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Philippines: manifestations après l’arrestation d’une opposante

25 février 2017, 17:45

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Philippines: manifestations après l’arrestation d’une opposante

Des milliers de personnes, auxquelles s’est joint l’ex-président Benigno Aquino, ont manifesté samedi à Manille contre la brutale guerre antidrogue du président philippin Rodrigo Duterte, au lendemain de l’arrestation de sa principale opposante Leila De Lima.

Les manifestants dénonçaient le meurtre de milliers de personnes soupçonnées de trafic de drogue. Certains ont averti des risques de retour à une dictature, au 31ème anniversaire de la chute du dictateur Ferdinand Marcos en 1986 après la «Révolution du peuple».

Parallèlement, des centaines de supporteurs de Duterte commençaient à se regrouper pour une veillée de soutien à la guerre antidrogue, à laquelle les organisateurs ont appelé «un million» de participants. Ils portaient des banderoles proclamant «oui à la paix, non à la déstabilisation» ou les désignant comme des «amis de Bongbong Marcos», fils de l’ancien dictateur.

«Nous lançons une mise en garde contre la menace de la montée du fascisme», a déclaré en matinée à l’AFP Bonifacio Ilagan, venu à la tête d’un millier de manifestants dénonçant la guerre antidrogue devant le siège de la police nationale où a été emprisonnée vendredi la sénatrice Leila De Lima.

Ce dramaturge, durement torturé dans les années 1970 sous Marcos, a dénoncé «la culture de l’impunité» engendrée par cette guerre antidrogue de M. Duterte.

Venu avec quelque 2.000 autres manifestants, M. Aquino s’est élevé contre l’emprisonnement de Mme De Lima, ex-ministre de la Justice sous sa présidence.

Il a également rejeté des accusations formulées par des porte-parole de M. Duterte évoquant un complot pour déstabiliser le nouveau président. «Comment pourrions-nous provoquer une déstabilisation alors qu’en réalité nous proposons notre aide», a lancé M. Aquino.

Des images de télévision ont montré la police arrosant une centaine de manifestants pour les repousser, sans faire de victimes.

Mme De Lima avait dénoncé la veille une volonté de la faire taire, récusant les accusations de trafic de drogue à l’origine de son arrestation. Amnesty International a estimé qu’elle devrait être considérée comme une prisonnière d’opinion.

En 2009, alors à la tête de la commission des droits de l’homme, elle avait ouvert une enquête sur les agissement de M. Duterte à Davao (sud) dont il a longtemps été maire. Il est soupçonné d’y avoir orchestré ou toléré des escadrons de la mort qui ont visé des criminels présumés et des enfants des rues, tuant plus de 1.000 personnes.

Depuis l’entrée en fonction de M. Duterte fin juin 2016, la police a annoncé avoir tué 2.555 suspects tandis qu’environ 4.000 autres personnes ont été abattues dans des circonstances non élucidées.

M. Duterte, qui n’a pas exclu d’utiliser l’état d’urgence pour lutter contre le trafic de drogue, a pris la décision controversée de faire enterrer Marcos (1917-1989) en novembre dernier au cimetière réservé aux héros de la Nation.

Samedi, une autre manifestation d’environ 150 personnes réclamant l’exhumation de Marcos a été bloquée par la police anti-émeutes devant la porte du cimetière, a constaté un photographe de l’AFP.