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Violence et Saint-Valentin: c’est le bouquet

13 février 2017, 18:35

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Violence et Saint-Valentin: c’est le bouquet

Fête commerciale pour certains, l’occasion de faire étalage de son amour pour d’autres… La Saint-Valentin sera célébrée demain. Mais les jours d’après ne sont pas toujours roses, surtout lorsque les promesses d’un soir sont bafouées le lendemain. Ou lorsque la famille s’en mêle. Et si certains expédient des fleurs, d’autres, eux, balancent des fleurs à la figure.

«Ici la police. J’ai deux Valentins qui vous attendent. Vous aurez besoin de la présence d’une femme policière ou est-ce OK si je viens ?» Cet appel, le Dr Satish Boolell, ancien chef du département médico-légal de la police, l’a reçu plusieurs fois. D’ailleurs, dit-il, force est de constater que les jours qui suivent la Saint-Valentin sont particulièrement violents. Coïncidence ou pas, les délits, surtout ceux liés au sexe, atteignent un pic. Une situation qu’il ne manque pas d’ailleurs de décrire dans son livre, Forensics in Paradise.

Le plus souvent, ce sont des tourtereaux qui ont laissé libre cours à leurs désirs alors que la partenaire n’avait pas encore 16 ans. Mais les plaintes pour viol sont rares car la fille est souvent consentante. «Au pire, la police se retrouve avec une plainte pour relation sexuelle avec mineure», affirme le médecin. Mais l’affaire ne s’arrête pas là. La société mauricienne étant ce qu’elle est, les familles font pression par tous les moyens possibles pour pousser les jeunes au mariage.

Elle se corse davantage lorsque cela en vient au chantage. Le Dr Satish Boolell explique qu’il a systématiquement refusé d’examiner des filles sans qu’une plainte en bonne et due forme n’ait été enregistrée. «J’ai toujours eu horreur de ces gens qui espèrent utiliser mes conclusions génitales pour étoffer leurs plaintes. La famille y aura invariablement accès aux conclusions en avance car elle a toujours des proches au sein de la force policière. Et ils décident de la marche à suivre à partir de là. Je déteste être utilisé comme force de levier pour forcer quiconque au mariage.»

Autres cas : les mineurs qui saisissent toute la subtilité du mot consentement. Malgré la demande des parents, le Dr Satish Boolell estime que la fille peut très bien avoir eu envie de s’amuser et ne plus continuer la relation par la suite. Prouver qu’il y a eu relation sexuelle pour forcer des hirondelles à se marier, c’est hors de question.

Son successeur, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, en a aussi vu des vertes et des pas mûres. «De temps en temps, ce sont les parents qui sont les plus inquiets et essaient de prouver qu’il y a des attouchements ou des attentats à la pudeur», confie-t-il. Il précise que ce délit se résume généralement à du «pass lamé» et autres gâteries. Et que, de ce fait, est assez difficile à démontrer.

Un attouchement implique que les «choses» ont atteint un stade disons, plus avancé. «Une pénétration digitale, par exemple, est une forme d’attouchement», fait valoir le Dr Gungadin. Qu’en est-il des crimes plus sanglants ? Selon le médecin légiste, les crimes passionnels n’emboîtent pas forcément le pas à la Saint-Valentin. Et si crime il y a, dans la plupart des cas, le moteur reste la jalousie. «Mais la lune a certainement un effet sur les crimes», conclut-il, la tête dans les nuages.