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Special Education Needs : dans le monde des petits «surdoués»

12 novembre 2016, 20:06

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Special Education Needs : dans le monde des petits «surdoués»

Alors que le ministère de l’Éducation veut réaliser un document stratégique pour les «Special Education Needs» afin d’offrir une éducation de qualité à tous, «l’express» s’est intéressé aux enfants dits «surdoués».

Permettre à tous d’accéder à une éducation de qualité qu’importe leurs capacités. C’est ce à quoi aspire le ministère de l’Éducation en proposant d’élaborer un document stratégique pour le secteur des Special Education Needs. Cela, dans le cadre de l’introduction du Nine-Year Schooling. Mais qu’en est-il du quotidien d’enfants à besoins spéciaux, dits «surdoués» ? Incursion.

Pour nous éclairer sur le sujet, nous nous sommes tournés vers la Fondation enfants doués (FED) qui œuvre pour cette catégorie de personnes. Déjà, souligne Isabelle d’Abbadie-Di Betta, présidente de la fondation, il faut savoir que le mot «surdoué» n’est pas forcément le terme le plus approprié pour qualifier ces enfants. «Il est plus adéquat de les appeler enfants à hauts potentiels intellectuel et émotionnel (EHPIE), autrement dit, intellectuellement précoces», affirme-t-elle. D’ajouter que c’est une manière d’éviter la notion de «supériorité» que peut impliquer ce vocable

D’après la FED, ce qui différencie les EHPIE des enfants à profils classiques, c’est leurs fonctionnements cognitif et émotionnel, ainsi que leur manière de vivre leurs expériences sociales et scolaires. Dès leur plus jeune âge, ils se distinguent des autres à travers un langage développé comprenant un vocabulaire précis, une curiosité insatiable et une capacité d’assimilation rapide, explique Isabelle d’Abbadie-Di Betta. Elle indique que les EHPIE sont généralement hypersensibles, empathiques et plus expressifs émotionnellement. «Beaucoup se posent des questions existentielles relatives, par exemple, à la mort ou la spiritualité», précise-t-elle.

Dans le cadre du reportage, nous avons rencontré quelques-uns de ces enfants. Kevin*, qui a rejoint la FED en septembre de cette année, est un enfant à très haut potentiel. Le garçon de 11 ans confie qu’il ne se sentait pas bien à l’école qu’il fréquentait, car les instituteurs répétaient certaines choses et cela l’ennuyait. Selon Isabelle d’Abbadie-Di Betta, c’est justement dû au fait que les EHPIE peuvent rapidement assimiler les informations. «Ils ont tendance à comprendre une leçon dès la première fois et la répétition peut donc finir par les agacer», explique-t-elle.

À 13 ans, Hans* a, lui, un haut potentiel mais également un trouble du déficit de l’attention/hyperactivité. Il avait été mis sous calmant lorsqu’il était scolarisé dans une école classique. À présent à la FED, il avoue ne plus se sentir différent des autres enfants. «Les médicaments que je prenais auparavant me rendaient somnolent et j’étais toujours fatigué», dit-il. Dorénavant, il n’en prend plus. D’ailleurs, Hans affirme qu’à la fondation, il a la possibilité d’avancer à son rythme.

Étant hypersensibles, les émotions de beaucoup d’EHPIE peuvent s’amplifier, atteste Isabelle d’Abbadie-Di Betta. C’est le cas de Melanie*, une fillette de dix ans à haut potentiel.

«Vivre les choses intensément»

 «Je tends à vivre les choses intensément, confie-t-elle. Parfois une chose simple peut facilement devenir complexe pour moi.» Selon la présidente de la FED, les EHPIE ont généralement une pensée analogique qui les mène à faire des liens entre toutes choses.

Vous l’aurez compris, tous les EHPIE ne partagent pas le même profil. Certains sont à haut potentiel, avec un QI supérieur ou égal à 130, et d’autres sont pourvus d'un très haut potentiel, étant dotés d’un QI qui atteint ou dépasse le score de 145.

Comment repérer ces enfants ?

Au-delà des signes révélateurs, il faut soumettre l’enfant ou l’adolescent à un test psychométrique (QI) pour déceler une éventuelle précocité intellectuelle et émotionnelle, explique la présidente de la FED. «Généralement, ces enfants obtiennent un résultat supérieur à 130, alors que la moyenne se situe entre 90 et 110», déclare Isabelle d’Abbadie-Di Betta.

«Cela dit, le test ne permet pas d’identifier certaines catégories d’enfants doués, dont ceux qui ont des troubles associés, tels que la dyslexie ou un trouble de déficit de l’attention/ hyperactivité», poursuit-elle. Dans ce cas, notre interlocutrice indique qu’un diagnostic peut être fait à partir d’une observation clinique d’un spécialiste du sujet ou un consensus de professionnels.

Selon Isabelle d’AbbadieDi Betta, il faut effectuer le test de QI le plus tôt possible, soit à partir de deux ans et demi. «Trop d’attente peut compliquer l’identification pour les professionnels (enseignants ou psychologues) non spécialisés car l’on trouve différents profils en fonction du contexte familial, social, scolaire et culturel dans lequel auront évolué ces enfants», mentionne-t-elle. La présidente déclare, de plus, que certains ont une telle capacité d’adaptation qu’ils arrivent à occulter totalement leur identité et vont même jusqu’à l’inhibition intellectuelle, afin de ne pas être rejeté.

Comment peut-on les aider ?

Pour que les EHPIE puissent mieux s’épanouir, certains étant sujets à différents problèmes, comme l’échec scolaire, Isabelle d’Abbadie-Di Betta donne quelques conseils aux parents. Elle recommande d’approfondir le sujet en lisant au moins un ou deux livres et de se remettre en question ainsi que certains principes éducatifs classiques. Elle les incite aussi à expliquer à l’enfant sa différence et à le reconnaître comme tel. À ne pas brider sa soif de connaissance mais aussi à le soutenir face à ses difficultés. «Avoir des moments entre enfants ‘doués’ est également important.»

Isabelle d’Abbadie-Di Betta déplore le fait qu’il n’y ait pas de spécialistes du domaine à Maurice. «Toutefois, les choses avancent petit à petit.» La FED a, quant à elle, été en lien avec 400 familles, toutes communautés confondues, depuis sa création en 2012. Son principal but est d’accompagner les EHPIE et de promouvoir leur mieux-être. La fondation a d’ailleurs un groupe d’études, Hélios, qui est une alternative scolaire à une vingtaine d’EHPIE de sept à 15 ans depuis 2013.

 

*Prénoms fictifs