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Corée du Sud: Une peinture «authentique», mais jamais reconnue par son auteure présumée

20 décembre 2016, 20:44

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Corée du Sud: Une peinture «authentique», mais jamais reconnue par son auteure présumée

 

Le parquet a formellement attribué à l'une des plus grandes peintres sud-coréennes une toile que la défunte artiste a pendant des décennies dénoncée comme un faux, relançant une controverse artistique majeure dans la péninsule.

«Beautiful Woman», une oeuvre attribuée à Chun Kyung-Ja (1924-2015), est depuis des décennies au coeur d'un étrange contentieux entre d'un côté l'artiste et sa famille et, de l'autre, le Musée national d'art moderne et contemporain (MMCA), qui dispose de plusieurs antennes en Corée du Sud.

Chun Kyung-Ja, décédée à 91 ans à New York, s'est faite connaître pour ses portraits de femmes parées de fleurs aux couleurs vives, tranchant avec les canons traditionnels de la peinture sud-coréenne. Ses oeuvres ont récemment atteint jusqu'à un million de dollars aux enchères.

Mme Chun n'a jusqu'à sa mort cessé de répéter qu'elle n'était pas l'auteure de «Beautiful Woman», une oeuvre réalisée en 1971 appartenant au MMCA.

«Les parents savent reconnaître leurs enfants», déclarait-elle. «Cette peinture n'est pas de moi.»

Mais le Musée était aussi formel pour prétendre le contraire.

Le parquet s'est saisi de l'affaire en avril sur une plainte d'une fille de la peintre qui accusait les dirigeants actuels et passés du MMCA de nuire à la réputation de Mme Chun en soutenant que la toile était authentique.

Dans leurs conclusions, rendues lundi, les enquêteurs ont donné raison au Musée, sur la foi d'éléments scientifiques et d'avis d'experts.

Ils ont aussi clarifié l'origine de cette toile, en expliquant qu'elle avait un temps appartenu à l'ancien chef des services de renseignements sud-coréens (NIS), Kim Jae-gyu.

Elle était devenue propriété de l'Etat quand ce dernier avait été pendu en 1980 pour avoir assassiné l'année précédente l'ancien dictateur Park Chung-Hee.

«Nous avons tenté de découvrir la vérité en utilisant toutes les technologies disponibles pour l'authentification des oeuvres d'art», a indiqué un membre du parquet.

Dans un communiqué, la famille de la défunte artiste a rejeté les conclusions de l'enquête et accusé le parquet de chercher à aider le Musée national à sauver la face.