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L'Iran pleure la mort de l'ex-président Rafsandjani, «cheikh de la modération»

9 janvier 2017, 14:48

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L'Iran pleure la mort de l'ex-président Rafsandjani, «cheikh de la modération»

L'Iran a entamé lundi un deuil national de trois jours à la suite du décès de l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, pilier de la République islamique et «cheikh de la modération», dont les obsèques auront lieu mardi à Téhéran.

Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a salué l'ex-président comme un vieux «compagnon de lutte», dirigera lui-même la «prière du mort» qui se déroulera à l'université de Téhéran.

Puis M. Rafsandjani, décédé à l'âge de 82 ans, sera inhumé dans le sud de la capitale au mausolée de l'imam Khomeiny, père-fondateur de la révolution islamique de 1979 dont il fut très proche.

Depuis sa mort dimanche des suites d'une crise cardiaque, le centre religieux où il repose provisoirement est le théâtre d'un défilé incessant des personnalités les plus influentes du régime. A commencer par le président Hassan Rohani, lui-même un religieux modéré élu en 2013 grâce au soutien de l'ayatollah Rafsandjani.

«L'islam a perdu un trésor précieux, l'Iran un grand général, la révolution islamique un porte-drapeau courageux et le régime un sage rare», a affirmé le président Rohani.

En signe de deuil, tous les concerts et programmes de divertissement à la télévision nationale ont été annulés et des drapeaux noirs ont été hissés sur les principales avenues de Téhéran.

Alors que le guide suprême a lui-même reconnu des «différences» qui n'ont cependant pas, selon lui, altéré une amitié de près de 60 ans, la télévision d'Etat Irib insistait sur la «proximité» des deux hommes.

Yasser, fils cadet de M. Rafsandjani,s'est déclaré ému par les témoignages des Iraniens qu'il a remerciés pour leur «fidélité». «J'ai vu des scènes incroyables. La gentillesse et les prières des gens consolent nos cœurs», a-t-il dit.

La quasi-totalité des journaux consacraient lundi leur Une à M. Rafsandjani, qui a présidé l'Iran de 1989 à 1997, en publiant de grandes photos de lui sur fond noir.

Grande perte pour les modérés

Sa mort soudaine constitue une «grande perte pour les modérés», a affirmé l'agence de presse Isna. «Mais M. Rohani pourra utiliser les vagues créées par la mort du cheikh de la modération et prendre sa place. Il ne faut pas oublier qu'un Iran sans modération est plus inquiétant qu'un Iran sans Rafsandjani», affirme Isna.

Dans un pays dont la majorité des institutions de l'Etat sont dominées par des conservateurs en partie désignés par le guide suprême, la proximité de M. Rafsandjani avec le camp modéré et réformateur constituait un atout majeur pour ce dernier.

L'ayatollah Khamenei doit rapidement nommer le successeur d'Akbar Hachémi Rafsandjani à la tête du Conseil de discernement du régime qu'il présidait jusqu'à sa mort, et qui est en particulier chargé de conseiller le guide suprême.

Son choix sera déterminant pour le nouvel équilibre au sein du régime.

Au cours des dernières années, M. Rafsandjani, considéré comme un conservateur modéré, s'était rapproché des réformateurs en s'opposant ouvertement à l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad qui a présidé l'Iran de 2005 à 2013.

En 2013, après le rejet de sa propre candidature sous prétexte de son âge, il avait appelé les électeurs à voter pour Hassan Rohani comme l'avait fait l'ex-président réformateur Mohammad Khatami.

Un duo inédit et déterminant dans la victoire de l'actuel président qui ne pourra plus compter sur M. Rafsandjani dans sa campagne pour la prochaine présidentielle de mai. Quant à M. Khatami, il reste sous surveillance et les medias ont interdiction de publier ses déclarations et des photos de lui.

Récemment, M. Rafsandjani avait déclaré être «confiant» dans la réélection du président Rohani pour un dernier mandat.

En mai 2016, dans un entretien au quotidien modéré Shargh, il s'était déclaré soulagé pour l'avenir de la République islamique. Estimant que grâce à l'élection de M. Rohani, le pays avait été remis sur le droit chemin après avoir failli dérailler sous l'ère Ahmadinejad, il avait déclaré «Maintenant je peux mourir en paix».