Publicité

Mohit: «Une personne payée des fonds publics doit être redevable mais…»

17 décembre 2016, 12:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Mohit: «Une personne payée des fonds publics doit être redevable mais…»

«Quand je suis rentré à Maurice, le principal témoin Toorab Bissessur est décédé. Il ne valait plus la peine de continuer.» Raju Mohit, propulsé au-devant de la scène avec le nouveau projet du gouvernement Lepep de créer une Prosecution Commission, explique ainsi pourquoi il n’est pas allé de l’avant avec une demande de révision judiciaire de la décision de Me Abdurafeek Hamuth. Directeur des poursuites publiques (DPP) d’alors, ce dernier avait rayé son action légale contre Paul Bérenger.

Cet activiste politique de Triolet Mohit reprochait au leader du MMM d’avoir «abrité» un «criminel» – Toorab Bissessur – et d’avoir fourni Rs 240 000 à cet ancien membre du défunt escadron de la mort pour qu’il quitte le pays. Ce dernier a avoué sa participation dans la fusillade meurtrière de la rue Gorah Issac le 26 octobre 1996. Fusillade durant laquelle trois activistes ont trouvé la mort.

L’ancien officer-in-charge de l’Aapravasi Ghat Trust Fund, qui se consacre aujourd’hui à sa librairie et à son auto-école, toutes deux situées à Triolet, a, en 2006, remporté du Conseil privé de la Reine l’autorisation de contester la décision du DPP en Cour suprême. Revenant sur les motivations qui l’ont mené jusqu’au Conseil privé, Raju Mohit raconte que c’est parce qu’il a vu son affaire rayée par Me Abdurafeek Hamuth à plusieurs reprises.

«Cinq fois. En cour de Pamplemousses, en cour intermédiaire et en cour de Curepipe. J’étais persuadé que, dans un pays démocratique, une personne payée des fonds publics doit être redevable. Je me suis alors tourné vers la Cour suprême pour une révision judiciaire mais linn fou nou déor. Car, à l’époque, le DPP n’était redevable envers personne, ni au Parlement ni à la plus haute instance du judiciaire», se souvient-il.

Raju Mohit ne se laisse pas décourager pour autant. Il demandera directement une Special Leave auprès du Privy Council en 2004. L’autorisation lui est accordée et l’affaire est appelée fin 2005. «J’étais représenté par les avocats britanniques Stephen Lesley, QC, et Tom Poole, ainsi que par le cabinet d’avoués Saunders. Me Hamuth était présent quand j’ai remporté mon affaire devant le Conseil privé le 15 avril 2006.»

Cette lutte devant le Privy Council a coûté Rs 2,7 millions (60 000 livres sterling) à Raju Mohit. De cette somme, Rs 2,3 millions (50 000 livres sterling) lui ont été remboursées en l’espace de six mois après le verdict en sa faveur.

Aujourd’hui, Raju Mohit est d’avis que l’exécutif ne devrait pas contrôler le judiciaire. «Sinon, c’est la base même de la démocratie qui est secouée. Ce sera l’anarchie. Le DPP, qui avait jusqu’au jugement du Privy council un pouvoir monarchique, est depuis redevable à la Cour suprême. Si demain je ne suis plus en vie, mon cas fera toujours jurisprudence».