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Pétrole: l'Opep veut entraîner d'autres producteurs dans une baisse de l'offre

10 décembre 2016, 14:28

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Pétrole: l'Opep veut entraîner d'autres producteurs dans une baisse de l'offre

L'Opep tentait samedi, lors d'une réunion à Vienne, d'entraîner d'autres pays producteurs de pétrole dans le pacte de réduction de production récemment conclu entre les membres du cartel pour faire remonter les prix.

La Russie, premier producteur de pétrole hors Opep qui s'est déjà engagée à participer à cet effort de baisse de l'offre, est représentée par le ministre de l'Energie Alexandre Novak et retient toute l'attention des analystes qui s'interrogent sur la volonté de Moscou de tenir ses engagements.

Après avoir inondé le marché d'or noir et provoqué une dégringolade spectaculaire des prix depuis 2014, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sont parvenus le 30 novembre à s'entendre sur une baisse de leur production de 1,2 million de barils par jour. 

Le cartel demande aux producteurs non membres de l'organisation de limiter également leur production de 600.000 barils par jour au total, un effort auquel la Russie a déjà consenti à hauteur de 300.000 barils.

Le secrétaire général de l' Opep, Mohammed Barkindo, a exprimé son optimisme à son arrivée au siège de l'Opep à Vienne, estimant qu'un accord avec les prodcuteurs non Opep portant sur une réduction de 600.000 barils, «et même plus», allait être atteint.

Il a qualifié la rencontre de samedi, entre membres du cartel et non membres, d'«historique» estimant que le «climat politique avait changé».

Le russe Alexandre Novak, cité par l'agence Interfax, avant le début de la réunion, a réaffimé la détermination de Moscou: «Nous avons déjà fait part de nos engagements et nous nous tiendrons aux chiffres communiqués», estimant lui aussi que l'objectif de baisse de 600.000 barils ferait l'objet d'un accord.

Enthousiastes dans un premier temps, les marchés cherchent désormais à évaluer les chances d'application de l'accord. Après avoir oscillé au fil de la semaine, les cours ont terminé vendredi à 54,16 dollars à Londres, en très léger retrait par rapport à la clôture de vendredi dernier.

Baisse naturelle ou volontaire ?

Une douzaine de producteurs de pétrole non membres de l'Opep sont présents samedi à Vienne, selon le secrétaire général de l'organisation, dont le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan, Oman et Mexico. Parmi les invités figurent encore la Bolivie, Brunei, la Colombie, le Congo, l'Egypte, Trinidad et Tobago, le Turkménistan et l'Ouzbékistan.

«L'optimisme qui a entouré l'annonce de l'accord (du 30 novembre, ndlr) s'est légèrement érodé, car l'Opep a dit à la presse que les pays qui ne sont pas membres du cartel (...) pourraient utiliser la baisse naturelle de leurs extractions pour atteindre cet objectif», a souligné vendredi Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.

Comme ces baisses naturelles des extractions, liées à l'épuisement des ressources, sont déjà intégrées dans les modèles de prévision, «nous ne nous attendons pas à ce que cette rencontre joue un rôle significatif dans le rééquilibrage du marché», ont observé les analystes de DNB Markets.

Les discussions de Vienne sont aussi l'occasion pour la Russie de rassurer les sceptiques sur son engagement à appliquer l'accord.

Les autorités russes ont indiqué mercredi avoir le «soutien» des compagnies pétrolières privées pour baisser la production de concert avec l'Opep, mais sans apporter de précisions sur les modalités pratiques d'une telle mesure.

Moscou, dont les finances ont été plombées par la chute des cours, a à priori tout intérêt à un rebond durable des cours, qui donnerait à Vladimir Poutine des marges de manoeuvre budgétaires non négligeables à un peu plus d'un an de la présidentielle.

Les gros producteurs de l'Opep, l'Arabie Saoudite en tête, que la chute des cours avait fini par plomber financièrement, s'étaient de leur côté résolus à changer de stratégie après avoir longtemps soutenu cette politique de prix bas, espérant ainsi évincer leurs concurrents, notamment les producteurs de pétrole de schiste américains, et regagner des parts de marché.