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Conférence de Jean-Marie Cavada: oubliez l’objectivité journalistique

22 février 2017, 08:50

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Conférence de Jean-Marie Cavada: oubliez l’objectivité journalistique

On a invité Jean-Marie Cavada. On l’a subi, mardi 21 février. Avec bonheur. Car ce n’était ni un politicien, ni un politique, en veste et cravate, qu’on a écouté et entendu à Ébène, au cœur de la cybercité. Mais bel et bien un homme public. Comme les filles du même nom !

Sans entourloupes, ou contrevérités, l’ancien journaliste, aujourd’hui député européen, a dit bien des choses à une audience réceptive et sensible, déjà acquise depuis le temps de la Marche du siècle. Cavada a dit les choses, comme il le sent, sans prétendre détenir la science infuse.

Quand il est entré dans la vie publique en 2004, après ses années dans la presse, il a eu l’impression de simplement passer de l’autre côté de la rive, tout en exerçant la même mission de service public. La politique, insiste Cavada, il faut s’en mêler, même si on ne veut pas, car cela nous concerne tous, ainsi que nos enfants. Et les enfants de nos enfants. C’est l’air qu’ils vont respirer après nous.

«Je n’ai pas voulu rester au bord de la rivière. Ce n’est pas parce que je suis vertueux ou pas, mais je sentais en moi ce devoir de faire quelque chose pour la France, pour l’Europe (...) moi, l’enfant issu de l’assistance et des écoles publiques.»

Pour Cavada, il y a clairement un problème de représentativité en politique, ce qui expliquerait pourquoi les gens, les jeunes surtout, votent de moins en moins - sauf pour la présidentielle. «Les garagistes ne sont plus au Parlement. Et il n’y a jamais d’infirmières qui deviennent ministres de la Santé.»

Il n’a pas dit, par contre, qu’on a un trop plein d’avocats qui polluent le système. En revanche, Cavada pense qu’il faut questionner ceux qui font carrière dans la politique, sans limitation de mandats aucune. En pensant être l’épicentre de l’univers.

En évoquant le thème «la presse et le pouvoir», il s’est longuement attardé sur «les presses». Entre la radio, la té- lé, la presse écrite (celle qui fouille le plus) et celle qui survit uniquement grâce à Internet (celle qui désinforme le plus, car plus apte à se muer en réceptacle de rumeurs et de propagande). «L’objectivité absolue, on peut la frôler, mais elle n’existe pas ! L’impartialité est plus facile à atteindre.»

Et à ceux qui lui demandent ses commentaires sur Maurice, il répond poliment qu’il ne connaît pas suffisamment le pays pour en faire étalage. «Si vous n’avez pas vécu en France ou si vous la connaissez peu, je vous écouterais avec méfiance.»

Le peu qu’il croit savoir de Maurice, c’est qu’on vit davantage en paix qu’en guerre. «Pas forcément sur le plan économique, pas sur le plan militaire, mais sur le plan communautaire, je pense que nous devons apprendre de vous, de votre vivre-ensemble.»

Pro-Macron, Cavada pense que Marine Lepen, «une blonde qui fait peur !», est un danger, comme Trump qui vit «dans sa caverne». Et comme les autres mouvances extrémistes qui veulent déstabiliser la démocratie, le soutien russe n’est jamais bien loin. Comme le dit le Nobel, Élie Wiesel : «Les peuples qui ne connaissent pas leur histoire s’exposent à ce qu’elle recommence...»

Et pour finir, ce conseil de Cavada pour les amoureux de la démocratie : «Les journalistes, si vous frappez à leur porte, ils vont finir par l’ouvrir !»

On confirme.