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Etat de grâce économique pour Trump, malgré les incertitudes

6 janvier 2017, 21:47

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Etat de grâce économique pour Trump, malgré les incertitudes

 

Donald Trump n’a pas encore pris possession du Bureau ovale mais se vante déjà d’avoir redonné confiance aux milieux d’affaires américains, dopé les consommateurs et évité des délocalisations.

A coup de tweets tous azimuts, il a sommé les industriels de ramener leurs usines aux Etats-Unis pour y relancer l’emploi manufacturier. Plusieurs d’entre eux ont vite obtempéré comme le constructeur automobile américain Ford qui a annulé la construction d’une usine au Mexique pour investir aux Etats-Unis, invoquant un «vote de confiance» dans l’agenda économique du futur président américain.

En décembre, c’était le fabricant américain de climatiseurs Carrier qui était revenu sur le transfert de 1.000 emplois vers le voisin mexicain, après un accord avec M. Trump - et moyennant 7 millions de dollars de réductions fiscales.

«Vous avez vu ce qui se passe (...), et encore, on n’est même pas encore en poste!», avait alors déclaré Donald Trump qui a conquis la Maison Blanche sur la promesse de ramener emplois et usines aux Etats-Unis.

L’élection a aussi plongé dans l’euphorie les marchés boursiers américains. L’indice Dow Jones enchaîne les records depuis la présidentielle du 8 novembre, faisant mentir les nombreux Cassandre qui prévoyaient un krach en cas de victoire du milliardaire et novice en politique.

«Avant qu’il n’y ait la moindre chance qu’il soit élu, personne ne portait beaucoup d’attention à son programme qui est pourtant ce que les entreprises veulent: beaucoup de dérégulation et des baisses d’impôts», analyse pour l’AFP Aparna Mathur, du think tank conservateur American Enterprise Institute.

'Merci Donald!'

Enfin, plusieurs baromètres économiques témoignent d’un regain d’optimisme aux Etats-Unis. Selon une enquête de la Fed de Philadelphie de décembre, la proportion d’entreprises confiantes dans l’avenir a doublé en un mois tandis que le moral des ménages atteignait son plus haut niveau en 15 ans. «Merci Donald!», s’était aussitôt auto-congratulé le président élu.

«D’une certaine manière, il continue sa campagne et cela le fait apparaître comme quelqu’un qui a vraiment l’emploi comme priorité», souligne Mme Mathur.

Face à ce tir de barrage, les grands patrons semblent avoir choisi de se montrer particulièrement conciliants à l’égard du futur pensionnaire de la Maison Blanche.

«Nous sommes pragmatiques, nous nous adapterons à n’importe quelle situation», a ainsi déclaré le patron de l’alliance Renault-Nissan, Carlos Goshn, lors du salon CES de Las Vegas.

«Si vous regardez sur le long terme, nous allons dans la même direction», a également déclaré le patron de Toyota, Akio Toyoda, selon le Wall Street Journal, peu avant que son groupe ne soit pris pour cible par M. Trump.

Cette bienveillance des milieux d’affaires américains s’explique également par un fait sans lien avec la personnalité de Donald Trump: pour la première fois depuis 2010, la Maison Blanche et les deux chambres du Congrès marcheront sous une bannière commune.

Incertitude

«Il y a un sentiment général que plus de choses pourront être menées à terme», explique à l’AFP Mark Zandi, chef économiste de Moody’s.

Pendant le mandat du président Barack Obama, l’exécutif démocrate et les élus républicains au Congrès n’ont cessé de s’affronter, provoquant de graves crises budgétaires et empêchant toute réforme de la fiscalité des entreprises, pourtant décriée de toutes parts.

Selon les experts, il en faudra toutefois beaucoup plus pour transformer le petit «sursaut» dont bénéficie le président élu en élan durable. Et les interrogations restent nombreuses.

M. Trump a promis un vaste plan d’infrastructures aux contours flous et qui pourrait grever les finances publiques. En décembre, la Banque centrale américaine pointait d’ailleurs l'«incertitude considérable» entourant son programme.

Enfin, la guerre commerciale que M. Trump a promis d’engager contre la Chine ou le Mexique pourrait faire changer d’humeur les multinationales américaines.

«Il faut attendre de voir ce qu’il a en tête exactement», relève M. Zandi.

Ancien conseiller à la Maison Blanche sous Barack Obama, Jared Bernstein est plus définitif et prédit à l’AFP de durs lendemains si M. Trump met en oeuvre son programme de dérégulation et de baisses d’impôts.

«Les gens qui ne sont pas frappés d’amnésie économique (...) se souviendront que (c’est ce cocktail, ndlr) qui nous avait mis dans le pétrin» en 2008 et provoqué la crise financière.