-elle. La vie sur cette plaine recouverte d’habitations de fortune n’est pas des plus simples…

Le salaire mensuel de Cindy Ross est de Rs 2 300. Elle est employée dans une compagnie de nettoyage. Pour cette maigre pitance, elle travaille de 7 heures à 10 heures, du lundi au vendredi. Les samedis, elle termine à 11 heures. Le compte est vite fait : elle gagne environ Rs 4 de l’heure.

Qu’en est-il de l’augmentation salariale annuelle ? Elle oscille autour de Rs 20 par an… De plus, elle a droit à une déduction quand elle s’absente. «Je ne suis pas allée à l’école. Je ne sais pas prévenir par écrit que je vais être absente. Mais eux, ils ne comprennent pas tout ça.» Pour arrondir les fins de mois, Cindy Ross fait le ménage chez les gens, de temps en temps. Ce qui lui permet d’empocher une centaine de roupies en plus. Mais ses services ne sont pas sollicités tous les jours.

De toute façon, l’argent disparaît plus facilement qu’il n’apparaît. «Mes dépenses ? De la nourriture essentiellement. J’en achète tant que l’argent dure. Mo pa koné ki apel tir komision mwa.» Quelques légumes achetés et plus de quoi mettre du beurre dans les épinards. Budget? Un gros mot pour elle.

La viande est d’ailleurs une denrée rare dans les cuisines dans cette partie de Tranquebar. Un luxe, que peu d’habitants peuvent se le permettre. Même ceux qui ont un emploi.

Cindy Ross doit également débourser Rs 800 par mois pour que ses filles puissent aller à l’école. «Elles sont petites et ne savent pas prendre le bus. Puis, un car scolaire est plus sûr.» Mais tout cela a un prix. «O milié mwa, bizin demann kass prété. Je rembourse ce que j’ai emprunté dès que je reçois mon salaire. C’est un cercle vicieux. Je ne peux pas faire autrement.»

Des fois, même ses repas se composent de pain trempé dans de l’eau sucrée. À l’approche de Pâques (NdlR, nous l’avons rencontrée vendredi), ce fardeau qu’est la misère est un peu plus dur à porter. C’est pareil à chaque fête, ajoute-t-elle.

Cindy peut cependant compter parfois sur l’aide des gens, touchés par son histoire et son combat. La jeune femme s’estime avant tout heureuse d’avoir un travail. Tous ses voisins n’ont pas cette chance.

Certains n’ont ni eau, ni électricité. Ils ne sont pas raccordés aux réseaux. Mais ils ne s’en plaignent pas. De toute façon, ils n’auraient pas les moyens de payer les factures. «Anfin, dilo éna ennta kan lapli tombé. Ena inondasion tou !»  dit philosophe une voisine. Après tout, mieux vaut en rire qu’en pleurer.

La dame en question, elle, ne travaille pas. Elle a cinq enfants. Survit grâce à une pension de Rs 2000. Et comme Cindy, elle doit compter sur la générosité des autres pour subsister.

En fait, dans cette partie de Tranquebar, une trentaine de familles vivent tous avec moins de Rs 3500 par mois.