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Départ d’AirAsia X: la thèse du lobby ethnique se crashe

19 février 2017, 20:00

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Départ d’AirAsia X: la thèse du lobby ethnique se crashe

La nouvelle est tombée du ciel, lundi. AirAsia X annonçait qu’elle cessait ses opérations à Maurice. Au grand dam des Mauriciens, qui sont nombreux, depuis l’arrivée de la compagnie le 5 octobre 2016, à profiter des voyages low-cost vers des destinations comme la Malaisie, Bali ou encore l’Australie. Mais qu’est-ce qui explique ce départ soudain ?

Pour le leader de l’opposition, il s’agit de pressions exercées par Air Mauritius. Dont le sombre dessein était de faire voler en éclats le contrat d’Air Asia, a fait ressortir Xavier-Luc Duval, lors d’une conférence de presse, avant-hier. «Il y a un groupe de personnes au sein du bureau du Premier ministre qui n’est pas étranger à ce départ. Elles étaient farouchement opposées à la présence de la compagnie low-cost à Maurice. Bizin protez vas à lait», a affirmé le leader du PMSD en volant dans les plumes du Paille-en-Queue.

Qu’en est-il du «lobby ethnique» dont parle le journal singapourien The Independent ? Contactés pour des éclaircissements, les responsables de la rédaction se sont contentés de dire, par courriel, qu’ils se sont basés sur les dires d’une «source inconnue». Alors que, dans un autre article, theindependent. sg affirme qu’il s’agit d’une déclaration d’un ancien Chief Executive Officer d’Air Mauritius. Que les journalistes qualifient d’ «ignorant» dans la foulée. De quoi plomber l’aile de la fiabilité d’une telle publication.

D’ailleurs, Prakash Jawaheer, président de l’Air Mauritius Staff Association, dément cette assertion facatégoriquement. «Sur les vols vers Maurice, les avions d’AirAsia n’étaient pas remplis à 100 %. De ce fait, ils encouraient des pertes, d’où cette décision.» Et d’ajouter : «De toute façon, à chaque fois qu’il se passe quelque chose à Maurice, on arrive à trouver des causes aléatoires pour l’expliquer.»

«Restructuration des opérations»

Même les employés de la compagnie locale peinent à comprendre la thèse du lobby ethnique. «Que voulait donc dire ce journal ? Il peut y avoir mille raisons pour lesquelles AirAsia X a plié bagage, mais cela n’en est pas une.» Attention, prévient-elle : «Cela ne veut pas dire que MK n’y est pour rien…» En attendant, la raison officielle pour expliquer son départ : la compagnie low-cost a évoquée la restructuration de ses opérations». Le contrat signé par Air Asia X stipulait qu’il devait ramener 10 000 touristes vers Maurice, par an. Cela, afin qu’elle puisse bénéficier des «incentives» offertes par l’aéroport SSR en termes de taxes.

Or, les voyageurs étrangers ne se bousculent pas au portillon quand il s’agit d’emprunter la ligne Malaisie-Maurice ou Singapour-Maurice, ces derniers étant plus attirés vers l’Europe. «C’est pour cela que Singapore Airlines et Malaisia Airlines ont préféré abandonner leurs vols vers Maurice et instaurer un code sharing avec Air Mauritius», explique un ancien cadre de la compagnie nationale.

Le code sharing étant, en fait, un arrangement par lequel deux ou plusieurs compagnies aériennes partagent un même vol. Une place peut être achetée à une compagnie aérienne pour un vol qui sera opéré par une autre sous un numéro de vol ou un code différent.

Des Mauriciens dépités

<p>La nouvelle leur a plombé l&rsquo;aile. De nombreux Mauriciens comptaient, en effet, profiter des billets à prix réduits sur les vols d&rsquo;<em>AirAsia X </em>pour visiter des contrées lointaines. Ils témoignent.</p>

<p><strong>Edwige Wo Kai Song </strong></p>

<p>&laquo;<em>Je suis partie en Australie avec mon mari le 4 février dernier. J&rsquo;étais censée rentrer le 8 avril, mais avec le changement, tout est chamboulé. Je suis venue pour assister l&rsquo;accouchement de ma belle-fille. Puis, il y aura le baptême. Nous ne pouvons pas changer les dates ! Du coup, nous sommes coincés ici sans savoir quoi faire. La situation est compliquée, ça gâche un peu notre bonheur. Il faudra voir comment faire pour rentrer</em>.&raquo;</p>

<p><strong>Zoonoobee Noordally </strong></p>

<p>&laquo;J<em>e m&rsquo;envole pour Kuala Lumpur le 4 mars, pour une semaine. C&rsquo;est le prix qui a fait que j&rsquo;ai choisi AirAsia. Le billet était moins cher de Rs 7 000, même avec les bagages et le repas à bord. Mon seul regret est de n&rsquo;avoir pas pu en profiter avant. </em>AirAsia X<em> était vraiment une compagnie à la portée de la classe moyenne. C&rsquo;est nous qui sommes pénalisés dans cette histoire</em>. &raquo;</p>

<p><strong>Kavishni Mungur </strong></p>

<p>&laquo;<em>J&rsquo;ai visité la Malaisie l&rsquo;année dernière. Au début, j&rsquo;appréhendais un peu le voyage à cause des histoires qu&rsquo;on entendait sur la compagnie low-cost. Mais tout s&rsquo;est très bien passé. Pour Rs 15 000, j&rsquo;avais droit à 40 KG de bagages. De plus, les sièges sont très confortables. Avec le départ</em> <em>d&rsquo;AirAsia X,</em> <em>nous avons fait 100 pas en arrière. Au moins, ils proposaient des prix abordables et les Mauriciens pouvaient faire autre chose que de travailler ! Maintenant, le même vol vers la Malaisie me coûtera Rs 32 000 et le service sera médiocre.</em>&raquo;</p>

<p><strong>Fabrice Larose </strong></p>

<p>&laquo;<em>J&rsquo;avais prévu de me rendre en Thaïlande cette année avec mes amis. Mais le plan est tombé à l&rsquo;eau, lundi dernier. Avec</em> <em>AirAsia X</em>, <em>cela nous aurait coûté moins cher d&rsquo;aller à Bangkok qu&rsquo;à La Réunion&hellip; Cette compagnie a permis à beaucoup de Mauriciens de voyager, et maintenant, nous sommes de retour à la case départ</em>.&raquo;</p>