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Salle: La métamorphose de Christophe Lemaitre

6 janvier 2017, 17:37

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Salle: La métamorphose de Christophe Lemaitre

Déclic, tournant: la médaille de bronze olympique sur 200 m a bel et bien servi d’électrochoc et a libéré Christophe Lemaitre, qui attaque 2017 plus sûr de lui après des années d'errance, à la recherche de son meilleur niveau.

Il suffisait de voir le Français jeudi sur la ligne d'arrivée du 60 m de la réunion en salle de Tignes (alpes françaises) pour avoir la preuve de sa métamorphose. Débarqué sans aucun repère dans la station savoyarde pour sa première sortie de la saison, le «Kid» de Culoz a non seulement réussi sa rentrée (6.58) mais il a surtout affiché un sourire et une décontraction qui contrastent avec la mine déconfite qui a souvent été la sienne avant son podium à Rio.

A 26 ans, quelque chose a changé chez Lemaitre et son bronze au Brésil a incontestablement relancé une carrière qui commençait à battre de l'aile depuis 2012.

«A Rio, j'ai pris conscience que ça revenait, a-t-il déclaré à l'AFP. Maintenant, je sais que je suis capable de sortir de grosses courses dans les grands moments. Il faut juste se détendre, penser à la course, à soi-même.»

Starisé à 20 ans en 2010 après son triplé européen (100 m, 200 m, 4x100 m) et un passage sous les 10 secondes sur la ligne droite du sprint, Lemaitre a ensuite pas mal déçu dans les grands rendez-vous internationaux. Mais 2016 a visiblement agi comme un détonateur. En modifiant son approche de la compétition, validée par son exploit olympique, le Français s'est peut-être offert une seconde vie de sprinteur.

«Débrancher le cerveau»

«Avant, je me posais beaucoup de questions sur le départ, sur mes capacités à rééditer de bons chronos», explique-t-il. «Je me suis mis en tête de casser tout ça, de ne plus me torturer avec des détails techniques, d'aborder les courses de manière plus sereine, de débrancher le cerveau.» 

Pour en finir avec ses «années difficiles», la «frustration» et «l'incompréhension» engendrées par ses nombreuses déconvenues, Lemaitre s'est adjoint les services d'une psychologue du sport. Et les résultats ne se sont pas faits attendre: «Ce travail m'a permis de mettre de l'ordre dans ma tête, de faire le vide et de reconstituer cette bulle qui me permettait d'être axé sur la course.»

Son entraîneur de toujours Pierre Carraz est lui aussi bien placé pour constater le changement produit par les résultats de son poulain à Rio.

«La médaille, ça arrange bien la tête, juge-t-il. Il a atteint l'un de ses objectifs et maintenant il peut travailler tranquillement, ne pas se prendre la tête s'il y a une contre-performance.»

Cette confiance en soi qui lui a longtemps fait défaut n'empêche pas les embûches. En attendant que la piste d'athlétisme soit refaite dans son fief d'Aix-les-Bains (centre est), Lemaitre est obligé de jouer les nomades pour se préparer, et de «chambouler» ses habitudes.

«Un client pour les podiums»

«On ne peut pas faire les séances de sprint qu'on voudrait faire, témoigne le Français. On a la chance d'aller à Chambéry pour profiter de la piste mais ce n'est pas toutes les semaines et on essaye de se débrouiller comme on peut».

«On est sans cesse à la recherche de lieux d'entraînement. La préparation est plus que difficile. Cela nous complique tout», reconnaît également Pierre Carraz.

Dès dimanche, Lemaitre se rendra ainsi au Portugal pour dix jours de stage avant quatre sorties en indoor qui précéderont les Championnats de France (25-26 février à Bordeaux). Puis il mettra le cap sur la préparation estivale, sans passer par la case de l'Euro en salle (3-5 mars à Belgrade), avec en ligne de mire les Mondiaux de Londres (5-13 août), le grand objectif de sa saison, où il compte bien doubler 100 et 200 m. Avec de hautes ambitions et un nouveau discours bien musclé.

«Avec cette médaille olympique, j'ai prouvé que j'étais capable d'être parmi les meilleurs et le but est de rééditer ce genre de performance à chaque grand Championnat, aussi bien sur 200 m que sur 100 m, clame-t-il. Je pense que je suis un client pour les podiums au niveau mondial».