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Narendra Modi, plus que jamais l'homme fort d'une «nouvelle Inde»

14 mars 2017, 12:39

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Narendra Modi, plus que jamais l'homme fort d'une «nouvelle Inde»

Avec sa victoire écrasante à une élection régionale clé, le nationaliste hindou Narendra Modi domine la politique indienne comme aucun dirigeant depuis des décennies et approche des législatives de 2019 en position de force.

Le Bharatiya Janata Party du Premier ministre a raflé ce week-end les trois quarts des sièges à l'élection régionale de l'Uttar Pradesh, État le plus peuplé d'Inde et cœur battant du nord hindiphone.

Cette terre aux 200 millions d'habitants, notoirement difficile à gouverner, n'avait pas accordé une victoire aussi large à une formation depuis une génération.

La vague safran, la teinte emblématique du BJP, a aussi emporté l'Etat montagneux de l'Uttarakhand et va, grâce à un jeu de coalitions, former les gouvernement à Goa et au Manipur malgré sa seconde place. Pulvérisé en Uttar Pradesh, le parti du Congrès a seulement réussi à reconquérir le Pendjab.

«Une nouvelle Inde émerge», s'est félicité sur Twitter Narendra Modi, porté au pouvoir voilà bientôt trois ans avec une majorité absolue que le pays n'avait pas connu depuis trois décennies.

Pour ces régionales, le BJP avait fait de sa campagne un référendum autour de la personne de Narendra Modi, saturant l'espace de son image et de sa présence. Le charismatique Premier ministre a sillonné le terrain, enchaînant les meetings diffusés en direct par les télévisions.

Une stratégie risquée, qui s'était retournée contre lui lors de l'élection dans l'État du Bihar en 2015, mais qui s'est avérée payante cette fois-ci.

Application «NaMo», comptes Twitter et Facebook parmi les plus suivis des dirigeants de la planète, visage placardé à tous les coins de rue. Dans le monde réel comme virtuel, impossible d'échapper à la présence du Gujarati.

L'homme suscite une adulation des masses sans équivalent dans ce pays de 1,25 milliard d'habitants depuis les Premiers ministres Jawaharlal Nehru et Indira Gandhi, figures historiques du parti du Congrès.

«Depuis ces temps, nous n'avons jamais vu un seul individu dominer la politique de la manière dont Modi la domine», déclare à l'AFP Paranjoy Guha Thakurta, rédacteur en chef du Economic and Political Weekly.

Si la chambre haute du Parlement est encore contrôlée par l'opposition, qui freine sa marge de manœuvre, les récentes victoires électorales de M. Modi vont lui permettre de se rapprocher de la majorité au sein de cette assemblée cruciale.

Il sort renforcé de cette bataille électorale, qui lui donne davantage de poids sur la scène internationale aussi bien pour traiter avec le frère ennemi pakistanais que pour tenter d'obtenir pour l'Inde un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.

Messie des pauvres

Même la démonétisation controversée de l'automne n'a pas eu raison du dirigeant nationaliste. Jugée inconsidérée par nombre d'experts, cette décision radicale semble avoir au contraire jouée en sa faveur dans les urnes.

Malgré les perturbations économiques engendrées, Narendra Modi l'a habilement présentée comme une mesure de justice sociale dirigée contre les riches corrompus. Un message martelé par le Premier ministre à longueur de meetings, qui est même une fois apparu en larmes à la télévision pour le rappeler.

Il a ainsi su s'adresser directement aux masses pauvres, faisant résonner la fibre de leur mépris pour les élites riches.

«Il fait appel à l'émotion. Le fait qu'il ait réussi à présenter la démonétisation de cette manière en dit long sur sa capacité à convertir ce qui aurait pu être un boulet en une force», analyse M. Thakurta. 

En courtisant les voix des pauvres, le BJP sort de son électorat traditionnel, historiquement composé de commerçants et de la classe moyenne. En Uttar Pradesh, les nationalistes hindous ont investi dans plusieurs circonscriptions des candidats de basses castes afin d'aller chasser sur le territoire électoral de leurs rivaux.

«La reconversion du BJP, et particulièrement de Modi en Messie des pauvres, est maintenant achevée», estimait dans un éditorial le journal Business Standard.

Avec un Parlement favorable dans sa poche, un vote massif de confiance à mi-mandat, Narendra Modi semble sans rival alors que pointent à l'horizon les élections législatives de 2019, où il briguera un second mandat.

En Uttar Pradesh, «davantage que pour le parti, c'est une victoire pour la marque Modi», estime Sanjay Kumar, du Centre for the Study of Developing Societies.