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Menon Munien: «Nous voulons développer un projet social national»

9 mars 2017, 09:20

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Menon Munien: «Nous voulons développer un projet social national»

Le président de la National CSR Foundation promet un nouveau cadre pour l’octroi des fonds aux ONG. Il insiste sur une gestion respectant les normes de la bonne gouvernance.

La National Corporate Social Responsiblity (CSR) Foundation précise dans un communiqué qu’elle procède à un nouvel enregistrement des organisations non gouvernementales (ONG). N’aurait-il pas été plus simple de se référer au registre du Mauritius Council for Social Service ?

Le comité n’a pas tenu compte des listes existantes pour deux raisons. D’abord, je n’ai trouvé que des bouts de registres un peu partout. Et il existe un registre que le ministère de l’Intégration sociale a compilé, mais il est basé sur six axes prioritaires ; alors que nous travaillons dorénavant sur dix axes. En refaisant le registre, nous voulons donner l’occasion à toutes les ONG de s’inscrire. Ce faisant, nous voulons aussi être sûrs d’avoir toutes les parties prenantes enregistrées dans notre système.

Depuis quand le comité fonctionne-t-il ?

Depuis la mi-janvier. Nous avons pris le temps de faire un audit de celui existant et qui se résume à un certain nombre de documents, pas nécessairement actualisés. Par exemple, la liste des ONG enregistrées et des frameworks/guidelines s’appuient sur le passé. Nous avons besoin d’un cadre actualisé et inspiré de la Charte de la fondation. Je dois désormais élaborer des directives pour le déboursement du financement. Il nous faut des structures de bonne gouvernance pour pouvoir gérer au mieux ce déboursement et la gestion des fonds du CSR.

Quand comptez-vous présenter ces directives ?

Nous espérons les présenter à la fin du mois. Pour démarrer, nous effectuons une étude déjà commencée depuis vendredi dernier. Nous demandons des documents permettant de crédibiliser les ONG. La fondation travaille actuellement avec deux personnes prêtées par le ministère de l’Intégration sociale. Elle recrutera huit personnes pour faire du renforcement de capacités avec les ONG qui ont besoin d’encadrement.

Les ONG se plaignent d’être obligées de présenter un nouveau projet annuellement pour bénéficier des fonds du CSR alors que pour obtenir des résultats, elles doivent œuvrer dans la continuité. Conserver ce modèle d’un projet annuel, c’est les mettre sur une voie de garage. Votre commentaire ?

L’argent du CSR sera alloué sur la base d’un projet présenté par l’ONG et accepté par la fondation. L’argent d’un budget peut être pérenne mais pas celui du CSR. Cet argent-là ne peut être géré comme un budget. Nous ne pouvons débourser que l’argent que nous recueillons des 2 % de profits d’une compagnie lorsqu’elle en fait.

En d’autres mots, des ONG sont vouées à une mort certaine ?

Pas nécessairement. Nous discuterons en comité et avec toutes les parties concernées. Certaines ONG peuvent et doivent bénéficier d’allocations du ministère de tutelle. C’est pour cette raison que dans notre communiqué, il est question d’assurer une coordination avec les ministères concernés directement par les projets des ONG. Nous avons un mandat pour faciliter les discussions avec les ministères. On fera ce que l’on a toujours fait à Maurice, à savoir, négocier le best deal possible avec tous les partenaires pour que Maurice en sorte gagnant.

Quid des ONG faisant de la réhabilitation d’anciens dé- tenus ou d’anciennes usagères de drogues injectables et qui ne peuvent présenter des projets annuellement ? N’est-ce pas les condamner ou les inciter à mentir ?

Écoutez, je prends note des difficultés que vous soulevez. Nous en discuterons en comité avant la publication des directives. Mais mentir n’est pas acceptable.

La perception du fonctionnement de cette fondation est qu’elle permettra au gouverne- ment d’utiliser le financement des ONG comme un levier politique. Votre avis ?

C’est manquer de confiance envers la fondation et les 11 membres qui y siègent. Pour rappel, elle comprend des représentants des ministères, du secteur privé, de la société civile et des universitaires. Notre objectif est de travailler ensemble pour mettre en œuvre un projet social national. Nous avons organisé des sessions de brainstorming. Nous recherchons des informations et travaillons sur un plan qui donnera toutes les garanties nécessaires nous permettant d’agir au nom de la société mauricienne et de dissiper les craintes des uns et des autres.

Je sais que la perception va dans ce sens mais je vais tout faire pour la briser. Notre objectif ultime, je le répète, est de travailler ensemble pour que l’on puisse faire un projet social permettant à tous les Mauriciens de mieux vivre. Je suis conscient de ces critiques, tout comme je sais que les ONG nous reprochent de ne pas aller assez vite. Nous ne pouvons aller plus vite car il y a un travail de back-office important à faire dans le respect des règles de la bonne gouvernance et il nous faut non seulement un encadrement humain dont nous ne disposons pas encore, mais aussi des procédures pour rédiger ces directives en tenant compte des réalités mauriciennes.