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Peur à Hong Kong après «l'enlèvement» d'un milliardaire chinois

1 février 2017, 12:55

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Peur à Hong Kong après «l'enlèvement» d'un milliardaire chinois

Le mystère s'épaississait mercredi autour de l'enlèvement supposé à Hong Kong d'un milliardaire chinois au moment où une publicité publiée en son nom jurait de sa fidélité à la Chine, une nouvelle affaire qui alimente les craintes d'ingérence de Pékin dans l'ex-colonie britannique.

Des médias en langue chinoise établis à l'étranger ont rapporté que Xiao Jianhua avait été enlevé la semaine dernière dans un luxueux hôtel de Hong Kong par des agents de sécurité chinois. Depuis, l'endroit où se trouve l'un des hommes les plus riches de Chine reste flou.

Ces médias chinois laissaient entendre que sa disparition avait un rapport avec la campagne anticorruption en vigueur sur le continent, qui selon certains critiques, sert à cibler les opposants politiques au président chinois Xi Jinping.

Dans une publicité publiée mercredi en une du journal hongkongais Ming Pao, attribuée au milliardaire, il dit «avoir toujours aimé le parti (communiste au pouvoir) et le pays», ajoutant qu'il rencontrerait bientôt les médias. 

«Je pense personnellement que le gouvernement chinois est civilisé et bénéficie de l'Etat de droit», dit le texte. «Je n'ai pas été enlevé».

Le financier ajoute qu'il a aussi la nationalité canadienne et qu'il est soigné à l'étranger pour une maladie. 

Dans un texte publié lundi sur le compte de messagerie WeChat de son entreprise, il avait déjà démenti son enlèvement.

«Détails embarrassants»

Le journal hongkongais South China Morning Post, citant une source proche de M. Xiao, explique qu'il se trouve en Chine, qu'il ne reçoit aucun traitement médical et n'est en contact qu'avec les membres de sa famille.

M. Xiao est le fondateur du Tomorrow Group qui a notamment des intérêts dans l'immobilier et la finance. En 2014, il avait déjà démenti des accusations selon lesquelles il avait fui à Hong Kong pour échapper à la campagne anticorruption lancée par le président chinois.

Selon des informations de la presse occidentale, il aurait joué un rôle de courtier au profit de dirigeants chinois, y compris la famille du président Xi.

Mais le site Bowen Press en langue chinoise rapporte au contraire que le financier aurait pu être en lien avec une «coalition anti-Xi».

Pour l'analyste hongkongais Willy Lam, il a pu être visé car il connaît trop de "détails potentiellement embarrassants" sur les agissements financiers de divers clans politiques chinois.

Hong Kong, revenue en 1997 dans le giron de Pékin, est une région semi-autonome qui jouit en théorie jusqu'en 2047 de libertés inconnues sur le continent en vertu du principe «un pays, deux systèmes».

Les agents du continent n'ont pas le droit d'intervenir à Hong Kong. Mais l'affaire de la «disparition» en 2015 de cinq libraires connus pour publier des livres salaces sur la classe politique chinoise a fait craindre que Pékin n'ait franchi cette ligne jaune.

«Soupçon crédible»

Lee Bo, l'un de ces hommes -- tous réapparus ensuite sur le continent -- s'était volatilisé alors qu'il se trouvait dans la mégalopole. Cette affaire avait suscité des vagues de protestation à l'international tandis que dans l'ex-colonie, des voix s'élevaient pour dénoncer des atteintes à l'autonomie et à l'Etat de droit.

M. Lee maintient qu'il a traversé la frontière de son plein gré.

«Après le fiasco Lee Bo, les gens s'inquiètent vraiment de savoir si les habitants de Hong Kong et les résidents légaux de Hong Kong sont protégés», a déclaré à l'AFP James To du Parti démocratique. Il existe «un soupçon crédible» que le principe «un pays, deux systèmes» ait été violé.

D'après le Financial Times, le milliardaire a été extrait de l'hôtel Four Seasons par des agents chinois de la sécurité publique.

La presse locale explique que M. Xiao séjournait à long terme dans cet hôtel multi-étoilé qui offre des vues imprenables de la baie de Hong Kong, sous la protection de ses gardes du corps féminins.

L'hôtel a évoqué mercredi, sans autre précision, une «enquête en cours».

Sollicitée, la police de Hong Kong a expliqué avoir reçu une demande d'assistance concernant "un citoyen du continent" samedi, demande retirée ensuite par un membre de la famille.

Le consulat du Canada a dit être au courant des informations de la presse, ajoutant être "en contact" avec les autorités.