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Canelas, la terreur du football amateur portugais

6 février 2017, 15:40

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Canelas, la terreur du football amateur portugais

Des ultras de Porto, quelques gestes violents et une vidéo devenue virale auront suffi à bâtir la réputation sulfureuse de Canelas, club amateur du nord du Portugal qui caracole en tête de son championnat régional après une série de victoires par forfait.

«Canelas ne respecte pas les règles, ce sont des brutes et nos joueurs ont peur de les affronter», lâche Manuel Gomes, président de Grijo, autre équipe locale engagée en 4e division.

Le club de Padroense a également refusé de disputer son match retour contre la formation de la banlieue sud de Porto. «Leurs joueurs cherchent le conflit et font des menaces, même envers les arbitres», fait valoir son président, Germano Pinho.

Aucune plainte formelle n'a été déposée mais, jusqu'à fin janvier, 13 des 21 rencontres de Canelas se sont soldées par une victoire sur tapis vert. La plupart des clubs de l'Association de football de Porto ont préféré déclarer forfait, et payer une amende de 750 euros, plutôt que croiser le fer avec l'équipe de cette commune de 10.000 habitants.

Du coup, la formation des «bouchers» survole la première phase de son championnat et se prend à rêver d'une montée à l'échelon supérieur, très improbable en début de saison.

'Super Dragons'

«Au début on voulait juste prendre quelques points, maintenant on veut la montée puisque personne ne veut jouer contre nous», reconnaît le capitaine de Canelas, Fernando Madureira, surnommé «le Singe».

Plus connu en tant que chef de file des «Super Dragons», le principal groupe de supporters ultras du FC Porto, il se défend des accusations de jeu dangereux et de comportement antisportif.

«On est une équipe agressive qui joue avec passion. Mais personne ne rentre sur le terrain muni d'un pistolet ou d'un bâton», dit-il sur la table de massage avant un match à domicile contre Candal, premier club à accepter de défier Canelas depuis plus de deux mois.

«Avoir des ultras parmi nous amplifie notre réputation d'équipe violente, alors que ce n'est pas le cas», souligne Bruno Canastro, le président du club, qui compte deux autres «Super Dragons» dans ses rangs.

Au troquet du stade, les joueurs de Canelas se lancent quelques blagues avant de saluer amicalement leurs adversaires du jour, qui ne semblent pas intimidés.

Candal n'a pas hésité à venir se mesurer à Canelas. «L'idée de déclarer forfait n'a jamais traversé notre esprit. Leur équipe ne met pas plus d'engagement que les autres», juge le président de Candal, Alberto Ribeiro, étonné par l'attitude des autres clubs.

Première défaite

Dans cette ambiance détendue, Marco Gonçalves, colosse aux biceps saillants et avant-centre de Canelas, se permet même de se jouer de leur mauvaise réputation.

«Ici, c'est le couloir de la mort pour les adversaires», ironise-t-il en désignant le passage sombre qui mène à une pelouse en très bon état, puisqu'elle n'a été foulée que trois fois depuis le début de la saison.

Dans une enceinte vieillissante aux tribunes parsemées de quelque 300 supporters impatients d'enfin revivre l'émotion d'un match, l'équipe locale tente de faire illusion malgré ses limites.

Surclassés techniquement, Madureira et compagnie subissent aussi sur le plan physique et s'inclinent logiquement 2 buts à 0, concédant leur première défaite de la saison.

Exténués, les joueurs de Canelas rentrent aux vestiaires avec le moral dans les chaussettes.

Resté seul sur le bord du terrain, le président Bruno Canastro, se dit «déçu mais fier». Surtout, il tient à réaffirmer que son club n'a pas la violence dans son ADN. «Dans les images diffusées sur YouTube, on voit seulement deux ou trois joueurs perdre la tête», dit-il au sujet d'une vidéo vue plus d'un million de fois.

«On a fait tout un sketch avec cinq minutes de jeu sur les dizaines d'heures que compte la saison, s'indigne-t-il. Mais il y a un avantage: Canelas est désormais le seul club amateur de renommée internationale».