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CAN-2017 - L'élève Renard défie son maître Le Roy

19 janvier 2017, 18:05

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CAN-2017 - L'élève Renard défie son maître Le Roy

«La vie est faite pour que les élèves dépassent les maîtres»: Claude Le Roy, 68 ans, doyen des «sorciers blancs» avec un record de neuf participations à la CAN, se veut philosophe au moment de retrouver vendredi avec le Togo son ancien adjoint Hervé Renard, 48 ans, sur le banc d'à côté, celui du Maroc.

Qui est le meilleur des deux aujourd'hui ? Le sélectionneur du Togo, volontiers «passeur» de flambeau plutôt que technicien jaloux de ses secrets, balaie toute forme de concurrence entre eux. 

Au contraire, la réussite de son ancien poulain, vainqueur de deux CAN avec deux sélections différentes (Zambie en 2012, Côte d'Ivoire en 2015) contre une seule pour lui (Cameroun en 1988), est un peu la sienne.

«Hervé a été six ans mon adjoint (au Ghana). Un jour je lui ai dit qu'il était temps qu'il s'envole. Il était prêt. J'ai appelé le président de la fédération de Zambie qui l'a engagé comme entraîneur. On connaît la suite, je pense que je ne m'étais pas trompé», a raconté Le Roy au début de la compétition. 

Il espère voir maintenant Sébastien Minier, son adjoint depuis neuf ans, s'émanciper lui aussi «très bientôt». «C'est un plaisir de les retrouver alors que je sais que souvent les élèves veulent toujours battre les maîtres, les terrasser», ajoute le mentor, un brin fataliste.

Ami commun

Car Renard voudra à tout prix confirmer l'adage vendredi. Sous pression après la défaite contre la RD Congo (1-0) lors de leur entrée en lice dans la compétition lundi dernier, les «Lions de l'Atlas» doivent impérativement décrocher un résultat positif contre le Togo pour ne pas être éliminés dès le premier tour.

Il n'y aura «pas de cadeaux», a-t-il prévenu jeudi lors de la conférence de presse d'avant-match. «Il faut mettre ses sentiments dans le tiroir» même s'il confie avoir «un respect infini pour ce monsieur» qui lui a ouvert les portes du continent africain.

Présents dans le même hôtel de Bitam (70 km au nord d'Oyem) avec leurs équipes respectives, ils n'ont pas pu s'éviter avant le choc. S'ils assurent ne pas avoir parlé tactique, difficile pour eux de ne pas évoquer leur souvenir commun.

Car entre les deux, tout a commencé il y a 15 ans ... en Chine. Le Roy, à la recherche d'un assistant pour cette nouvelle aventure, avait reçu «peut-être 60 ou 80» candidatures. C'est Pierre Romero, un ami commun, qui lui glisse le nom de Renard, alors obscur technicien dans les divisions inférieures françaises et responsable d'une société de nettoyage.

Six années de bonheur

«Il m'a dit qu'il y avait un entraîneur qui venait de se faire débarquer en 4e division à Draguignan. Je lui ai dit de venir me voir à Avignon. C'est assez drôle parce qu'on a discuté longuement tout les deux et puis à la fin je lui ai dit: A bientôt. Pour moi si je disais cela, c'était déjà lui entrouvrir un peu la porte», raconte Le Roy à l'AFP.

«Lui quand il est descendu, sa femme l'attendait en bas dans la rue, il lui a dit: Bon il m'a dit à bientôt, cela veut dire à jamais. Quarante-huit heures après je l'appelais pour lui dire: Tu viens avec moi en Chine», poursuit-il.

Le début de «six années de bonheur» commun qui les mèneront notamment à Cambridge (2004-2005) et surtout au Ghana (2006-2008), avec qui ils termineront 3e de la CAN-2008.

Renard, qui conserve l'ambition de réussir un jour sur un banc en Europe même s'il reste attaché à l'Afrique qui l'a révélé au monde, va-t-il finir par battre le record de participations de son mentor ? 

«Je ne sais pas, il n'est peut-être pas fini mon record ! Pour le moment tant que je prends autant de plaisir sur un terrain d'entraînement avec les joueurs, je ne m'arrêterai pas», prévient Le Roy. Le maître n'a toujours pas dit son dernier mot.