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A Tanta, chaos et colère après l’attentat contre une église copte

9 avril 2017, 20:10

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A Tanta, chaos et colère après l’attentat contre une église copte

 

«Comment la bombe a-t-elle pu entrer?»: devant l’église Mar Girgis de Tanta en Egypte, des habitants laissent exploser leur colère après un attentat du groupe Etat islamique (EI) qui a tué 27 fidèles rassemblés dimanche pour la fête des Rameaux.

A l’intérieur de cette église copte, des icônes de Saint-Georges et du Christ ont échappé au souffle de l’explosion. Mais le carrelage maculé de sang et des bancs de bois clairs recouverts de débris témoignent du drame qui a frappé cette communauté chrétienne peu avant 10H00 locales (08H00 GMT) quand une bombe a explosé près de l’autel, en pleine messe.

L’attentat, revendiqué par l’EI, a fait 27 morts et 78 blessés.

«Il y a eu une violente explosion, près de l’autel. Soudain tout est devenu noir, les gens ont volé les uns sur les autres», raconte à l’AFP Edmon Edward, qui assistait à la messe avec son frère Emil. Ce dernier, blessé, se tient à ses côtés un bandeau blanc enroulé autour du crâne.

«J’ai entendu l’explosion et je suis venu en courant: il y avait des gens coupés en deux», raconte à l’AFP Nabil Nader, 65 ans, qui habite juste en face de l’église Mar Girgis (Saint-Georges) de Tanta, à une centaine de kilomètres au nord du Caire.

«Le père d’un ami de mon fils se trouvait au premier rang. On n’a retrouvé que sa chaussure», poursuit-il, la voix nouée par l’angoisse.

Non loin de là, un homme tient dans ses mains, un crucifix tâché de sang, tressé à partir de rameau de palmier, comme le veut la tradition copte en ce jour de fête, et des livres de prière brûlés. «Ils sont entrés pour prier, et ils meurent», remarque-t-il.

Le son des sirènes de police retentit de manière incessante dans la ville, les ambulances poursuivant leur ballet vers l’hôpital pour transporter les blessés.

Très rapidement après l’explosion, la police a bouclé les lieux, empêchant toute entrée dans l’église.

Manquement de la sécurité

Mais les habitants se pressent devant la façade ocre dominée de deux clochers. Ils ne cachent pas leur colère face aux manquements de la police: malgré les détecteurs de métaux, le porteur de la bombe a vraisemblablement pu entrer dans le bâtiment sans encombre.

La tension est palpable, des escarmouches éclatent.

L’église avait indiqué fin mars sur sa page Facebook qu’un «objet suspect» avait été retrouvé devant le bâtiment et qu’une équipe de démineurs l’avait récupéré et transporté «dans un véhicule spécial».

«Comment la bombe a pu entrer, alors que (les policiers) sont assis et alignés» devant l’église, s’insurge Nagat Assaad, qui retient ses larmes. «A quoi servent les détecteurs?», poursuit-elle. «On ne veut pas de leur protection», lâche-t-elle en référence à la police égyptienne.

La communauté copte d’Egypte victime de violentes menaces et attaques de l’EI se sent abandonnée et discriminée par les autorités dans ce pays majoritairement musulman.

Ce dimanche de célébration s’est transformé en une journée de deuil et de désespoir: quelques heures après l’explosion de Tanta, un kamikaze équipé d’une ceinture explosive a tenté de s’engouffrer dans une autre église, à Alexandrie dans le nord du pays.

Le pape copte orthodoxe Tawadros II se trouvait à l’intérieur. Les policiers ont réussi à empêcher le kamikaze d’entrer, mais il s’est fait exploser, tuant 16 personnes.

Les attentats de dimanche sont parmi les plus sanglants commis ces dernières années contre cette communauté qui représente 10% des 92 millions d’Egyptiens.

En décembre, un attentat suicide spectaculaire, revendiqué par l’EI avait frappé au Caire l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, faisant 29 morts. L’attaque était symbolique, puisque cette église est contigüe de l’imposante cathédrale copte Saint-Marc.

Malgré la violence, la peur et le désespoir, les Coptes de Tanta restent déterminés à défendre leur foi. D’un ton plein de défi, une femme lance: «On est chrétien et on restera chrétien».