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Toolsiraj Benydin: «Je ne peux pas dire que la compensation salariale soit satisfaisante»

10 décembre 2016, 20:39

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Toolsiraj Benydin: «Je ne peux pas dire que la compensation salariale soit satisfaisante»

Toolsiraj Benydin, secrétaire parlementaire privé (PPS), se trouve dans une position délicate concernant le dossier de la compensation salariale. Si cet ancien syndicaliste estime que le principe du comité tripartite a été respecté, il concède que la compensation proposée par le gouvernement est loin d’être satisfaisante pour la population.

Êtes-vous d’accord avec la compensation salariale accordée cette année ?

 Nous devons voir la compensation salariale dans un autre contexte. Le principe du comité tripartite a été respecté et on sait que le taux d’inflation est de moins de 5 %. Malgré cela, le gouvernement a fait un effort pour aider les travailleurs, dont certains ont obtenu une augmentation de 2 à 3 %. N’oublions pas qu’il y aura bientôt l’introduction du salaire minimal.

Mais ma question est : êtes-vous d’accord avec le quantum de la compensation ? Quel aurait été votre position si vous étiez toujours syndicaliste ?

Oui, je sais que je suis dans une position délicate. Je ne peux pas dire que c’est une compensation satisfaisante. Mais je vous rappelle qu’en 2007, quand Rama Sithanen était ministre des Finances, il n’avait accordé que Rs 135 alors que le taux d’inflation était d’environ 8 %.

 

Quid de la réaction des travailleurs face aux dépenses encourues pour les voyages ministériels ?

Je ne veux pas porter de jugement de valeur sur ces missions. Mais beaucoup d’entre elles rapportent des investissements.

Toutes ces missions sont-elles nécessaires ?

 Vous savez, tous les voyages doivent obtenir l’aval du bureau du Premier ministre. Je ne crois que des voyages «inutiles» sont approuvés.

Il y a aussi ces honoraires exorbitants à des membres de certains «boards», comme l’ICTA par exemple…

J’estime qu’il faut évaluer la situation. Tous les parlementaires sont d’accord là-dessus.

Comme les autres PPS, vous êtes muet au Parlement. Pensez-vous qu’il faut revoir les «Standing Orders» de l’Assemblée nationale ?

 Bien sûr qu’on aurait aimé poser ou répondre à des questions. Nous aurions pu faire état de nos projets et de nos contraintes…

Quelles sont vos contraintes ?

Les procédures sont trop longues à la National Development Unit. Pour un projet, on doit passer par des consultants et cela prend du temps.

Deux ans après le succès de l’alliance Lepep, la population est-elle déçue ?

C’est assez mitigé. Certes, la population s’attendait à beaucoup plus de la part du gouvernement, mais je dois faire ressortir qu’il nous reste trois ans avant la fin de notre mandat. Je reste optimiste. Je pense que les choses iront pour le mieux. L’héritage qui nous a été légué n’a pas été facile à gérer.

Vous parlez d’un héritage difficile. Donnez-nous des exemples.

Nous avons dû apporter de nouvelles lois, dont celle sur l’intégrité et la bonne gouvernance, pour mettre de l’ordre dans certaines institutions. L’affaire BAI a pris beaucoup de temps du gouvernement. Bref, cela n’a pas été un début facile. En tout cas, 2017 sera une année phare sur le plan du développement.

Beaucoup de promesses n’ont pas été respectées...

Il y a aussi des promesses que nous avons tenues, dont l’augmentation de la pension, la mise sur pied d’un syndicat pour la police et le paiement d’une compensation salariale.

Durant la campagne électorale, l’alliance Lepep avait promis que les Mauriciens bénéficieraient d’une fourniture d’eau 24 heures sur 24. C’est le contraire qui se produit, avec des coupures à travers le pays et l’éventuelle hausse du tarif d’eau…

On n’a encore rien décidé concernant cette augmentation. Et là, je laisse le soin au ministre des Services publics d’en décider. Mais pour assurer un meilleur service, il faut de grands travaux. Et la CWA s’est engagée à remplacer des tuyaux qui datent de plusieurs décennies. Cela prendra le temps qu’il faut et je suis convaincu qu’il y aura une amélioration dans les mois et années à venir. Sans oublier que, souvent, l’eau dépend du climat. En passant, j’ai entendu, l’autre jour à la radio, l’ancien directeur de la Central Water Authority, Prem Saddul, dire que l’eau est bon marché à Maurice. Cependant, n’oublions pas que le gouvernement aide beaucoup ceux se trouvant au bas de l’échelle.

