Publicité

Pension de vieillesse: le cap des 200 000 bénéficiaires franchi

19 février 2017, 18:45

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Pension de vieillesse: le cap des 200 000 bénéficiaires franchi

Dans le tourbillon de l’actualité de la semaine, un chiffre est passé inaperçu. 

Il donne la mesure d’un enjeu du moment : le vieillissement de la population. Le nombre de Mauriciens qui touchent une pension de vieillesse a dépassé pour la première fois les 200 000. Au 31 décembre 2016, Statistics Mauritius a dénombré 200 917 bénéficiaires d’une Basic Retirement Pension, soit près de 9 000 de plus qu’à la fin de l’année 2015. Cela représente une hausse de 4,5 % en un an, un rythme qui reste dans la moyenne de ces dernières années.

Un milliard à sortir tous les mois, c’est désormais le tarif pour l’État. 

En tenant compte du fait que le nombre de bénéficiaires grossit d’environ 700 personnes à chaque paiement, le montant à débourser cette année devrait avoisiner les Rs 14 milliards. Soit le double d’il y a six ans, et autant que les budgets de l’éducation primaire, secondaire et tertiaire réunis. Pour fixer les idées, sur Rs 100 dépensées par l’État, Rs 10 vont aujourd’hui dans la caisse des pensions de vieillesse.

Sachant que la barre des 300 000 bénéficiaires sera atteinte dans une quinzaine d’années, il y a donc une véritable bombe à retardement tapie au fond des comptes publics. Si elle a été anticipée ? Il n’y a pas si longtemps, les projections de la Sécurité sociale tablaient sur un coût annuel de Rs 12 milliards à l’horizon 2045…

Et puis il y a cette répartition qui pose question.

En regardant de plus près les chiffres, on constate que l’armée des «pensionnés» n’est pas composée de vieux, loin s’en faut. Ils sont moins de 2 % au-delà de 90 ans. Le bénéficiaire type – appelons le Prem – vient à peine d’entrer dans la soixantaine. Il touche une pension de Rs 5 450, de quoi faire trois pleins d’essence, du beurre dans les épinards de son salaire de taxi. Pour ses parents qui ont fêté leurs 90 ans, c’est une autre histoire : eux ont droit à une coquette pension de Rs 15 450.

Bien sûr, il faudrait être un monstre sans cœur pour trouver ces sommes injustifiées ou excessives. Mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que cette répartition crée des injustices. Les plus défavorisés sont sans aucun doute les octogénaires. Trop âgés pour travailler, ils sont encore trop jeunes pour avoir droit à une pension digne de ce nom. Résultat, ils se contentent de la même somme que Prem (Rs 5 450, donc), alors que ce dernier a 25 ans de moins et qu’il est encore actif.