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Qui es-tu Álvaro de Oliveira Madaleno Sobrinho ?
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Qui es-tu Álvaro de Oliveira Madaleno Sobrinho ?
Dommage qu’il ait décidé de fuir les journalistes. Parce qu’en retraçant le parcours de cet «éminent philanthrope», comme Álvaro Sobrinho aime à se présenter, il y a de quoi se poser deux-trois petites questions. Voire plus.
1962
Naissance à Luanda dans une famille angolaise. Le pays est encore une colonie portugaise, une guerre d’indépendance fait rage. Son père est décrit dans les médias portugais comme un modeste fonctionnaire de la ville. À l’Indépendance (1975), le papa investit dans une pâtisserie qui devient la principale source de revenus de la famille.
Années 1980
Sa famille l’envoie étudier au Portugal, avec son frère et sa soeur. Il décroche une licence en mathématiques et statistiques à l’université de Lisbonne. Devant la commission d’enquête qui l’auditionne en 2014, il fait savoir qu’il était déjà riche en arrivant au Portugal, et précise que ses parents lui avaient acheté une voiture et une maison près de l’université.
2000
Après des débuts professionnels dans une compagnie d’assurances, il rejoint l’empire portugais Espírito Santo, comme gestionnaire des actifs de la banque BES (Banco Espírito Santo). C’est encore le joyau du groupe : 800 agences et plus de 10 000 collaborateurs dans le monde. La banque s’effondrera en 2014, plombée par ses nombreux actifs toxiques, ses comptes maquillés et ses dirigeants corrompus.
2002
Il participe à la création d’une filiale angolaise de la BES, la Banco Espírito Santo Angola (BESA), dont il sera le CEO pendant dix ans. Ce sont les années fastes. Les affaires sont bonnes, Sobrinho est considéré comme le dauphin de Ricardo Salgado, le tout-puissant patron de la BES. Pour ses placements personnels, il ne s’interdit rien et investit à tout-va dans l’immobilier de luxe, la presse ou le football, le tout par l’entremise d’une holding basée au Panama.
2009
La BESA commence à s’empêtrer dans un système de crédits douteux. Selon des sources policières et judiciaires, elle distribue au moins 6 milliards d’euros qu’elle ne récupérera pas. Ce montant équivaut à 220 % des dépôts de la filiale, alors que les banques prêtent généralement moins de 100 %. La presse économique portugaise révèle qu’une partie de l’argent aurait atterri dans des compagnies liées à Sobrinho. Sa famille en aurait également profité, ainsi que des politiques angolais et des dirigeants du groupe Espírito Santo.
2011
Son nom est cité dans une vaste affaire de blanchiment et d’évasion fiscale dont les ramifications s’étendent jusqu’en Suisse et au Cap-Vert. La fraude est chiffrée à un milliard d’euros, du jamais-vu au Portugal. C’est à cette période qu’il fonde Planet Earth Institute (PEI), une ONG basée à Londres dont le but est d’«oeuvrer pour l’indépendance scientifique de l’Afrique». Les employés de cette «organisation caritative» peuvent toucher plus de Rs 5 millions par an, indique le dernier rapport financier.
2012
Sobrinho n’est plus en odeur de sainteté auprès de la maison mère, à Lisbonne. Il est débarqué de son poste de CEO et rétrogradé président non exécutif de la filiale angolaise.
2013
Alors que la BES s’écroule, Sobrinho fait ses valises et atterrit à la Banco Valor, une autre banque angolaise. Il en devient en quelques mois le grand patron et l’actionnaire majoritaire. L’aventure ne dure qu’un an. La presse rapporte qu’il est devenu indésirable aux yeux de la banque centrale angolaise.
2014
Au Portugal, une commission d’enquête parlementaire cherche à démêler le rôle de Sobrinho dans l’effondrement de la BES. En vain, les auditionnés se réfugient derrière le secret bancaire angolais. Interrogé à son tour, l’ancien golden boy d’Espírito Santo refuse de répondre aux questions qui concernent son train de vie. Les députés mettent au jour le décalage entre ses revenus de banquier et ses investissements personnels faramineux, mais Sobrinho se mure dans le silence.
2015
En août, il sollicite la Financial Services Commission (FSC) pour trois «Global Business Licences», qu’il obtient six mois plus tard. Dans l’intervalle, PEI inaugure une antenne mauricienne. Une cérémonie en grande pompe a lieu au Château du Réduit. Ameenah Gurib-Fakim est nommée «Vice- Chairman» de l’institut dans un premier temps, puis «patron», au sens anglais de «soutien».
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