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Michaela Harte: l’enquête au point mort

1 avril 2017, 08:25

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Michaela Harte: l’enquête au point mort

Qui a tué la jeune épouse de John McAreavey ? Six ans après, toujours pas de réponse à cette question. L’Irlandais parlera aux Mauriciens mardi…

John McAreavey, veuf de Michaela Harte, foulera le sol mauricien ce samedi 1er avril. Mardi, il sera face à la presse. Six ans après que le corps sans vie de son épouse a été retrouvé dans leur chambre d’hôtel, à l’ex-Legends, le mystère plane sur l’identité du meurtrier. Les deux principaux suspects, Avinash Treebhowon et Sandip Moneea, ont, eux, été acquittés. L’enquête est toujours ouverte mais elle ne semble pas avancer.

Avinash Treebhowon a, lui, intenté un procès à l’État, réclamant Rs 75 millions pour l’humiliation, le traumatisme et le stress subis. «Le procès de mon client a été appelé mardi dernier. Mais l’affaire a été renvoyée pour permettre à l’État de préparer sa défense», indique son homme de loi, Me Sanjeev Teeluckdharry. 

Qu’en est-il de l’enquête sur le meurtre de Michaela Harte ? L’avocat parlementaire explique que celle-ci est au point mort. «Le dernier développement, c’était une seconde enquête ouverte par l’inspecteur Roland Dabeesing. Il voulait à nouveau interroger John McAreavey mais il a été transféré à Rodrigues.»

Même son de cloche du côté de Me Rama Valayden, avocat de Sandip Moneea. «L’enquête ne bouge pas parce qu’elle est menée par la même équipe. Il y a déjà eu une conclusion dans cette affaire mais c’est sur cette conclusion que l’équipe base son enquête», souligne-t-il. L’avocat avait, en 2013, réclamé qu’une commission d’enquête soit ouverte. Il affirmait que des pièces à conviction avaient été dissimulées.

«Il n’y a pas grand-chose. Tout est en suspens», dit Me Dick Ng Sui Wa, avocat mauricien des McAreavey. Il laisse entendre, cependant, qu’il faudra assister au point de presse de John McAreavey pour connaître la position de son client.

 


Un détective privé se confie

<p>Après que John McAreavey a promis une récompense aux personnes qui aideraient à élucider le meurtre de sa première épouse, Michaela Harte, <em>&laquo;l&rsquo;express&raquo;</em> a approché un détective privé hier. Ce dernier, qui a souhaité garder l&rsquo;anonymat, estime qu&rsquo;il n&rsquo;est pas trop tard pour enquêter à nouveau. <em>&laquo;Ils (NdlR, les proches de Michaela Harte) doivent offrir une récompense pour des informations menant à une condamnation. En même temps, faire une émission télévisée comme &lsquo;&lsquo;Crimewatch&rsquo;&rsquo;, une production télévisée de la British Broadcasting Corporation, qui reconstitue des crimes irrésolus, dans le but d&rsquo;obtenir des informations du public. Un numéro de téléphone doit être mis à la disposition de celui-ci&raquo;</em>, indique-t-il. Par contre, à la question de savoir si la récompense l&rsquo;intéresse, voire s&rsquo;il veut mener sa propre enquête concernant l&rsquo;affaire, le détective privé répond par la négative. Il est d&rsquo;avis que la principale raison pour laquelle Maurice se retrouve avec de tels cas non élucidés reste le manque de formation ou encore l&rsquo;absence d&rsquo;une escouade spécialisée dans l&rsquo;élucidation de crimes. Il pointe également du doigt le système d&rsquo;examen d&rsquo;indices, qualifié de <em>&laquo;dépassé&raquo;</em> et de <em>&laquo;truqué&raquo;. &laquo;Les examens doivent être réalisés de façon indépendante et les scènes de crime ne doivent absolument pas être manipulées&raquo;</em>, affirme-t-il.</p>

 

 

Réaction

Mala Treebhowon : «Avinash n’arrive pas à trouver du travail»

Avinash Treebhowon s’est remarié en août dernier. En février est né son premier enfant, mais il ne peut pas le nourrir, faute de travail. «Jusqu’à aujourd’hui, mon fils n’arrive pas à décrocher du travail», déplore sa mère, Mala Treebhowon. Elle explique que c’est son époux qui travaille pour nourrir la famille. «Mais pendant combien de temps encore pourra-t-il travailler ?»

