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Corée du Sud: la Cour va examiner la destitution de la présidente

21 décembre 2016, 13:41

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Corée du Sud: la Cour va examiner la destitution de la présidente

La Cour constitutionnelle sud-coréenne commencera jeudi à examiner l’opportunité de valider la destitution de la présidente Park Geun-Hye, dont le parti conservateur est menacé de scission, derniers rebondissements en date d’un vaste scandale de corruption.

La Cour a jusqu’à 180 jours pour entériner ou non la motion votée le 9 décembre par l’Assemblée nationale afin de destituer la présidente, accusée par les députés de violations de la Constitution et de délits pénaux, corruption ou abus de pouvoir.

La présidente conserve son titre mais ses pouvoirs ont été transmis au Premier ministre. Si les jugent confirment sa destitution après avoir entendu toutes les parties, une présidentielle anticipée devra être organisée dans les 60 jours.

Mais une scission au sein du parti conservateur Saenuri au pouvoir réduirait considérablement ses chances de le conserver.

Les députés du Saenuri hostiles à Mme Park ont annoncé le départ de 35 d’entre eux pour le 27 décembre, accusant la direction actuelle du parti de refuser de se réformer en dépit de la crise politique et du scandale de corruption.

«Nous sommes parvenus à la conclusion qu’une réforme des conservateurs via le parti Saenuri est impossible», a déclaré à la presse Yoo Seung-Min, avocat et «dissident» de premier plan.

Une telle scission compliquerait aussi une éventuelle candidature du secrétaire général de l’ONU sortant Ban Ki-moon, dont les observateurs s’attendaient largement à ce qu’il porte les couleurs du Saenuri sur un programme de centre-droit.

Si ces départs se concrétisent, le Saenuri n’aurait plus que 90 sièges environ sur 300 à l’Assemblée nationale, derrière le Parti démocratique, principale formation de l’opposition.

Ces députés rebelles avaient joint leur voix à celles de l’opposition pour voter la destitution.

Mme Park est accusée par le parquet de complicité avec son amie de 40 ans Choi Soon-Sil, qui est jugée pour extorsion et abus de pouvoir.

 Perquisitions à la caisse de retraite 

La confidente de l’ombre est soupçonnée d’avoir extorqué des sommes d’argent astronomiques à des conglomérats comme Samsung.

Mme Park est également accusée d’avoir ordonné à ses collaborateurs de transmettre des documents officiels à son amie, qui n’avait ni fonction officielle ni les autorisations de sécurité nécessaires.

Une équipe d’enquêteurs indépendants a perquisitionné mercredi les locaux de la Caisse nationale de retraite dans le cadre de ce scandale.

Ils cherchent à savoir si le géant Samsung a acheté Mme Choi en échange du feu vert du gouvernement à la fusion controversée de deux de ses unités.

Cette équipe composée d’anciens procureurs, policiers, juges ou avocats a été nommée par les députés et a pris le relais récemment des enquêteurs du parquet.

Elle a également annoncé avoir demandé un mandat d’arrêt contre la fille de Mme Choi, Jeong Yu-Ra, qui se trouverait en Europe.

Outre une grosse enveloppe versée à deux fondations douteuses contrôlées par Mme Choi, Samsung est soupçonné d’avoir versé des millions de dollars à une société écran en Allemagne au prétexte de financer la formation équestre de Mme Jeong.

La fusion en 2015 de Cheil Industries et C&T avait été perçue comme une étape cruciale pour assurer une passation de pouvoir sans histoire au sommet du groupe, au profit de l’héritier présomptif de la famille fondatrice, Lee Jae-Yong.

Mais un nombre non négligeable d’actionnaires de C&T s’étaient opposés avec force à cette fusion, sous la houlette du fonds spéculatif américain Elliott. Celui-ci arguait que l’opération sous-estimait la valeur de la compagnie au détriment de ses actionnaires.

La fusion avait été votée par le Service national des pensions de retraite (NPS) de Séoul, un important actionnaire de Samsung.

Le NPS gère une cagnotte de 543.000 milliards de wons (434 milliards d’euros), qui en fait la troisième caisse de retraite au monde.