Publicité

Scandale en Corée du Sud: les patrons cuisinés au Parlement

5 décembre 2016, 20:20

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Scandale en Corée du Sud: les patrons cuisinés au Parlement

 

Les députés sud-coréens ont entamé lundi une série d'auditions inédites et soumettront l'élite entrepreneuriale du pays au feu de leurs questions, au sujet du retentissant scandale de corruption dans lequel la présidente est menacée de destitution.

Les puissants chefs de conglomérats familiaux, les fameux "chaebols" sud-coréens comme Samsung et Hyundai, figurent parmi ceux qui seront entendus par une enquête parlementaire, avant un vote sur une destitution de la présidente Park Geun-Hye vendredi.

Le scandale est centré sur la confidente de l'ombre de Mme Park, Choi Soon-Sil, soupçonnée d'avoir extorqué à des groupes industriels des "dons" de près de 70 millions de dollars versés à deux fondations douteuses.

La présidente est accusée par le parquet de complicité avec son amie de 40 ans, arrêtée début novembre pour fraude et abus de pouvoir et accusée d'avoir détournée une partie des "dons" à des fins personnelles.

Dans le cadre de leurs auditions télévisées, les députés ont entendu lundi du personnel de la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne, alors que le peuple descend régulièrement en masse dans la rue pour exiger la démission de Mme Park.

Mme Choi, qui dément toutes les accusations, sera interrogée mercredi, première audition publique depuis le début du scandale.

Séances de répétition

Les enquêteurs du Parlement entendront mardi divers patrons, dont l'héritier présomptif du géant Samsung Lee Jae-Yong, le président de Hyundai Chung Mong-Koo et sept autres capitaines d'industrie (LLG, Lotte, Hanjin, CJ...).

Ils figurent parmi les personnalités les plus riches et les plus puissantes de Corée du Sud. Le "Choigate" a mis en lumière le ressentiment de l'opinion publique envers ce qui est perçu comme leur situation privilégiée et leur influence excessive en ces temps de ralentissement de la croissance.

D'après des sources entrepreneuriales citées par le journal Chosun Ilbo, nombre de ces magnats se préparent frénétiquement pour éviter toute humiliation publique, avec des séances de répétition au jeu des questions et des réponses apprises par coeur.

Certains se sont renseignés sur le prix du ticket de métro au cas où on leur demanderait de prouver qu'ils sont en phase avec l'homme de la rue, explique Chosun. D'autres ont dépêché leurs cadres au Parlement pour déterminer le meilleur moyen d'éviter la presse.

Les dirigeants de "chaebols" n'ont pas l'habitude de répondre aux questions ou de se justifier, y compris aux yeux de leurs actionnaires.

«Cela fait partie de la culture entrepreneuriale viciée de Corée du Sud, profondément enracinée, que de traiter les familles fondatrices comme si c'était la royauté», explique Shim Jung-Taik, auteur de plusieurs ouvrages sur Samsung, dont une biographie du patriarche alité Lee Kun-Hee.

«En temps normal, aucun d'entre eux n'aurait participé à ces auditions. Mais la colère de l'opinion publique qui s'est illustrée par les récentes manifestations monstres est trop forte pour être ignorée, même par le gratin», dit-il.

Samsung dans le viseur

C'est Samsung, le plus grand groupe du pays, qui a le plus largement ouvert les cordons de la bourse en donnant aux fondations de Mme Choi 20 milliards de wons (17 millions de dollars), suivi par Hyundai, SK, LG et Lotte.

Le parquet a mené des perquisitions au siège de Samsung parmi d'autres. Le géant sud-coréen est également accusé d'avoir financé à hauteur de plusieurs millions d'euros la formation équestre de la fille de Mme Choi en Allemagne.

L'enquête judiciaire s'est élargie et le parquet veut aussi savoir si Samsung a fait pression sur le gouvernement pour obtenir le soutien de la Caisse nationale de retraite lors d'une fusion controversée en 2015.

Mme Park ne témoignera pas devant le Parlement, son parti conservateur Saenuri ayant freiné des quatre fers face à une telle perspective.

Pour être adoptée, la motion de destitution déposée par l'opposition doit obtenir les deux tiers des voix, ce qui veut dire le soutien d'une trentaine de députés du Saenuri.

Voici une semaine, ce soutien semblait acquis mais après une proposition alambiquée de démission faite par Mme Park, ses partisans estiment qu'elle doit partir volontairement. Depuis, son parti a proposé un départ en avril et des élections anticipées en juin.