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Marcel, «médecin» malgré lui

26 novembre 2016, 11:55

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Marcel, «médecin» malgré lui

Il n’est pas magicien. Mais réalise pourtant des tours de passe-passe, selon des habitants de Souillac. Grâce à lui, le bébé de Nasir, par exemple, a pu se débarrasser d’une toux tenace, affirme le papa, admiratif et reconnaissant à souhait. Et Sydney Hélène, Marcel pour les intimes, aurait «guéri» des gens venant des quatre coins du pays.

Dès l’entrée de la petite case en tôle, les narines tendent tout de suite l’oreille. La faute aux plantes médicinales qui pullulent dans le petit jardin, envahi de menthe et de tulsi, entre autres. Le «dokter san soulié», tongs aux pieds, se promène au milieu. Il leur parle, caresse les feuilles de ses «chéries» du regard.

«Swingn boukou zafer ar sa.» Ses herbes, le Panoramix local les utilise pour préparer des potions et décoctions, qu’il propose ensuite à ses «patients». Le druide Marcelix se définit comme un guérisseur. «Mo mark fréser, dart, tanbav tousala. Bann dimounn gagn stres ousi vinn get mwa.» L’homme de 70 ans, fringuant comme un flamboyant en fleur, est aussi un brin psychologue et pharmacien. Puisqu’il s’occupe des couples en difficulté. «Mo fer zot kozé, mo fer enn lapriyer, donn zot posion…»

Le métier, il le pratique depuis toujours. «Ce sont de veilles personnes qui étaient sur le point de mourir qui m’ont transmis leur savoir.» Pas la peine d’essayer de percer le mystère de ce secret trop bien gardé. «Éna dimounn krwar mo éna pouvwar, mé li pa vré. Laola ki désidé.»

Entre deux phrases mystiques, deux trois thèses scientifiques et un sourire pensif, Marcel se livre davantage. Il se souvient de la fois où il a aidé cette dame à retrouver l’usage de la parole. Ou de cette voisine qui avait une maladie «grave» est qui s’en est sortie. «Mais je veux que ça soit clair. Je ne fais pas de la concurrence aux médecins. J’aide tout simplement à soulager les gens quand je peux.» Est-ce qu’il soulage également leur porte-monnaie ? «Non, je ne réclame pas d’argent. Ils me donnent ce qu’ils peuvent.»

Dans le salon sans prétention, le canapé et le lit côtoient une micro-télé, un ventilateur qui a fait son temps, des hautparleurs d’un autre temps. C’est dans cette pièce qu’il reçoit ceux qui font appel à ses doigts de fée. Qu’il utilisait autrefois pour faire la cuisine. L’ancien chef a travaillé sur des bateaux qui transportaient des marchandises. Il continue d’ailleurs à faire le traiteur quand on fait appel à lui. Intermède musical. «J’ai eu la chance d’apercevoir Lata Mangeshkar au cours d’une soirée. J’étais ému.»

Ce qui le touche aussi, c’est la reconnaissance et le respec des «patients». Ceux qui, un jour ou l’autre, sont passées entre ses mains expertes. Qui font disparaître les douleurs, même celles qu’il a lui-même au genou. «Sa linn kasé kan ti pé zwé football. Set lopérasion inn fer. Dokter ti pé dir pou bizin mars ar béki, mé mo rési évit sa. Mo mont bisiklet tou.»

Sinon, Marcel est aussi Madame Kwok à ses heures perdues. De même qu’analyste politique. «Bolom pé rod fer so garson vinn Prémié minis. Pa pou kapav arivé sa. Parski dimounn pa pou dakor. Pa pou arivé mo dir ou.»

Qu’en est-il de son avenir à lui ? «Je vais continuer à mener ma barque, à aider les gens à aller mieux.» En attendant, il observe son «pié bred mouroung» avec amour. «Tou dimounn dan landrwa inn déza gouté sa. Si ti éna, mo ti pou donn zot inpé, bon pou lasanté sa.» À la place, on a droit à des feuilles de menthe.