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Substances illicites: «La drogue de synthèse se prépare aussi facilement qu’une rougaille»

29 octobre 2016, 21:15

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Substances illicites: «La drogue de synthèse se prépare aussi facilement qu’une rougaille»

Herbes séchées, feuilles de manguier, dissolvant de vernis à ongles… Ce sont là quelques-uns des ingrédients qu’on utilise pour fabriquer les drogues de synthèse, selon un ex-dealer. Incursion dans l’univers qu’il a fréquenté auparavant.

Strawberry, Wasabi, C’est pas bien, Bat dan latet… Fabriquer ces drogues de synthèse, c’est simple comme bonjour. Leur préparation ne requiert pas plus d’efforts que celle d’une rougaille. Du moins, c’est ce que nous confie un ex-dealer de 25 ans,  auparavant un habitué des laboratoires clandestins.

L’express est allé à la rencontre de ce jeune homme dans un faubourg de la capitale, mercredi soir. C’est dans un «antre» qu’il nous reçoit, tout juste derrière sa maison ; un espace de stockage reconverti en fumoir.

Selon lui, l’ingrédient principal nécessaire à la préparation de la drogue synthétique n’est autre que des herbes séchées qu’on retrouve facilement dans les supermarchés. Puis, il nous faut, dit-il, du dissolvant de vernis à ongles, du phosphore rouge présent sur le bout des allumettes ou encore des «fey mang».

L’ancien dealer avoue n’avoir jamais «cuisiné» de la drogue de synthèse, mais il connaît le procédé. «Zis bizin mélanz tou ansam avek bann herbes de Provence. Sofé, apré les sek. Roul li, fimé», explique-t-il. «Ou vwazin kapav pé fabrik ladrog sintétik dan so lakwisinn, zamé ou pou koné

Le jeune homme révèle ensuite l’utilisation d’un autre ingrédient mystère. «Sé enn spray. Li koumadir baygon koumsa, mé pa koné ki éna ladan», souligne l’ex-dealer. D’ajouter que ce spray doit toutefois être importé.

Par ailleurs, notre interlocuteur dévoile qu’il a fréquenté plusieurs «grosses têtes» qui ont effectué une formation universitaire. En effet, il relate avoir connu un fabricant détenteur d’un Bachelor of Arts en marketing et un autre qui gérait autrefois un restaurant.

Qu’est-ce qui les motive ? «L’appât du gain», lâche le jeune homme. «Un fabricant peut facilement se faire entre Rs 10 000 et Rs 13 000 par jour avec de la  drogue synthétique

Interrogé, un travailleur social bien intégré dans le milieu nous fait comprendre, pour sa part, que l’iode serait aussi utilisé dans la confection de drogue de synthèse. De préciser qu’une formation n’est nullement nécessaire pour celle-ci. «Le fabricant que je connais a 16 ans et il est encore à l’école

 

Au cœur des transactions

<p>Il est 22 heures dans un quartier dit &laquo;chaud&raquo; du centre du pays. &laquo;<em>Bizin sanz kas, mo éna zis enn biyé Rs 1 000</em>&raquo;, lance un jeune consommateur de drogue synthétique à son ami. Ils sont tous deux à la recherche de petites coupures, le dealer n&rsquo;ayant pas le temps de changer leur monnaie. Ils se munissent alors d&rsquo;un billet de Rs 200 pour se procurer une dose de cette drogue de synthèse, soit de deux cigarettes.</p>

<p>&laquo;<em>Ki pé dir, korek ?</em>&raquo; lâche l&rsquo;un d&rsquo;eux à un homme fumant dans une ruelle. Tout de suite, quelqu&rsquo;un sort la tête d&rsquo;une maison située tout près. Comme pour veiller à ce qu&rsquo;il n&rsquo;y ait aucun de problème. Il n&rsquo;y en aura point. Puisque la transaction ne durera que le temps d&rsquo;une poignée de main. &laquo;Aila !&raquo; En un arrêt pour &laquo;<em>dir bonzour enn kamwad</em>&raquo;, les deux jeunes consommateurs ont échangé Rs 200 contre ce qui paraît être une minuscule parcelle de papier aluminium. Le contenu ressemble à des herbes de Provence, mais, en réalité, n&rsquo;est autre que du &laquo;<em>C&rsquo;est pas bien</em>&raquo;.</p>