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Sursis pour les déracinés du Métro Express

5 avril 2017, 22:15

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Sursis pour les déracinés du Métro Express

Elles devaient évacuer les lieux au plus tard le 6 avril. Leurs maisons se trouvant sur le tracé du métro express. mais ces familles n’auront pas à déménager tout de suite. Les autorités ayant décidé de revoir les dossiers au cas par cas...

«Kot pou alé ? Pa koné kot pou alé…» Zaitoune Allabux, 75 ans, est comme un oiseau tombé du nid. Demain, au plus tard, elle doit quitter sa maison, à la rue Motais, La Butte. Celle-ci se trouve sur le tracé du métro express.

La rue Motais est un quartier chic avec de jolies maisons, un garage pour réparation de voitures et des magasins. D’un seul coup, tout ce beau petit monde va se retrouver à la rue.

Nous avons rencontré Zaitoune Allabux chez elle, au n° 10, dans une petite maison créole. Maison que feu son époux avait achetée après avoir économisé sou par sou. «Il avait travaillé très dur.» Son époux travaillait à la «tabagie» qui se trouvait à côté du cinéma Majestic. Il y vendait boissons gazeuses, cigarettes et bonbons.

Son mari, qui est aujourd’hui décédé, a travaillé dur pour leur offrir cette maison, confie la septuagénaire.

 

«Mo latet fatigé.» Assise dans son salon, Zaitoune Allabux, qui vit avec sa fille Bilkiss depuis le décès de son époux, ne cache pas son amertume. Sa vie s’est retrouvée chamboulée le jour où elle a reçu une lettre du ministère du Logement et des terres lui demandant de libérer sa maison au plus tard le 6 avril. «C’est très triste de quitter brusquement tout ce qu’on a construit pendant plus d’une quarantaine d’années.» D’ajouter que son fils, dont la maison se trouve également sur le tracé du métro express, est dans la même situation.

Zaitoune Allabux précise qu’elle n’est pas contre le projet du métro express. D’ailleurs, elle a accepté la compensation de Rs 4 millions qui lui a été offerte. Sauf que cet argent, elle n’en a pas encore vu la couleur. «Ils veulent que je déménage. Mais qu’on me remette cet argent pour que je puisse trouver une maison convenable où habiter. Kot pou alé san enn sou ek tou méb ?»


Les habitants de la butte révoltés

<p>À La Butte, les habitants ont des mots très durs envers le gouvernement. Comme Zaitoune Allabux et d&rsquo;autres résidents de la rue Motais, ils doivent eux aussi, d&rsquo;ici demain, partir de chez eux.</p>

<p>Pour Dhurman, la lettre qu&rsquo;il a reçue le 10 mars a été un véritable coup de poignard. <em>&laquo;Je n&rsquo;ai même pas encore terminé de payer le prêt que j&rsquo;ai contracté pour cette maison !&raquo;</em> L&rsquo;homme ajoute que sa famille a pris du temps pour s&rsquo;adapter à la région. <em>&laquo;Et maintenant, il va falloir tout recommencer à zéro !&raquo;</em></p>

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	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="495" src="/sites/lexpress/files/images/in_3.jpg" width="588" />
		<figcaption>Dhurman se dit furieux contre le gouvernement.</figcaption>
	</figure>
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<p>&nbsp;</p>

<p>Les questions fusent dans sa tête. Il veut comprendre pourquoi <em>&laquo;le gouvernement n&rsquo;a pas fait passer le métro express sur l&rsquo;autoroute au lieu de détruire toutes ces maisons&raquo;</em>. Furieux et frustré, il lâche : <em>&laquo;Le gouvernement ne voit pas que les gens souffrent ?&raquo;</em></p>

<p>Un peu plus loin, c&rsquo;est une autre famille qui est anéantie. Sa maison devra littéralement être coupée en deux. En effet, explique la mère de famille, qui a requis l&rsquo;anonymat, elle va devoir donner 14 mètres de son terrain au gouvernement pour ce projet. <em>&laquo;Le comble, c&rsquo;est que notre cuisine, nos toilettes et salle de bains, ainsi que l&rsquo;escalier qui mène à l&rsquo;étage se trouvent dans ces 14 mètres !&raquo;</em></p>

<p>Non, ils ne sont pas contre ce projet, clament les habitants concernés. <em>&laquo;Nous ne sommes pas contre le progrès de notre pays, mais il fallait y réfléchir à deux, trois fois avant de faire les plans de ce métro express.&raquo;</em></p>

 

La date butoir du 6 avril plus d’actualité

«La construction ne va pas commencer demain. Nous aurons le temps de trouver une solution pour tous.» Au ministère des Insfrastructures publiques, on se veut rassurant, expliquant que la date butoir du 6 avril n’est plus d’actualité. C’est en effet demain que ceux dont les maisons se trouvent sur le tracé du métro express devaient déménager.

Ce report fait suite à la Private Notice Question du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, au ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha, la semaine dernière. Au Parlement, ce dernier avait annoncé que les dossiers des gens qui doivent déménager seraient traités au cas par cas.

 

Un comité composé du Senior Chief Executive Officer  du ministère des Infrastructures publiques ainsi que des officiers du ministère du Logement et des terres, de l’Environnement, entre autres, a ainsi commencé à rencontrer les habitants de La Butte. Un premier rapport sera soumis dans les jours qui viennent, à la suite de quoi une décision sera prise quant à la marche à suivre. «Il y a ceux qui ont des problèmes car le terrain appartient à plusieurs héritiers, d’autres qui ne sont pas d’accord avec le montant des compensations. Nous étudions tous les cas et proposerons des solutions.»

Selon le ministère du Logement et des terres, les premières lettres pour l’expropriation avaient été envoyées en 2014. 88 habitants étaient concernés. Certains ont accepté la compensation qui leur avait été offerte. Mais une trentaine d’habitants n’était pas d’accord et n’a pas déménagé. Selon une source autorisée au ministère, c’est la première lettre envoyée en 2014 qui est la cause de toutes les confusions.