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Soomatee Goodoorah, une «Dhai Ma» aux doigts de fée

8 avril 2017, 20:48

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Soomatee Goodoorah, une «Dhai Ma» aux doigts de fée

Son visage est marqué par le temps, les épreuves. C’est que Soomatee Goodoorah, 65 ans, Outra pour ses proches, a fait des pieds et des mains pour réussir. Pour y parvenir, elle a pu compter sur ses doigts de fée. Ceux-là même qui massent les bébés.

Son métier en voie de disparition, cela fait cinq ans que «Dhai Ma», comme la surnomment les gens du village de Plaine-Magnien, le pratique. Elle n’a pas chômé pour autant, avant. Affairée dans «karo, lor tablisman», elle est également le boute-en-train de sa troupe de Geet Gawai. «Mama papa ti pé santé, tap dolok, monn gagn lamé-la. Nou santé pou maryaz, fet, tousala.»

Et puis, il y a quelque temps, sa maman lui a demandé de reprendre le flambeau. Ou plutôt le réchaud. Depuis, elle va au charbon. Elle entretient la flamme avec plaisir. «Mo kontan fer travay dhai. Ban tibaba ek bann mama santi zot bien kan mo fini froté ek sof zot.»

Ses journées bien remplies démarrent à 5 h 30. Enfin, si son époux, Ramesh, ne la réveille pas avant. «Bolom fini lévé 4 er. Li fer tapaz pou li kas mo somey ! Mo dir li res trankil.» Guéguerre affectueuse qui dure depuis 50 ans maintenant. De cette union d’un demi-siècle sont nés quatre enfants, dont des jumeaux aujourd’hui âgés de 44 ans.

Cheveux au vent, assise sur son sofa en rotin, Outra se frotte les mains. Qui en ont vu des vertes et des pas mûres. «Bizin trasé dan lavi papa. Sinon pa gagn nanié.» Combien gagne-t-elle justement en tant que dhai ? Entre Rs 2 500 et Rs 3 000, pour 12 jours de travail.

Pourquoi doit-on «frotter», «chauffer» bébé ? «Pou ki so bann lavenn, mix largé bien. Pou ki li mars vit.» Avec quoi ? De l’huile d’une marque très connue. «Modern aster.» Les rituels, eux, ont gardé leur cachet d’antan. «Kouma rant kot dimounn, pa al get baba déswit. Bizin alim sarbon, atann réso sofé. Mo dir bannla met dilo so pou mo baign li touzour.» Ce n’est qu’après que Dhai Ma s’attelle au massage du nourrisson.

Des clients, elle n’en a pas beaucoup, dit-elle. Son équipe marketing : le bouche-à-oreille. Qu’importe, ce n’est pas plus mal. «Mo kontan fer zafer bien, pa kontan pres-présé.»

De la patience, il lui en a fallu pour surmonter les obstacles, les intempéries pour voir pousser ses margoz, grandir ses enfants. Son souhait désormais : voir fleurir sa petite «affaire».

Pour cela, elle compte sur elle-même ainsi que sur son courage. «Ou lamé, lipié, samem ki fer larzan sa.»