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Patricia Dorasamy a plus d’un tour dans son sac écolo

9 avril 2017, 16:56

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Patricia Dorasamy a plus d’un tour dans son sac écolo

Depuis l’interdiction de sacs plastique il y a un an, Patricia Dorasamy, couturière, en avait assez que ses légumes et condiments soient mélangés, voire écrasés, dans son panier. Elle a conçu un sac écolo pour les transporter et les ranger dans le bac à légumes de son réfrigérateur.

Chez Patricia Dorasamy, née Croisé, la couture est une tradition familiale. Son père Emmanuel était tailleur chez Laurent, ce qui n’est pas rien. Sa mère savait aussi manier l’aiguille et faisait de la couture à domicile.

Des trois sœurs Croisé, la plus docile est Patricia. «Lors des vacances, papa et maman m’obligeaient à enfiler une aiguille et à recoudre un bouton, par exemple. Pa ti pou gagn droit atas linz ar zéping», raconte la couturière, aujourd’hui installée à Robinson, Curepipe.

Elle réalise elle-même son trousseau de mariage

C’est ainsi qu’elle apprend la couture et se perfectionne en prenant des cours de coupe, de couture et de broderie, proposés par des bénévoles «vie fi». Elle maîtrise si bien les travaux d’aiguille qu’elle coud ses propres vêtements et réalise son trousseau lorsqu’elle épouse Marius Dorasamy à l’âge de 18 ans. «Tou létan mo ti kontan habiyé, mo ti bien koket. Ek sa ti fer mwa plésir pou koud mo prop linz.»

Lors de l’essor du secteur manufacturier et en particulier du textile, Patricia Dorasamy prend de l’emploi comme machiniste chez Corona Textiles. Et bien qu’elle ait gravi les échelons et soit devenue superviseuse, elle démissionne une quinzaine d’années plus tard pour être plus présente pour sa fille Karine et son fils Yannick qui sont rejoints deux ans plus tard par le benjamin Nicholas. «Je savais que je pouvais coudre à domicile comme le faisait ma mère et c’est ce que j’ai fait et que je fais jusqu’à présent.»

Epreuves

Une vilaine chute lui ayant bousillé la hanche, elle s’épuise rapidement. Il faut dire qu’elle se lève tous les jours à 5 heures et range la maison pour pouvoir coudre durant la journée. «Depuis ma chute, je me fatigue vite. J’ai donc dû ralentir un peu la cadence de la couture.» Il n’empêche qu’elle continue à coudre et à s’occuper des tâches ménagères, y compris faire son marché.

Le hic est que depuis que les sacs en plastique ont été bannis le 1er janvier 2016, les marchands ne font que déverser pêle-mêle les légumes achetés dans le panier des ménagères. «Zot nek vid légim dan sak. Ditin, persi, kotomili mélanzé ar tou légim ek so later tou. Rant lakaz ek pom d’amour fini crazé. Bref, ce n’était plus possible.»

La toile écrue dessèche les herbes aromatiques mais ne les noircit pas

Étant une femme pleine de ressources, Patricia Dorasamy réfléchit alors à une alternative. Celle-ci prend la forme d’un sac réutilisable qu’elle coud d’abord à partir de toile écrue et sur lequel elle pose une fermeture éclair. Il est nettement plus hygiénique car il sépare les légumes.

Il est aussi pratique car transportable de la maison au marché et vice-versa. Il est facile à ranger car il passe directement du panier au bac à légumes du réfrigérateur et est réutilisable et lavable en machine lorsqu’il est sale. De plus, contrairement au plastique qui oxyde les herbes aromatiques, la toile écrue les dessèche mais ne les noircit pas.

Etape de la commercialisation

Mais lorsque Patricia Dorasamy pense à commercialiser ce sac écolo, elle réalise que le prix de revient est cher. Désireuse de voir toutes les ménagères en profiter, elle décide de tenter l’expérience avec du tissu écologique de couleur verte – histoire de rester écolo jusqu’au bout –, qu’elle achète en magasin, découpe et coud avant d’y glisser un cordon coulissant.

Elle en fabrique en trois dimensions, un plus petit de 15 par 20 centimètres pour y ranger les piments et autres condiments, un autre de 20 par 30 centimètres destiné aux herbes aromatiques et le plus grand qui fait 25 par 35 centimètres pour accueillir les légumes divers. Une fois ces légumes et herbes aromatiques mis en sacs, elle n’a qu’à coulisser les cordons et ranger les sacs dans son bac à légumes au réfrigérateur.

Meilleure conservation

L’essai est concluant puisque ses légumes et autres herbes aromatiques se conservent plus longtemps. «Nek zis bizin tir bann élastik ki pe tini bann lerb aromatik avan ferm sak-là ek met li dans frigo. Légim conserv plis ki enn semenn ladan.» Et lorsque les sacs sont sales, ils n’ont qu’à être lavés à la main ou en machine et sont prêts à être réutilisés.

Satisfaite du résultat, Patricia Dorasamy qui est membre de l’organisation Entreprendre au Féminin Océan Indien, de même que d’une coopérative, participe à quelques foires et a mis ses sacs en expo-vente. Ils ont immédiatement trouvé preneurs.

Commande

«Ce serait idéal si j’arrivais à trouver un dépôt pour mettre mes sacs en consignation afin que les ménagères puissent les acheter. Mais en attendant, elles peuvent toujours m’en commander», dit-elle en précisant disposer d’un feutre spécial pour inscrire les noms des contenus sur ces sacs.

Patricia Dorasamy applique de petits prix, soit Rs 15, Rs 20 et Rs 25 pour les sacs en trois différentes dimensions mentionnées plus haut. La durabilité y est car ils tiennent bon une dizaine de mois. Patricia Dorasamy a vraiment plus d’un tour dans son sac…