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Marc Fauchoux: Faire parler les images

4 février 2017, 12:39

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Marc Fauchoux: Faire parler les images

Marc Fauchoux, formateur à l’École supérieure de journalisme et à l’Institut national de l’audiovisuel, est aussi rédacteur en chef de nuit à TV5 Monde et France Info. Ce grand reporteur a les défauts de ses qualités professionnelles : il se raconte en allant à l’essentiel, exactement comme dans ses cours d’expression orale.

Marc Fauchoux n’a que 51 ans mais comptabilise déjà une longue expérience du métier. Il a passé 14 ans à sillonner le monde en tant que grand reporteur pour Canal+, à chercher les bonnes images et trouver le mot juste pour relater les procès importants, les conflits, les prises d’otages, les crashs d’avions, les catastrophes naturelles. Dieu sait qu’il en a vu des choses pas toujours gaies. Mais lorsqu’il s’agit de se raconter, il est succinct dans ses réponses et s’en tient à l’essentiel. Exactement comme dans ses cours à l’École supérieure de journalisme (ESJ), aux professionnels de l’audiovisuel et aux journalistes de l’express.

Ce n’est peut-être pas un hasard si ce Français, natif de Bayonne, est devenu grand reporteur. Depuis tout petit, il voyage en compagnie de ses parents. C’est ainsi qu’il a séjourné dans plusieurs pays d’Afrique, notamment au Bénin et au Togo, mais aussi en Asie, plus particulièrement au Laos. Ce qui a développé chez lui une «curiosité naturelle et une proximité avec les gens». En grandissant, l’image à travers la photographie s’est imposée comme une évidence car «Elle dit beaucoup. Plus encore que les mots».

Ses amis dans le journalisme lui ont transmis le virus du métier. C’est ainsi qu’il a intégré le Centre de formation des journalistes de Paris. Après quoi, il s’est orienté vers les métiers de l’audiovisuel en se spécialisant auprès de l’INA. Après un stage de validation à France 3, ses compétences ont intéressé la chaîne de télévision M6 qui l’a embauché. C’était au début des années 90. Marc Fauchoux s’est immédiatement mis à l’information. À fond, histoire de prouver ce dont il est capable.

Il y est resté deux ans. Période au cours de laquelle il a mis «la main dans le cambouis» et où il a «appris à être efficace sur les tournages». L’étape suivante a été la plus déterminante de sa carrière. Il est entré à Canal+, à l’époque où cette chaîne fusionnait avec ITélé. Il s’est consacré à l’information. «C’était le rêve. Canal+ projetait une image de liberté de parole et disposait de gros moyens. Tout était possible.» Il a été sur tous les fronts: justice, police, faits divers, politique.

Il s’est mis à faire de grands reportages. «Le premier était à Barcelone et depuis, je n’ai pas arrêté de voyager. Nous étions une petite équipe et nous avons couvert à peu près tous les secteurs et tous les continents. On était sur les événements les plus importants : les grands procès, les conflits en Irak, en Afghanistan, les crashs d’avions, le tremblement de terre à Haïti, etc.»

Il n’a jamais craint pour sa vie car dans «beaucoup d’endroits, nous étions protégés par l’armée». Mais on n’est pas à l’abri du choc des images. «Lorsque nous avons débarqué à Haïti, on voyait des cadavres partout. C’était pareil pour les crashs d’avions. Ces images marquent forcément et s’enfouissent au fond de soi. Elles finissent par ressortir à un moment ou à un autre.» Dans son cas, il les a déjà exorcisées.

Être grand reporteur signifie forcément gêner certains qui veulent rester cachés. Cela lui a valu de nombreuses menaces de mort. «On a moins peur pour soi que pour ses proches.»

Marc Fauchoux s’est aussi mis à l’écriture en 2006 avec L’histoire secrète de la libération des otages en Irak, suivi du Dernier Combat, Jean-Marie Le Pen, coécrit avec Christophe Forcari. «J’adore l’écrit. Les news à la télé passent tellement vite qu’il fallait coller à l’évènement.» Et s’il a suivi Le Pen pendant dix ans, c’était pour vérifier que celui-ci ne détenait pas la solution pour la France.

En 2013, il claque la porte de Canal+ qui avait changé. «Il y avait trop de directions. On perdait le fil.» Il ne met pas longtemps à être embauché comme formateur à l’ESJ et à l’INA. «J’avais accumulé de l’expé- rience et je trouvais dommage de garder tout cela pour moi.»

Il a tout de même conservé un pied dans le métier puisqu’il agit comme rédacteur en chef de nuit le week-end à TV5 Monde et à France Info. «Je travaille beaucoup. Mais j’essaie d’avoir une vie personnelle», déclare ce père d’une fille de 16 ans, Maëlle. Il tente aussi d’aménager du temps pour sa compagne Cécile.

Marc Fauchoux n’est pas pressé d’enterrer la presse écrite. Il estime que le journalisme rigoureux a plus que jamais sa place. «Le journaliste va filtrer les infos venant de partout, les tamiser et les valider. Il est une pierre angulaire de notre démocratie. On aura toujours besoin de professionnels rigoureux qui communiquent des informations fiables.»

Il n’a pas dit son dernier mot par rapport à un retour dans l’audiovisuel. «Je suis toujours en éveil pour participer à un beau projet audiovisuel.» Avis…