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Brexit: vote à haut risque devant les Lords britanniques

1 mars 2017, 19:52

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Brexit: vote à haut risque devant les Lords britanniques

Le gouvernement de Theresa May pourrait essuyer un camouflet mercredi devant la chambre des Lords, qui s’apprête à voter un amendement destiné à protéger les droits des trois millions d’immigrés européens dont la présence au Royaume-Uni est remise en cause par le Brexit.

Le vote prévu dans l’après-midi de cet amendement, déposé par l’opposition travailliste, pourrait in fine retarder l’adoption du projet de loi autorisant l’activation de l’article 50 du Traité de Lisbonne, qui lancera la procédure de divorce d’avec l’Union européenne, ce que Mme May entend faire d’ici à la fin mars.

Idéalement, le gouvernement conservateur souhaiterait que les Lords approuvent le texte sans l’amender, évitant ainsi un nouvel examen par les députés, qui l’avaient adopté en première lecture le 9 février par 494 voix contre 122.

Mais contrairement aux Communes, les conservateurs ne sont pas majoritaires à la chambre des Lords, avec seulement 252 sièges sur 805.

Dans une tentative de dernière minute de faire pencher la balance, la ministre de l’Intérieur Amber Rudd a écrit une lettre aux Lords pour les convaincre de rejeter l’amendement, trahissant la nervosité de l’exécutif à l’approche du vote.

Mme Rudd assure dans cette missive que le gouvernement fera de la protection des droits des immigrés européens au Royaume-Uni une «priorité» des négociations à venir avec Bruxelles.

Mais la ministre prévient également que garantir leurs droits avant même d’avoir obtenu des assurances similaires pour les Britanniques vivant dans l’UE «n’aidera pas à régler» le problème.

Las pour le gouvernement conservateur, les travaillistes ont immédiatement adressé à Mme Rudd une fin de non recevoir, en l’accusant d’utiliser les immigrés comme «monnaie d’échange».

'Bouclez-la!' 

Le parti libéral démocrate (centre) a également rejeté la proposition. «C’est le rôle des Lords et les menaces vides ne nous empêcheront pas d’améliorer (le texte)», a déclaré Richard Newby, leur leader à la chambre des Lords.

Ces derniers, nommés à vie par la Reine, se savent en effet épiés. Des sources proches du gouvernement ont récemment rappelé que l’opinion publique s’interrogeait sur la légitimité de cette assemblée non élue.

Chahuté sur les bancs de la chambre des Lords, le gouvernement a également essuyé les critiques de l’ancien Premier ministre conservateur John Major, qui a mis en garde Theresa May contre un Brexit «dur».

«J’observe avec une inquiétude croissante qu’on laisse miroiter aux Britanniques un avenir en dehors de l’UE qui semble irréaliste et beaucoup trop optimiste. Il y a un vrai risque que l’accord final soit très en dessous des espoirs et des attentes», a-t-il déclaré lundi lors d’un discours au cercle de réflexion Chatham House.

C’est le truculent ministre des Affaires étrangères Boris Johnson qui s’est chargé de lui répondre, en fustigeant les oiseaux de mauvais augure.

«Il m’arrive parfois de perdre patience quand j’entends les gens se lamenter sur l’état du monde», a-t-il déclaré lors d’un discours devant la Chambre de commerce britannique.

«Et quand je les entends nous dire que le ciel va nous tomber sur la tête (...), j’ai envie de dire... mais bouclez-la!».