Sandip moneea : «L’affaire ne me lâche pas»

«En raison des accusations qui pesaient sur moi, j’ai eu beaucoup de mal à trouver un travail. Le lendemain même de mon acquittement, j’ai été à l’hôtel pour pouvoir retrouver mon boulot, en vain. J’ai chômé pendant trois ans. Pourtant, j’ai tout essayé, y compris auprès des boutiquiers. Rien n’y fait», raconte Sandip Moneea. Désormais il enchaîne les petits boulots. Toutefois, bien souvent, il est rattrapé par l’affaire Michaela Harte. «Une fois, j’ai essayé de décrocher le métier de chauffeur auprès d’un étranger. Mais en entendant mon nom, il a refusé de m’employer», dit-il. Il a ensuite pu trouver un job auprès d’un avoué, mais ce dernier a fini par le mettre à la porte. Du coup, il s’est remis à enchaîner les petits boulots. D’ailleurs, à l’heure où l’express le contactait, il était toujours au travail. Hier, il était peintre.

Raj Theekoy : «Les gens ne vous permettent pas d’oublier»

C’est dans un salon de coiffure qu’il loue à Cottage que l’express a rencontré RajTheekoy, témoin vedette du procès. Six ans après les faits, dit-il, les gens en parlent toujours. «Parfois, quand on a des soucis avec le voisinage, les gens n’hésitent pas à nous lancer des commentaires déplaisants. De ce fait, même si on veut tout oublier, les gens, eux, ne nous le permettent pas», confie l’ancien valet de chambre à l’hôtel ex-Legends. Après avoir été exonéré de tout soupçon dans cette affaire, Raj Theekoy, 39 ans, a voulu être réintégré à son poste. Mais sa demande n’a pas été acceptée. Il a fait des demandes d’emploi dans plusieurs hôtels, en vain. Il s’est donc retrouvé dans l’obligation de se mettre à la maçonnerie. «Ce n’était pas évident. C’était tout nouveau pour lui. Il se blessait souvent», relate son épouse Manisha, 29 ans. Deux ans plus tôt, Raj Theekoy s’est mis à son propre compte. Il loue un salon. «J’ai appris la coiffure depuis l’âge de 10 ans. J’ai donc voulu mettre ce savoir-faire en pratique», explique-t-il. «La situation financière n’est pas la même non plus. Mais il faut bien trasé», dit Manisha, autrefois secrétaire administrative, qui a arrêté de travailler, pour être aux côtés de son mari pendant ses moments durs. Les Theekoy, qui ont deux fils de quatre et dix ans, disent espérer qu’un jour peut-être, tout cela sera derrière eux…

Dr Sunassee : «tout cela m’a marqué… »

Il est le premier médecin à avoir examiné la victime dans l’après-midi du 10 janvier 2011. Lui, c’est le Dr Ramchandra Sunassee. Joint au téléphone hier par l’express, celui qui est retraité aujourd’hui a confié que c’était la première fois qu’il assistait à une telle scène, en 20 ans de carrière.

<p><em>&laquo;J&rsquo;exerçais à ce moment-là comme médecin généraliste à la clinique du Nord lorsque l&rsquo;on m&rsquo;a demandé d&rsquo;aller à cet hôtel. Je me suis retrouvé par la suite à aller témoigner en cour. Tout cela m&rsquo;a tellement marqué que je ne souhaite pas revenir là-dessus&raquo;</em>, a-t-il affirmé.</p>

<p>Selon l&rsquo;express du 29 juin 2011, le Dr Sunassee est revenu sur ce jour fatidique en cour, lors de l&rsquo;enquête préliminaire, présidée par la magistrate Sheila Bonomally. Le médecin a raconté comment il a reçu un appel de l&rsquo;ex-Legends vers 15 h 30, le 10 janvier 2011. Il s&rsquo;y est rendu vers 16 heures. Arrivé à la chambre no 1 025, il a vu une personne gisant inconsciente, près de la baignoire. En l&rsquo;examinant, il a constaté que la femme était morte. Il a alors demandé aux membres du personnel de l&rsquo;hôtel d&rsquo;alerter la police. Interrogé ce jour-là par Me Mehdi Choony, <em>Principal State Counsel</em>, le médecin a aussi spécifié qu&rsquo;il a noté une égratignure sur le côté droit du cou de Michaela Harte.</p>