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Mobilisation pour sauver les guépards, menacés d'extinction

1 janvier 2017, 12:57

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Mobilisation pour sauver les guépards, menacés d'extinction

Etalé à l'ombre d'un arbre, Heathcliff le guépard paresse. Tout en grâce et en puissance mais prisonnier derrière l'épais grillage métallique d'une réserve, qui pourrait devenir l'unique façon d'empêcher la disparition totale de ces félins.

Une étude publiée cette semaine a estimé à moins de 7.100 le nombre de guépards qui subsistent aujourd'hui en liberté dans le monde, la quasi-totalité en Afrique.

Et selon les prévisions alarmistes de ses auteurs, l'espèce «court tout droit» à l'extinction si des mesures radicales de protection ne sont pas prises de toute urgence.

Dans la banlieue de la capitale sud-africaine Pretoria, le centre De Wildt en accueille une centaine, à l'abri de larges enclos qui reproduisent la savane. La disparition de cet habitat naturel, sous la pression humaine, a réduit la population mondiale des guépards de 100.000 unités en un siècle.

Désormais au contact de l'homme, les guépards sont abattus par les fermiers qui protègent leur bétail ou pris dans des pièges et leurs petits capturés et vendus illégalement comme animaux domestiques de luxe dans les pays du Golfe.

«Les guépards sont les grands oubliés des espèces animales menacées», déplore auprès de l'AFP Rita Groenewald, du centre De Wildt.

«Les chiffres sont effrayants. Cette étude a le mérite de souligner l'ampleur des risques qui les menacent, largement méconnus du grand public», ajoute-t-elle, «dans une ou deux générations, les populations en liberté pourraient avoir disparu, il faut faire un vrai travail d'éducation».

Le défi posé aux défenseurs de la faune est de taille. Les guépards s'adaptent très difficilement à la captivité car habitués à parcourir de très longues distances pour chasser leurs proies.

Liberté aléatoire

Leur territoire de chasse atteint fréquemment les 3.000 km2, une surface que les réserves privées sont incapables de leur offrir. Au centre De Wildt, ils sont nourris mais cette pratique ne leur permet pas de développer leurs aptitudes à la chasse et rend, en conséquence, très aléatoire leur survie en milieu ouvert.

Dans son enclos, Heathcliff, 7 ans, est repu, en sécurité et admiré par les visiteurs. Mais il serait incapable de survivre en liberté. Ses pairs y affrontent la redoutable concurrence directe des lions, aigles ou hyènes, qui font des ravages parmi leurs petits.

L'étude publiée en début de semaine dans les Comptes-rendus de l'Académie des sciences américaine a détaillé les conditions d'existence difficiles du mammifère le plus rapide au monde.

«Nous développons des programmes qui permettent de survivre au milieu d'une présence humaine», explique l'un de ses auteurs, Laurie Marker, depuis son centre de recherche en Namibie. «Il existe des solutions, c'est un motif d'espoir».

Parmi elles, une meilleure gestion du bétail pour réduire les risques de prédation par les guépards. Ou le recours à des chiens de berger qui vivent en permanence dans les troupeaux. Les guépards en ont peur et répugnent à s'y attaquer.

Pour Laurie Marker, l'heure est grave. La disparition des populations de guépards en liberté serait un coup terrible.

«Ils sont la vitesse et l'élégance mêlées», insiste-t-elle, «ils sont si beaux, particuliers et uniques parmi les félins».

A l'exception d'une cinquantaine de spécimens en Iran, les guépards vivent tous en Afrique, pour l'essentiel en Namibie, Angola, Zimbabwe, Afrique du Sud, Botswana ou Mozambique.

Selon l'étude pilotée par la Société zoologique de Londres et la Société pour la conservation de la faune sauvage (WCS), ils sont particulièrement menacés au Zimbabwe, où leur nombre a chuté de 85% ces seize dernières années pour tomber à 170 spécimens à peine.

Leurs spécialistes ont requis leur passage immédiat de la liste des espèces «vulnérables» à celle des espèces «menacées» dressée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).