Qu’en est-il du chômage chez les jeunes ? Une autre promesse non-tenue ?

Non, les statistiques démontrent que beaucoup d’emplois ont été créés. D’ailleurs, dans les journaux, il y a régulièrement des communiqués indiquant des postes vacants dans le secteur public.

Êtes-vous d’accord avec la délégation des pouvoirs de la Public Service Commission (PSC) aux ministères pour recruter du personnel ?

Ce sont les Supervising Officers des ministères qui ont ce pouvoir. Et la PSC a un droit de regard sur les recrutements.

Pensez-vous que tous les postes vacants devraient être rendus publics pour que n’importe quel Mauricien puisse postuler ?

Moi, quand j’étais syndicaliste, j’avais proposé une refonte totale de la Public Service Commission (PSC). Aujourd’hui, je n’ai pas changé d’idée. J’aurais souhaité que la PSC dispose d’une Advisory Unit afin de permettre à ceux qui n’ont pas réussi leurs interviews de connaître leurs faiblesses et les corriger quand ils auront la chance d’avoir un autre entretien. Et j’aurais souhaité qu’il y ait des panels composés de professionnels pour accélérer le processus de recrutement.

Le PTr fait une remontée. Assistons-nous au phénomène de «déviré mam» ?

Le PTr a ses partisans. Mais je ne pense pas que ce parti a fait une grande remontée. Voyez le MSM, qui est le parti majoritaire de l’alliance gouvernementale, il attire aussi beaucoup de gens à ses rassemblements.

Votre point de vue sur le fait que Pravind Jugnauth devient Premier ministre sans passer par des élections ?

 C’est de la démagogie de la part de l’opposition. Il était compris qu’après sir Anerood Jugnauth, Pravind Jugnauth serait Premier ministre. Pourquoi devrait-on passer par des élections ? Il commande la majorité au Parlement.

Pour en revenir à votre carrière de syndicaliste, quand y avez-vous mis un terme ?

 En juin 2012, lorsque j’ai pris ma retraite de la Mauritius Revenue Authority. Toutefois, j’ai continué à aider mes amis syndicalistes et j’ai agi comme secrétaire du National Trade Union Congress pendant environ un an.

Et en 2014, vous vous êtes jeté dans l’arène politique. Comment cela s’est-il produit ?

 Lorsque j’ai présidé la Fédération des syndicats du service civil, entre 1985 et 1990, beaucoup m’ont encouragé à rejoindre la politique. J’avais pris un engagement syndical et je ne voulais pas décevoir mes amis syndicalistes. Mais j’avais la ferme conviction que je ferai de la politique plus tard.

 

Et c’est en 2014 que vous avez pris cette décision ?

Oui, surtout quand j’ai pris ma retraite. Au début, j’ai pensé à créer une organisation sociale. Si je n’étais pas actif pendant ma retraite, cela m’aurait rendu malade.

Et c’est comme cela que le Muvman Liberater a vu le jour ?

Oui. Surtout après que le leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, apris ses distances du Mouvement militant mauricien.

Aviez-vous envisagé d’être élu ?

Non. Au début, beaucoup de personnes, dont des amis, m’ont dit que nous nous dirigions vers une lourde défaite. Enn baté kondiré.

Vous avez pris des risques et vous avez été élu le 10 décembre 2014…

Dans la vie, il faut toujours prendre des risques. J’ai l’habitude de relever des défis et celui-là, je l’ai fait avec succès. Quant à la victoire, je l’avais prévue quand l’alliance Lepep avait réuni une grosse foule, début d’octobre 2014, à Vacoas. Et pendant la campagne, nous avons rencontré succès après succès lors de nos congrès. Comme je suis très connu dans la circonscription La Caverne-Phoenix, j’ai été élu en tête de liste.