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Benoit Jolicoeur: «Le tourisme est lié aux infrastructures pour l’eau»

20 janvier 2017, 20:25

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Benoit Jolicoeur: «Le tourisme est lié aux infrastructures pour l’eau»

À l’approche des régionales, le président de l’Association tourisme réuni de Rodrigues souligne les défis auxquels l’île sera confrontée pour augmenter le nombre de touristes. Mais le budget accordé à ce secteur est inadéquat, dit-il.

Quelle est l’attente de votre association à l’égard du prochain gouvernement?

L’arrivée touristique est en hausse depuis quelques années. C’est un bon signe. Le tourisme devient un pilier important de l’économie. Cependant, on ne peut pas parler de développement touristique sans formation et sans revoir à la hausse la qualité de nos services et de nos produits. Il y a également le problème du manque d’eau dans l’île qu’il faudra résoudre. Il n’y a pas que les opérateurs touristiques qui ont besoin d'une formation. Je pense à ceux qui sont dans l’agroalimentaire et l’artisanat. Le prochain gouvernement devra travailler main dans la main avec les opérateurs touristiques.

Presque 60 000 touristes par année. Est-ce trop ou suffisant pour une petite île?

Je n’ai pas constaté que les touristes étaient envahissants. Bien sûr, il faudra avoir un seuil à ne pas franchir. Cependant, tant qu’il y aura plus d’arrivées, il faudra développer les infrastructures à Rodrigues. La route, le transport, la distribution d’eau et le développement de l’aéroport sont liés au tourisme.

Justement, comment accueillir plus de touristes quand il y a un manque d’eau…

C’est un problème climatique qui touche même Maurice. Il faudra constamment acheter des citernes à Rs 4 000 l’unité. Cela pèse lourd dans le budget. C’est pour cette raison que je dis que le tourisme est lié au développement d’infrastructures pour capter l’eau. C’est essentiel si on veut que ce secteur soit un des piliers de l’économie rodriguaise.

Faut-il rallonger la piste d’atterrissage?

Je suis pour rallonger la piste afin qu’un avion puisse atterrir avec plus de passagers. Cependant, je suis contre le fait que cette piste soit desservie par un gros avion deux fois par semaine uniquement et qu’ensuite toutes les activités cessent à l’aéroport. Il faut qu’il y ait des vols quotidiens. À savoir qu’il y a aussi des évacuations sanitaires pratiquement tous les jours vers Maurice. Qu’arrivera-t-il si on diminue le nombre de vols? Une nouvelle piste pourra également permettre aux ATR d’Air Mauritius d’atterrir moins brusquement. Elle permettra aussi des vols directs avec les Seychelles et Madagascar permettant ainsi à l’aéroport de fonctionner.

Les Mauriciens et les Français sont les principaux touristes visitant l’île. N’est-il pas temps de viser d’autres marchés comme la Chine, par exemple?

Cela prendra du temps. Nous devons nous préparer d’abord. Il faut savoir ce qu’ils cherchent comme produit, car chaque marché a sa particularité. Les Rodriguais doivent aussi être formés pour la communication. En même temps, il ne faudra pas avoir plusieurs objectifs. Il y a un budget de promotion qui est très limité. Faut-il éparpiller cette ressource financière ou faut-il la concentrer sur le marché principal? A réfléchir avec le prochain gouvernement. Une chose est sûre, le budget pour la promotion n’est pas suffisant. Il ne faut pas traiter le tourisme comme l’enfant pauvre alors que c’est l’un des piliers de l’économie. Il est nécessaire de développer une stratégie avec toutes les parties concernées, voir quel type de tourisme cibler et comment dépenser les fonds destinés à la promotion.

«On ne peut parler de développement touristique sans la formation et sans hausser la qualité de nos services.»

Qu’en est-il du tourisme haut de gamme?

Pour nous, les touristes doivent aller chez l’habitant. Ce sont les Rodriguais qui doivent en bénéficier d’abord. Il faut que chaque Rodriguais profite de ce secteur. Les touristes doivent découvrir la culture rodriguaise. Ils doivent consommer les produits du terroir. Il faut qu’ils profitent de ce côté typiquement rodriguais. Notre île est très éloignée de l’Europe. Les touristes dépensent beaucoup pour visiter Maurice et cela leur demande un budget supplémentaire quand ils font un saut à Rodrigues. Nous ne pouvons pas offrir les mêmes produits qu’ailleurs. Il leur faut quelque chose de différent. Bien sûr, il y a aussi des hôtels pour le tourisme haut de gamme. En passant, il y a une tendance qui nous fait peur. Il y a des touristes qui viennent avec leur tente pour camper sur la plage. Rodrigues n’a pas les infrastructures nécessaires pour eux. Ils pourront causer beaucoup de pollution. Le prochain gouvernement devra se pencher sur la question.

À part le kitesurf, quel autre créneau mérite d’être exploité?

La randonnée. Nous avons des avantages sur d’autres pays qui sont dans le secteur. Il s’agit de la mer et du logement chez l’habitant. Donc, les parcours comprennent la forêt, les plaines, les vallées et la mer. Il faudra bien baliser les différents parcours ensuite former des guides. Une bonne promotion en Europe pour cette activité fera l’affaire.