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Au Pays basque l'aspiration à l'indépendance grandira

8 avril 2017, 15:02

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Au Pays basque l'aspiration à l'indépendance grandira

Arnaldo Otegi, ex-dirigeant de Batasuna considérée comme le bras politique de l'ETA, estime que son «désarmement» est un «événement historique», qui sera suivi d'un débat interne «sur son avenir», tandis que les Basques chemineront vers un pays indépendant.

«On galvaude le mot +historique+ et il perd de la valeur. Mais je crois que le fait qu'une organisation comme l'ETA disparaisse ou se désarme en cette année 2017 eh bien c'est un événement historique», déclare Arnaldo Otegi, lui même ex-membre de l'ETA, dans un entretien à l'AFP.

Faut-il appeler à la dissolution de l'ETA ? 

«Je crois que l'ETA devra lancer un débat entre ses militants sur son propre avenir. Mais je ne vais pas faire d'appel public», répond-il lors de cet entretien réalisé peu avant l'annonce par l'ETA de son processus de désarmement, officialisé samedi.

«Demander à l'ETA, exiger de l'ETA, interpeller l'ETA, ne me paraît pas efficace», ajoute ce dirigeant du parti Sortu, principale figure de la gauche indépendantiste basque. 

Par le passé, «je n'avais fait aucune demande publique pour le désarmement, ni pour l'arrêt de l'activité armée et pourtant ces deux étapes ont été franchies», ajoute-t-il. 

«J'ai toujours considéré que les gestions discrètes (...) fonctionnent mieux».

Otegi, 58 ans, a terminé en mars 2016 de purger une peine de six ans et demi de prison pour avoir tenté de recréer le parti interdit Batasuna, branche politique de l'ETA. 

Controversé pour son refus de demander ouvertement «pardon» aux victimes de l'ETA au nom de l'organisation, il fut aussi l'un des premiers à souhaiter l'arrêt de la violence.

Celle-ci a fait selon les autorités 829 morts entre 1969 et 2010, dont beaucoup de gardes civils et policiers, mais aussi des politiques, des anonymes, des passants.

Un nouveau scénario

L'organisation séparatiste basque armée ETA, créée en 1959 et qui avait annoncé en 2011 qu'elle renoncerait à la lutte armée, ne s'était pas désarmée. 

Elle a annoncé qu'elle procèderait samedi à son «désarmement total» et, premier geste, a remis aux autorités françaises, via des intermédiaires, une liste de huit caches d'armes contant 120 armes à feu et quelque trois tonnes d'explosifs.

Otegi a passé une dizaine d'années en prison mais jamais pour des crimes de sang.

Il a rencontré, en privé, des victimes de l'ETA, «des réunions dures car il y a la logique idéologique et politique, (...) mais quand on fait face à la logique humaine, si l'on est capable d'empathie avec l'autre eh bien (on voit) la tragédie que nous avons vécue et dont nous sommes d'une certaine manière responsables», dit-il.

Otegi considère que le désarmement de l'ETA ouvre «un nouveau scénario», qui permettra à la gauche indépendantiste basque «de mettre sur la table les sujets non résolus: le sort des prisonniers, des personnes recherchées, de la législation d'exception et de la démilitarisation», du Pays basque, dit-il en dénonçant une forte présence policière.

«L'indépendantisme va marquer les prochaines années du pays», assure-t-il alors qu'au Pays basque espagnol, comptant 2,1 millions d'habitants, les partis favorables à l'indépendance ou à une plus large autonomie sont très majoritaires. 

Mais ajoute-t-il cela ne sera «peut-être pas au même rythme qu'en Catalogne», où le gouvernement séparatiste veut déclencher dès cette année un réferendum d'autodétermination.

«Peut-être pas en suivant le même rythme, la même intensité, les mêmes modèles, mais je crois qu'il y aura un débat sur la souveraineté, c'est sûr»

«Ceux qui pensent que cela ne se produira pas, ne connaissent pas bien le pays», ajoute-t-il. 

«Pour nous, l'Espagne n'est pas un Etat qui nous protège (...) notre vie culturelle, nationale, économique, industrielle est hypothéquée, tout est décidé à notre place, et nous voulons récuperer le contrôle sur nos vies».

«Je crois que nous les Basques cheminons vers la construction d'un Etat en Europe».