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Mark van Beuningen : «Difficile d’exploiter une entreprise de financement avec un taux aussi bas»

9 février 2017, 15:00

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Mark van Beuningen : «Difficile d’exploiter une entreprise de financement avec un taux aussi bas»

La «Competition Commission» a diligenté une enquête sur le mode de fonctionnement de Cim Finance, à la suite d’une plainte de l’ONG Consumer Advocacy Platform sur la possibilité que Cim Finance soit en situation de monopole. Mark van Beuningen revient sur la position du groupe.

Quel a été l’impact de la baisse du taux d’intérêt sur la vente à tempérament de 19 % à 12 % en 2015 ?

Cette baisse a certainement eu un impact négatif significatif sur les activités des agences de financement. Elle a été à l’origine de la décision de certaines sociétés de quitter le marché. Il est très difficile d’exploiter une entreprise offrant des services de prêt avec un taux aussi bas et avec un taux d’intérêt plafonné. Si on devait comparer les taux de prêts personnels pratiqués par les principales banques de Maurice aux taux plafonnés de la vente à tempérament de 12 %, on constaterait qu’il est extrêmement contraignant d’obtenir des emprunts aussi abordables auprès des banques. Le taux d’intérêt de la vente à tempérament à Maurice est le seul taux sur le marché financier local qui est soumis à un plafonnement. Ce qui correspond essentiellement à une forme de contrôle des prix.

Cette baisse a clairement rendu l’offre commerciale associée à la vente à tempérament beaucoup moins attrayante qu’elle ne l’était avant cette baisse de 7 %. Elle a impacté sur le nombre d’agences de financement disposées à continuer à opérer.

Quelles sont les principales caractéristiques de la commission communément appelée le «merchant fee» ?

Les commissions sont facturées comme un pourcentage du prix comptant du produit vendu à travers la vente à tempérament.

Comment Cim Finance a-t-elle rebondi à la suite de la baisse du taux d’intérêt ?

Nous avons déjà fourni des détails sur notre business model ainsi que sur le modèle économique de notre entreprise à la Competition Commission. Nous avons partagé avec elle tous les chiffres relatifs à nos opérations.

Parmi ces détails, il a été certainement question du barème de cette commission que Cim Finance impose aux revendeurs. Qu’en est-il exactement ?

Ce sont des informations qui sont commercialement sensibles. Nous ne sommes pas en mesure de divulguer celles qui concernent les chiffres de rentabilité. Nous faisons également partie d’un groupe dont les valeurs sont cotées en Bourse. Nous sommes donc tenus de respecter les exigences de divulgation d’informations imposées par la Stock Exchange of Mauritius. Cim Finance fournit des solutions de financement aux points de ventes sur le marché local depuis 30 ans. Pendant ce temps, elle a construit un vaste réseau de partenariat avec de nombreux détaillants et a été en mesure de fournir une solution de financement concurrentielle à des milliers de consommateurs qui auraient autrement été incapables

d’acheter les biens dont ils avaient besoin pour améliorer leur niveau de vie. Il y a un aspect social par rapport aux services que nous offrons. On peut, avec raison, se demander combien de personnes auraient pu améliorer leur niveau de vie sans les solutions de financement que nous leur avons proposées.

Pour atténuer les effets de cette baisse du taux d’intérêt, les agences de financement ne pouvaient- elles pas utiliser des dépôts pour financer leurs prêts ?

Ce n’est pas envisageable, vu que les agences de financement ne sont pas autorisées à utiliser des dépôts clients moins coûteux pour financer des prêts liés à la vente à tempérament.

Pour se maintenir sur le marché de financement d’achat à crédit, Cim Finance a dû avoir recours à une parade commerciale. Quelle est la nature de cette stratégie ?

Pour continuer à offrir aux clients la possibilité d’obtenir un financement concurrentiel, nous avons recherché des méthodes d’opération susceptibles de nous permettre d’améliorer notre productivité. C’est une initiative qui nous a permis d’absorber la majorité des effets liés à l’impact négatif du plafonnement du taux d’intérêt sur le financement des achats à crédit à 12 %.

Notre stratégie reste la même. Elle consiste à fournir un service de qualité à nos partenaires. La nature de ce service va au-delà du simple fait commercial de financer les biens de nos clients acquis selon un système de vente à tempérament. Nous opérons à travers 82 comptoirs. Nous employons plus de 300 personnes. Elles sont affectées dans les magasins de nos partenaires et opèrent selon les mêmes heures d’ouvertures que celles des commerçants. Cette approche est bien différente de celle qui est en cours dans le secteur bancaire.

Le recours à une formule graduée de commission, qualifiée de discriminatoire par certains, ne fait-il pas partie des mesures envisagées par Cim Finance pour amortir les effets de la baisse sur ses opérations ?

Non. Nous n’avons pas cherché à répercuter l’impact de la réduction de 700 points de base du taux plafonné. Notre proposition est faite sur des pratiques commerciales standards où une gamme de rabais est offerte en fonction des volumes de vente. Nous avons eu à instaurer depuis plusieurs années un système de commissionnement pour compenser, à la fois, le plafonnement des taux de la vente à tempérament et le fait que nous ne pouvons financer nos prêts liés à la vente à tempérament, en utilisant nos propres fonds. Contrairement aux banques, nous ne sommes pas autorisés à utiliser les dépôts des clients moins coûteux pour financer nos prêts liés à la vente à tempérament.