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Hôtel dévasté en Italie: les secours et l'enquête se poursuivent

23 janvier 2017, 15:54

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Hôtel dévasté en Italie: les secours et l'enquête se poursuivent

Les secouristes cherchaient lundi les dernières poches de survie possibles dans l'hôtel dévasté par une avalanche, tandis que l'Italie se demandait si la catastrophe, qui a fait 6 morts et 23 disparus, aurait pu être évitée.

«Nous luttons contre le temps, nous avons conscience qu'il faut aller vite. Mais l'opération se déroule dans un cadre peu favorable», a déclaré lundi matin à la télévision le porte-parole des pompiers, Luca Cari.

Cinq jours après l'avalanche, il n'y a plus le moindre signe de vie dans les décombres ensevelis depuis le sauvetage vendredi de neuf survivants, qui ont raconté avoir tenu 48 heures dans le noir, le froid et le silence, en mangeant de la neige pour apaiser la soif.

Accédant à l'hôtel par de fins boyaux creusés dans la neige, les secouristes progressent très lentement, souvent à mains nues, par crainte d'éboulements à l'intérieur du bâtiment que l'avalanche a frappé avec la force de 4.000 camions lancés à pleine vitesse, selon les estimations des gendarmes.

Un radar spécial a de plus été installé sur le versant de la montagne pour tenter de signaler à l'avance toute nouvelle avalanche.

Dans le même temps, une réunion était prévue dans la matinée à la préfecture de Pescara, sur la côte, pour faire le point sur l'enquête pour homicide involontaire ouverte dès jeudi pour établir d'éventuelles responsabilités.

Ancien refuge, l'hôtel a ouvert en 1972 et fait l'objet il y a 10 ans d'une grande restructuration, qui l'a transformé en un élégant établissement 4 étoiles avec piscine chauffée et sauna.

Cette restructuration, a fait l'objet d'une longue enquête, la justice soupçonnant les responsables municipaux d'avoir fermé les yeux sur les permis de construire en plein parc naturel en échange de pots de vin. Mais l'affaire avait finalement été classée sans suites en novembre.

«En 70 ans, la possibilité d'une avalanche n'a jamais été prise en considération», a assuré à des médias Massimiliano Giancaterino, ancien maire de Farindola dont le frère est mort dans l'hôtel.

Situation 'préoccupante'

La zone n'était pas considérée comme à risque d'avalanche, a confirmé à la presse Francesco Peduto, président du Conseil national des géologues, tout en relevant qu'il était difficile de prévoir la combinaison de chutes de neige historiques et de secousses sismiques.

La presse italienne publiait aussi lundi la photo d'un courriel d'appel à l'aide envoyé mercredi aux autorités par le directeur de l'hôtel quelques heures avant le drame.

Avec 2 mètres de neige autour de l'hôtel et sur la route, «la situation est devenue préoccupante», écrit le directeur, qui se trouve alors à Pescara. L'électricité est coupée, le téléphone aussi, les clients terrorisés par les secousses veulent rester dans leurs voitures, explique-t-il en demandant une intervention.

Mais personne ne parle d'un risque d'avalanche, et dans toute la région, les autorités qui viennent de faire appel à l'armée sont dépassées: des centaines de personnes coupées du monde, des trains bloqués, des dizaines de milliers de foyers sans électricité, des murs de neige... et quatre secousses sismiques de magnitude supérieure à 5.

Cette urgence n'est d'ailleurs pas entièrement résorbée. Plus de 8.000 personnes étaient toujours mobilisées lundi matin dans le centre de l'Italie pour rétablir la circulation et le courant, dont 10.000 foyers étaient toujours privés depuis près d'une semaine.

Le chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, a cependant appelé dimanche soir à la télévision à éviter toute chasse au «bouc émissaire»: «La vérité doit servir à faire mieux fonctionner les choses, pas à régler des comptes».

Mais pour les pompiers qui ont découvert vendredi les trois enfants miraculeusement épargnés dans la salle de billard, ces débats restent lointains.

«Nous avons fait les trois tremblements de terre, Amatrice (24 août), Camerino (26 octobre) et Norcia (31 octobre). Nous n'avons trouvé que des morts», a raconté l'un d'eux, Marco Filabozzi, cité par des médias.

«Quand nous avons brisé ce panneau de bois et que nous avons vu ces trois enfants serrés les uns contre les autres, nous nous sommes regardés et nous avons tout de suite compris: ces anges ont effacé pour nous tous les morts», a-t-il ajouté.